La naissance du roi Arthur
battre en retraite
tandis que Casswallawn célébrait sa victoire. Malheureusement, Ninnyaw, qui
avait été blessé au cours des combats, mourut quelques jours plus tard, et
Casswallawn en fut grandement affligé.
Cependant, Julius Caesar ne voulait pas rester dans
l’amertume de la défaite. Deux années après ces événements, il rassembla une
flotte encore plus importante, et, pour venger son échec précédent, il reprit
la mer. Casswallawn, averti par ses espions, se mit en devoir de fortifier
grandement le pays, hérissant chaque sommet de citadelles inexpugnables et
appelant tous ses vassaux pour chasser les envahisseurs de l’île de Bretagne.
Il fit également dissimuler sous les eaux, dans la Tamise, des pieux ferrés
destinés à éventrer les navires des ennemis. Ceux-ci, s’étant engagés dans
l’estuaire, furent en grande partie détruits et les soldats romains qui s’y
trouvaient se noyèrent dans les eaux du fleuve. Une seconde fois, Julius Caesar
dut battre en retraite et revenir sur le continent. Pour fêter cette deuxième
victoire, Casswallawn fit célébrer un grand triomphe au cours duquel on offrit
de grands sacrifices aux dieux : quarante mille vaches, cent mille brebis,
des volatiles innombrables et trente mille bêtes sauvages de toutes espèces.
Lorsque le sacrifice fut achevé, on se partagea la chair des victimes au cours
d’un festin qui dura trois jours et trois nuits et où coulèrent à flots la
bière et l’hydromel. Et la gloire de Casswallawn ne faisait que grandir, non
seulement chez les Bretons, mais aussi chez tous les peuples d’alentour.
Malheureusement, les deux fils de Lludd, neveux de
Casswallawn, supportaient très mal que celui-ci eût pris le pouvoir et le
gardât. Un jour, au cours d’une dispute, l’un des parents de Casswallawn fut
tué par un familier d’Arvarwy, fils de Lludd. Casswallawn réclama immédiatement
qu’on lui livrât le meurtrier pour qu’il fût châtié. Arvarwy refusa
catégoriquement et en profita pour dénoncer son oncle comme un usurpateur.
Furieux, Casswallawn menaça Arvarwy de mettre ses domaines à feu et à sang.
Alors Arvarwy envoya des messagers vers Julius Caesar pour lui exposer sa
situation et lui demander de l’aide. Julius Caesar fut ravi de cette occasion
qui se présentait d’effacer le souvenir de sa cuisante défaite : il réunit
des troupes et des navires et débarqua de nouveau dans l’île de Bretagne.
Surpris à l’improviste, sans avoir eu le temps de se préparer, Casswallawn fut
vaincu au cours d’une sanglante bataille et dut se résoudre à demander la paix.
Aussi, Julius Caesar imposa un tribut de trois mille livres d’argent et, après
avoir hiverné dans l’île, il regagna la Gaule au printemps suivant.
Mais Casswallawn n’en avait pas perdu pour autant son
prestige, et l’un de ses vassaux, du nom de Mynach Gorr, vint un jour se
plaindre à lui parce que sa fille, prénommée Fleur, avait été enlevée par
Arvarwy et livrée par lui à Julius Caesar qui l’avait emmenée sur le continent.
Casswallawn répondit à Mynach qu’il le vengerait et qu’il irait lui-même
réclamer la jeune Fleur. Il rassembla une nombreuse troupe guerrière et, avec
celle-ci, il débarqua en Armorique, livrant bataille aux Romains. Il fut assez heureux
pour mettre ceux-ci en fuite et il les poursuivit jusqu’en Gascogne. Alors, il
délivra la jeune Fleur et revint en l’île de Bretagne où il régna encore
pendant sept années, ne payant jamais le tribut exigé par Julius Caesar.
Casswallawn fut enterré dans la cité d’Évrawc (York), et son
neveu Tegvan, fils de Lludd, lui succéda, et après lui son fils Cynfelyn [31] ,
au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et il y eut de grands troubles et de
grandes guerres dans l’île de Bretagne : car les Romains, une fois de
plus, voulurent s’emparer du royaume et, pour y parvenir, envoyèrent dans l’île
de nombreuses expéditions. Mais Cynfelyn résista pendant de longs mois,
harcelant les cohortes romaines isolées, brûlant les forteresses et les
villages de façon à ce que l’ennemi fût privé de tout ravitaillement. Et dans
cette lutte, Cynfelyn fut puissamment aidé par son fils Caradoc [32] .
Caradoc était roi du pays d’Essyllwg, et sa bravoure était
telle que tous les Bretons s’entendirent pour lui donner le titre de
« chef de guerre ». À la tête de cavaliers expérimentés, Caradoc
battit de nombreuses fois les Romains ;
Weitere Kostenlose Bücher