La naissance du roi Arthur
forêts, donna le signal de la révolte, et tous ceux qui avaient eu à
souffrir des Romains se rangèrent derrière elle. Bientôt des troupes bretonnes
se jetèrent sur les colonies de vétérans que les Romains avaient installées aux
quatre coins de l’île. Ayant pris deux villes, Boadicée y fit un immense
carnage. On alla même jusqu’à pendre nues les femmes romaines qu’on y pouvait
trouver, après leur avoir coupé les seins et les avoir cousus sur la bouche,
afin de les voir pour ainsi dire les manger. Après quoi, elles furent empalées
pendant que les vainqueurs se livraient à des orgies sacrées dans leurs temples
en plein air, principalement dans le bois sacré consacré à Andrasta, qui est le
nom que les Bretons donnaient à la Victoire.
Ce déchaînement de violences provoqua la colère des Romains
qui décidèrent d’en finir une fois pour toutes. Suetonius engagea la totalité
de ses troupes dans une bataille qu’il savait être décisive. Ayant appris que
la reine Boadicée se dirigeait, avec une nombreuse troupe, vers la Tamise, il
posta sa propre armée autour d’un défilé que les ennemis devaient
nécessairement emprunter. Les forces romaines étaient composées uniquement de
cavaliers bien entraînés et de quelques cohortes de fantassins, tandis que les
troupes bretonnes comportaient un grand nombre de chars sur lesquels se
trouvaient d’ailleurs les femmes des guerriers, prêtes à combattre aux côtés
des hommes et animées d’une fureur extraordinaire. Quand les Bretons furent
engagés dans le défilé, Suetonius en fit interdire l’entrée et la sortie, de
telle sorte qu’avec très peu d’hommes les Romains eurent immédiatement
l’avantage sur leurs adversaires. La bataille fut terrible. Boadicée tenait ses
deux filles devant elle, sur son char. À mesure qu’elle passait devant les
guerriers des différents peuples qui composaient son armée, elle les exhortait
au combat, prenant les dieux à témoin que les Romains ne respectaient rien, ni
la vieillesse, ni la jeunesse, ni les engagements qu’ils avaient pris
autrefois, et hurlant que ces mêmes dieux exigeaient un juste châtiment contre
ces sacrilèges qui prétendaient imposer leur loi à des peuples libres. Et elle
les avertissait qu’il n’y avait pour eux que deux issues, la mort dans
l’honneur et la liberté, ou la victoire qui débarrasserait à jamais l’univers
d’une race belliqueuse et parjure.
Mais la position de Boadicée était intenable. Peu à peu, les
Bretons furent massacrés, et les Romains n’épargnèrent ni les femmes ni les
chevaux. Boadicée, sur le point d’être rejointe, absorba un poison violent qui
la fit périr immédiatement, frustrant ainsi ses ennemis de sa capture [34] .
Mais c’en était fini de la résistance bretonne. Les druides avaient été
massacrés ou étaient pourchassés. Les rois de Bretagne avaient été vaincus, par
les armes ou par la trahison. Rome triomphait. Et, venus d’Orient, des
missionnaires répandaient d’étranges paroles à propos d’un homme qui se disait
fils de Dieu et qui était mort, de la façon la plus ignominieuse qui fût, sur
la croix des larrons et des séditieux, d’un homme qui, le troisième jour après
sa mort, serait apparu à ses disciples et les aurait envoyés enseigner les
peuples du monde. Le temps des druides et des rois était maintenant dépassé, et
l’île de Bretagne s’endormait dans la torpeur et les brouillards qui
surgissaient de la mer…
CHAPITRE III
La V éritable H istoire du
Saint-Graal
Au commencement du monde, alors qu’Adam et Ève vivaient au
Jardin d’Éden, parmi des fleurs qui ne fanaient jamais, sous l’ombre d’arbres
qui donnaient des fruits toute l’année, il y eut de grandes tribulations dans
le Ciel à cause de Lucifer, le Porte-Lumière, le plus bel archange que jamais
Dieu eût créé. Imbu de sa grande lumière et pénétré d’orgueil, il se révolta
contre son Créateur, et celui-ci, pour le châtier, le condamna à séjourner dans
les abîmes les plus ténébreux de l’univers. Et Lucifer tomba pendant des
siècles et des siècles, entraînant avec lui les anges qui avaient pris fait et
cause pour lui et qui s’étaient dressés eux aussi contre la volonté divine. Et,
pendant cette chute, la grande émeraude qui ornait le front de Lucifer se
détacha de lui elle était trop pure, trop lumineuse, trop porteuse d’espérance,
pour suivre l’archange dans ses ténèbres.
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