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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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G.P.U. » de service un sac de farine gratuit s'il ne remarquait pas notre absence à l'appel du lendemain. Il ricana, murmura quelque chose au sujet des « belles filles ». Je n'essayai pas de le faire changer d'opinion, et demandai, au moulin, deux jours de permission pour rendre au commissaire je ne sais plus quel service fictif. Dans un sac vide, j'entassai tout l'argent que j'avais gagné au marché noir, puis sortis calmement de la ville et marchai vers le lieu de notre rendez-vous.
    Je marchai sans la moindre pause pendant à peu près vingt-quatre heures. Quand je me laissai finalement glisser dans un fossé, j'étais si claqué que je m'endormis instantanément. Il n'existe pas au monde de paysages plus monotones que les paysages russes. Les chemins ruraux sont longs, sinueux, simplement faits de terre et de cailloux. De tous côtés, la steppe, la steppe à perte de vue. En fait d'êtres vivants, un oiseau, de loin en loin. Quatre-vingts ou cent kilomètres entre deux villages... Enfin, une ligne de chemin de fer, probablement celle de Gorki à Saratov. 
    Epuisé, je m'allongeai sur le remblai et luttai contre le sommeil. Un soleil cuisant et pas trace d'ombre. La soif ne tarda pas à me torturer. Des papillons noirs volaient devant mes yeux. Je n'avais même plus sommeil. J'avais dépassé ce stade. J'étais mort, indifférent au temps qui s'écoulait, à peine sensible aux protestations de mon corps surmené, déshydraté. Une seule émotion humaine, invraisemblable, surgie du fond de ma léthargie : j'avais envie d'une femme. Je ne reverrais jamais Ursula. Je crois que je finis par sangloter, trépigner et maudire le sort, la providence, Dieu ; bref, ce furent des heures épouvantables, interminables et misérables que je passai sur la pente de ce remblai, dans l'attente d'un train, quelque part entre Gorki et Saratov.
    Le premier qui passa était un train de marchandises roulant à bonne vitesse. Tu vas grimper dans ce train, même si tu dois te casser le cou, le prochain ne passera peut-être pas avant des heures et des heures ! Dès que la locomotive eut filé devant moi, je pris ma course sur le ballast, terrifié à l'idée de buter sur une pierre et de tomber sous ces roues grondantes. J'empoignai la main courante d'un wagon ouvert. Trois fois, quatre fois, je tentai de me hisser, de me décoller du sol, et ratai mon coup. Des idées folles me transperçaient la tête. Tout lâcher. Laisser traîner mes jambes. Et puis, brusquement, je piquai une crise de rage, serrai des dents et sautai. Un instant plus tard, j'étais en sécurité, sur le plateau du wagon, et me glissais à l'intérieur de la charrette recouverte d'une bâche qu'il transportait.
    Un visage blafard apparut soudain au-dessus du bord de la charrette. A demi mort de terreur, je le regardai droit dans les yeux, l'espace d'un instant, avant de pouvoir me remémorer l'existence du pistolet que j'étais également parvenu à me procurer. Je le tirai de ma poche et le fourrai sous le nez de l'apparition qui ferma les yeux et gémit :
    — Jetzt ist alles aus !
    — Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? T'es allemand ?
    J'abaissai mon arme, stupéfait, et là-dessus, un deuxième type émergea lentement de sous la bâche.
    Ils s'étaient évadés d'un camp de prisonniers de guerre situé à plus de cent cinquante kilomètres au nord d'Alatyr. Ils avaient été quatre, au départ, mais l'un d'eux était tombé sous les roues du train, l'autre avait sauté tout droit dans les bras d'un trio de soldats russes.
    Carte en main — je l'avais volée avant de quitter le camp — nous fûmes d'accord pour déclarer que nous ne devions pas aller plus loin que Saratov dans la direction de la mer Caspienne. Le mieux serait de chercher à gagner le bassin de la Volga, au nord-ouest de Stalingrad, où nos troupes se trouvaient à présent. Mes deux "compatriotes" avaient été ramassés quatre mois plus tôt, à Maïkop, et depuis ce temps-là, les armées allemandes avaient encore progressé vers la Volga.
    A Saratov, nous quittâmes notre train pour tâcher d'en trouver un autre plus favorable à nos désirs, au cas où celui-ci continuerait sa route dans la mauvaise direction. Nous tombâmes sur des caisses de poisson cru et mangeâmes tout notre saoul. Le poisson cru n'a rien de répugnant. Il suffit d'avoir atteint le degré de fringale convenable. Quelques chats étiques se disputèrent les reliefs de ce festin, et les trois derniers

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