Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
Vom Netzwerk:
Danilov.
    Le reste de la matinée fut consacré à ce que Zaïtsev et Medvedev appelaient « la pratique du terrain ».
    Viktor présenta le sujet aux volontaires en termes simples : la pratique du terrain n’est rien d’autre que l’art de la chasse, jusqu’à l’instant où l’on presse la détente. Savoir se déplacer en silence et sans être vu, telles sont les qualités les plus importantes qu’un tireur isolé doit développer.
    — L’œil, l’habileté au tir, ça s’améliore avec la pratique, mais manquer votre coup à trois cent cinquante mètres vous fera jamais tuer tant que l’ennemi sait pas où vous êtes…
    « Stalingrad ne ressemble pas aux forêts ou aux champs de blé de chez vous. C’est un énorme tas de briques, de béton et de métal. Chasser les Boches à Stalingrad n’a rien à voir avec chasser les écureuils par chez vous. Les écureuils ne ripostent pas. Pour tuer et survivre dans cette ville, il vous faudra apprendre de nouvelles façons de vous déplacer et de vous cacher. Vous devrez apprendre à utiliser les ruines et les cratères de bombe, à courir avec la tête quasiment au niveau des genoux. À ramper en traînant votre arme dans un sac derrière vous. Pour choisir son chemin dans les décombres, il faut un œil perçant et de la patience. Surtout — et vous le savez peut-être déjà si vous êtes vraiment chasseur —, vous devrez rester sans bouger pendant des heures avant que l’occasion de tirer se présente. Si vous passez à l’action trop tôt, vous le ferez peut-être pour la dernière fois…
    Medvedev et Zaïtsev firent monter les recrues du sous-sol au rez-de-chaussée de l’usine Lazur, où des pans de mur effondrés et des solives tombées du plafond s’enchevêtraient en une sorte de vaste terrain vague. Pendant quatre heures, les deux sous-officiers observèrent les volontaires rampant dans les décombres, tirant derrière eux un sac à fusil. Chaque fois qu’une tête ou une épaule apparaissait, Viktor s’écriait :
    — Pan ! Mort, le Russe ! Baisse-toi, nom d’un chien !
    Les soldats les moins grands parvenaient mieux à éviter de se faire repérer. Les plus costauds, comme Griasev ou le nouveau, Mikhaïlov, avaient du mal à se frayer un chemin. Pour mettre à profit ces différences et minimiser les risques, Zaïtsev divisa sa classe en deux équipes. Le groupe des « lièvres », placé sous sa férule, rassemblerait les soldats plus petits et plus minces, comme lui-même. Viktor aurait la responsabilité des « ours », hommes corpulents qui mettraient plus de temps à apprendre à se déplacer, mais qui possédaient une force physique supérieure.
    À la fin de la matinée, ils avalèrent un déjeuner de soupe, de pain et de thé. Les ours et les lièvres mangèrent en groupes séparés mais dans chacun d’eux circulèrent des bouteilles de vodka. Notes en main, Danilov rejoignit Zaïtsev.
    — Camarade, dis-moi ce que tu penses de nos nouveaux héros ? demanda-t-il en lui offrant une cigarette.
    — Les femmes, marmonna l’adjudant.
    — Tu es opposé à ce que des femmes fassent l’école de tireurs d’élite ?
    — Elles créeront des problèmes chez les hommes. Comme toujours.
    — Essaie donc de leur apprendre à créer plus de problèmes aux Allemands qu’à nous, suggéra Danilov en remisant ses notes. Tu comprends pourquoi leur présence est nécessaire ? Dans l’Armée rouge, des dizaines de milliers de femmes servent aux côtés des hommes, opératrices radio dans les bunkers, infirmières, servantes d’artillerie. Cette première unité de tireurs d’élite nous donne l’occasion de proclamer au monde que les nazis se font battre sur le champ de bataille non pas simplement par des hommes mais par tout le peuple russe, hommes et femmes confondus. L’ordre communiste ne fait pas de distinction de classe ou de sexe. Pense à l’effet sur les civils quand ils verront dans l’Étoile rouge une photo de leur sœur, armée et dangereuse. Même les Américains ne peuvent pas prétendre que leurs femmes aussi abattent des ennemis à coups de fusil.
    Zaïtsev aspira une bouffée de sa cigarette.
    — Ce qui me chiffonne, c’est surtout que tu as pris la décision sans me consulter. La prochaine fois, demandenous notre avis, à Viktor et à moi. En attendant, nous allons en faire des tueuses, de tes femmes.
    Si elles n’en sont pas déjà, pensa-t-il en s’éloignant. L’Arménienne Slepkinian, quoique lourde, se

Weitere Kostenlose Bücher