La naissance du roi Arthur
se réunirent pour délibérer sur le choix de son
successeur. Constant avait deux frères, Emrys et Uther, mais ils étaient trop
jeunes pour régner. Il ne restait guère que la solution de donner la couronne à
Vortigern, un homme capable et qui saurait conduire les Bretons à la victoire.
Vortigern fut donc élu à l’unanimité et, avec une feinte modestie, il déclara
qu’il acceptait d’être le roi pour le bien de tous et la sauvegarde du pays.
Mais les deux hommes qui avaient la garde des deux jeunes
frères de Constant, et qui assistaient à la délibération, comprirent que
l’avenir serait incertain et sans doute tragique pour les deux enfants dont ils
avaient la charge. « Dès que Vortigern sera roi, il fera sûrement tuer nos
deux protégés. Or, nous avons beaucoup aimé leur père, le roi Constantin, et
celui-ci nous a comblés de bienfaits. Tout ce que nous avons, c’est à lui que
nous le devons. Nous serions donc bien mauvais et bien ingrats si nous
abandonnions ses fils au sort qui leur est réservé. Il n’y a pourtant aucun
doute : dès que Vortigern sera roi, il voudra les faire tuer avant qu’ils
ne soient en âge de revendiquer le royaume qui leur appartient de droit. »
Et les deux hommes décidèrent alors de partir, avec leurs protégés, dans un
pays étranger, du côté de l’orient, afin de les soustraire aux agissements de
Vortigern.
Vortigern fut donc investi de la royauté. Mais les douze
assassins de Constant revinrent le trouver. Il se comporta avec eux comme s’il
ne les avait jamais vus. Alors ils l’assaillirent de reproches, lui rappelant
que c’était grâce à eux qu’il était devenu roi. Lorsque Vortigern les entendit
parler du crime qu’ils avaient commis, il les fit aussitôt saisir. Il leur
dit : « Vous venez d’avouer votre crime, et ce crime est
impardonnable. Vous n’aviez aucun droit de tuer le roi, et je suis sûr que vous
en feriez de même envers moi si l’occasion s’en présentait. En prononçant
publiquement ces paroles, vous vous êtes vous-mêmes condamnés à mort. »
Et, sans plus tarder, Vortigern ordonna de lier les douze meurtriers à douze
chevaux de façon qu’ils fussent écartelés.
Mais quand ils furent morts, les autres Pictes eurent une
entrevue avec Vortigern. « Tu as trahi l’alliance que nous avions conclue
avec toi, roi Vortigern, et tu t’es déshonoré en livrant nos amis à un supplice
aussi infamant qu’atroce. » Vortigern leur répondit que s’ils ajoutaient
un seul mot, il leur ferait subir le même sort, mais les Pictes se moquèrent
ouvertement de ses menaces et lui répondirent avec colère : « Roi, tu
peux nous menacer tant que tu veux, cela ne changera en rien notre
détermination. Sois bien sûr que nous te défions solennellement, au nom de tout
notre peuple. Nous pouvons t’assurer que, tant que nous aurons un homme à nous,
nous ne cesserons de nous battre contre toi et les tiens. Tu es breton, et nous
sommes des Pictes. Tu n’es donc pas notre souverain légitime, et tu as rompu
toi-même le traité dont nous étions convenus. Il te faudra mourir, Vortigern,
de la même sorte que celle que tu as infligée à nos amis, et ce sera une terrible
vengeance. » Là-dessus, ils prirent congé, laissant Vortigern en proie aux
plus sombres pressentiments.
Car ils mirent immédiatement leur projet à exécution,
ameutant les Pictes et les rassemblant pour former de grandes armées, et ils
commencèrent à envahir le royaume. Vortigern se sentit faible et désemparé
devant ces attaques, d’autant plus que les Pictes étaient de redoutables
guerriers, et que les Bretons commençaient à douter de la légitimité du roi
qu’ils avaient pourtant choisi. Vortigern vivait dans la crainte d’être
assassiné, non seulement par les Pictes, mais par ses propres sujets. Alors,
sans vergogne, il envoya des messagers vers ses anciens ennemis les Saxons pour
faire à ceux-ci des propositions de paix, faisant même dire qu’il souhaitait
conclure un pacte avec eux. Les Saxons avaient deux chefs fort respectés,
Hengist et son frère Horsa. Hengist était très ambitieux et d’une très grande
habileté manœuvrière. Il comprit tout de suite que Vortigern, malgré ses grands
airs, était dans un état de faiblesse dont il pouvait aisément tirer parti. Il
accepta ses propositions et promit de lutter contre les Pictes à condition de
recevoir des terres en toute souveraineté. Vortigern, qui ne voyait
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