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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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fourni aux généraux assemblés des détails sur chaque unité rouge : leur provenance, et même les noms de leurs commandants.
    Ostarhild avait signalé que la Soixante-deuxième Armée du général Tchouikov s’était vu imposer par la Stavka, le haut commandement russe, une forte réduction de son approvisionnement en munitions. À quelles autres unités allaient les munitions ? Le matin même, pour le vingt-cinquième anniversaire de la Révolution bolchévique, Staline avait prononcé un discours étonnamment optimiste diffusé de Moscou par ondes courtes. Se référant à la bataille de Stalingrad, il avait eu cette formule mystérieuse : « Bientôt, nous aurons aussi quelque chose à fêter. »
    S’appuyant en partie sur les observations de Nikki Mond, Ostarhild avait présenté à ses chefs un tableau saisissant de la phase présente de la bataille. L’assaut contre Stalingrad avait éclaté en une multitude d’affrontements violents, très localisés. Les Allemands, attaquant en petits groupes, parvenaient parfois à s’emparer d’un pâté de maisons en ruine, voire à atteindre la Volga dans le quartier des usines ou ses environs. Une fois retranchées, les unités du Reich se retrouvaient souvent coupées de leurs lignes par les Russes, qui reprenaient les étroits corridors par lesquels les Allemands avaient percé. On ne pouvait plus secourir les blessés ; les morts abandonnés sur place raidissaient dans des postures macabres. Les hommes perdaient tout espoir de survie personnelle. Ils continuaient à se battre mais, trop souvent, ils puisaient leur force dans l’alcool ou les amphétamines de contrebande. Ostarhild avait décrit ainsi le soldat allemand : pas rasé, épuisé par le manque de sommeil ou de répit, infesté de poux, rongé par la peur de passer un autre hiver russe à se battre, et ayant perdu tout sens de l’objectif supérieur du Reich. Selon les termes d’un correspondant de guerre cité par le lieutenant : les soldats n’étaient plus animés maintenant que par cette « ultime obsession : se jeter à la gorge l’un de l’autre ».
    La position russe dans la ville était également périlleuse. Les Soviétiques s’accrochaient désespérément à un réduit sans cesse plus petit s’étendant sur cinq kilomètres. À certains endroits, la rive du fleuve ne se trouvait plus qu’à une centaine de mètres derrière eux. En plus d’un manque de munitions et d’un taux de pertes extrêmement élevé, un autre problème menaçait les Russes : la Volga, seul lien de l’Armée rouge avec ses lignes de ravitaillement, devenait rapidement non navigable. Les énormes blocs de glace venus du nord que le fleuve charriait chaque année commençaient à encombrer le cours du fleuve, mais la Volga ne serait pas complètement gelée avant quelque temps, et la couche de glace ne serait assez épaisse pour permettre le passage de camions que d’ici quatre à cinq semaines. En attendant, les renforts et le ravitaillement seraient sévèrement réduits, voire totalement interrompus.
    Les généraux avaient alors demandé au jeune lieutenant si ce n’était pas le moment, dans ces conditions, de lancer une grande offensive. Ostarhild avait prévu la question et savait qu’il ne pouvait y répondre franchement. La vérité ne correspondait pas à ce que l’état-major voulait entendre ni à ce qu’il était prêt à transmettre au général von Paulus, commandant de la Sixième Armée. Au fond de lui-même, Ostarhild sentait que les simples soldats étaient maintenant trop désorganisés, trop transis dans l’ombre de leur destin fatal, pour participer efficacement à un nouvel assaut d’envergure. En sa qualité d’officier des services de renseignements, il avait censuré des centaines de lettres que les hommes envoyaient à leurs familles. Sans exception, ils s’y lamentaient sur le peu de chances qu’ils avaient de rentrer vivants en Allemagne. Le haut commandement avait ordonné que ces lettres soient interceptées : il ne fallait pas démoraliser l’arrière par ces propos défaitistes.
    Au lieu d’exposer aux généraux la vérité toute nue, Ostarhild avait parlé prudemment, choisissant des termes qui conviendraient à leurs oreilles. Le soldat allemand se battra avec courage, quelle que soit sa mission, avait-il assuré. Mais il fallait agir rapidement avant que les circonstances ne deviennent défavorables. Le lieutenant avait gardé pour lui sa crainte

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