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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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une remise, mais plus à cause de sa fatigue que du confort des lieux.
    Thorvald reposa le miroir, se frotta l’estomac à deux mains. Sa peau blanche restait criblée des pieds à la tête des taches de rousseur de l’enfance. Les épaules et la poitrine étaient douces. Une couche de graisse enrobait les lignes de ses muscles. Sa taille semblait faire la moue comme une bouche avançant une lèvre.
    Il se tapota le ventre, le secoua comme pour lui annoncer qu’il allait lui offrir dans quelques minutes du pain et de la confiture tirés de son sac. Il prit le treillis qu’Ostarhild lui avait envoyé à sa demande, l’enfila.
    Une caisse en bois ouverte reposait au pied du lit de camp. Le colonel tira de la paille le sac en toile contenant le nouveau Mauser Kar 98K. Il sortit l’arme du sac, ôta le papier huilé dont on l’avait enveloppée à l’usine. L’odeur de graisse et d’huile était aussi agréable pour lui que celle du café matinal.
    Thorvald démonta le fusil, plaça les pièces — fût, culasse, détente — dans un bain d’eau savonneuse chaude. Il secoua le sac en toile pour en faire tomber poussière et brins de paille, l’étendit en travers du lit. Après avoir essuyé les pièces du fusil avec des chiffons propres, il posa chacune d’elles sur le sac et enduisit le métal d’une fine couche d’huile. Puis il tint le canon devant la fenêtre pour en inspecter l’intérieur, repéra une poussière, chameau solitaire dans un désert par ailleurs parfait. Il la fit disparaître avec un écouvillon, examina de nouveau le canon et le remit sur le sac.
    Après avoir remonté l’arme, il se lava les mains, ôta le treillis taché de graisse et le jeta dans un coin. De son sac, il tira des vêtements qu’il disposa sur le lit et commença à s’habiller lentement, enfilant d’abord ses sous-vêtements d’hiver. Il savourait la chaleur que procurait aussitôt chaque article : chaussettes en coton noir, culotte de laine vert-de-gris, pull à col roulé et à torsades, hautes bottes fourrées. Enfin, il sortit du sac une parka molletonnée réversible, verte d’un côté, blanche de l’autre, vérifia que ses moufles se trouvaient dans les poches. Il déroula un pantalon à cordon, réversible également, le lança sur le lit à côté de la parka.
    Après avoir dégusté trois tranches de pain de seigle noir recouvertes de confiture de cerises, il prit dans un petit sac en peau de chamois sa lunette Zeiss à grossissement 6 et réticule en croix, la fixa sur le fusil.
    Il enfila le pantalon et la parka, côté blanc à l’extérieur. Habillé et rassasié, il frotta de la main les poils blonds couvrant son menton. À l’opéra, on s’interrogera sur cette barbe, pensa-t-il. Je dirai que je l’ai laissée pousser pendant une mission sur le front Est.
    Il sortit dans le couloir avec le Mauser et une boîte de cartouches. En passant devant le bureau d’Ostarhild, il jeta un coup d’œil à l’intérieur, découvrit que le lieutenant était absent. Il remarqua que le poêle et le pot à café avaient disparu également.
    Dehors, les premières taches charbon de bois de l’aube coloraient le ciel. Le temps sera très couvert aujourd’hui,
prédit-il. Tant mieux, il fera moins froid : les nuages retiennent la chaleur.
    Il ne compta que dix soldats sur la place, en face du grand magasin, et dans les rues avoisinantes. Aucune voiture, aucune motocyclette ne brisait le silence matinal. Il se demanda pourquoi il n’y avait pas plus d’animation, conscient toutefois de ne pas être familier de la conduite d’une guerre. En fait, il ignorait ce qui se déroulait à une plus grande échelle, hors du cadre étroit de son réticule.
    Heinz Thorvald avait toujours joué un rôle très particulier dans l’armée allemande. Il avait été un tireur d’élite couvert de récompenses, un Scharfschütze doué, dès le jour où il avait endossé l’uniforme noir et argent de capitaine de SS, à vingt-sept ans, en 1933.
    Avant son quinzième anniversaire, Heinz était un jeune champion de tir dans son Berlin natal. Son père, le baron Dieter von Zandt Thorvald, fusil réputé dans les forêts du sud du pays, avait un jour chassé le canard et la caille avec le maréchal Hindenburg en personne. Heinz appartenait par sa mère au clan richissime des industriels Krupp, propriétaire de chasses dans toute la Bavière, et dès son jeune âge il fut salué comme un phénomène d’adresse au fusil de

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