La Prophétie des papes
Câest ainsi, en effet, que lâentrée dans le royaume éternel de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera pleinement accordée. Voilà pourquoi je prendrai soin de vous rappeler ces choses, bien que vous les sachiez et que vous soyez affermis dans la vérité présente. Et je regarde comme un devoir, aussi longtemps que je suis vivant, de vous tenir en éveil par des avertissements, car je sais que je la quitterai subitement, ainsi que Notre-Seigneur Jésus-Christ me lâa fait connaître. Mais jâaurai soin quâaprès mon départ vous puissiez toujours vous souvenir de ces choses. Ce nâest pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues, que nous vous avons fait connaître la puissance et lâavènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais câest comme ayant vu sa majesté de nos propres yeux. Car il a reçu de Dieu le Père honneur et gloire, quand la gloire magnifique lui fit entendre une voix qui disait : âCelui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui jâai mis toute mon affection.â Et nous avons entendu cette voix venant du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la sainte montagne. Et nous tenons pour dâautant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusquâà ce que le jour vienne à paraître et que lâétoile du matin se lève dans vos cÅurs. »
Lorsque Pierre eut terminé, Cornelius le prit à part et lâemmena dans le coin de la pièce à côté du poêle.
« De bien belles paroles, dit-il.
â Câest mon cÅur qui sâest exprimé, répondit Pierre.
â Tu as parlé de quitter ta vie terrestre. »
Pierre paraissait résolu. Une autre braise passa à côté de la fenêtre.
« Cela arrivera bientôt. Rome va être consumée par les feux de lâenfer et je crains que Néron ne cherche un bouc émissaire.
â Ils diront que câest nous, mais dâaprès certains, ce sont les lémures.
â Sans doute des superstitions », dit Pierre.
Cornelius baissa la voix.
« Je connais un homme qui jure quâil a vu un corps calciné dans les décombres du Circus Maximus et quâil avait une queue. »
Pierre haussa un sourcil.
« Si câest vrai, le mal est peut-être bien parmi nous.
â Tu devrais quitter Rome, insista Cornelius. Organisons ton retour vers Antioche.
â Non, dit Pierre. Je reste. Câest ainsi que cela doit être. Christ a souffert pour moi et, maintenant, câest mon tour de souffrir pour lui. Tu sais, Cornelius, ce quâils ne comprennent pas, câest quâen nous tuant ils nous rendent seulement plus puissants. Viens, mon ami, essayons dâaider nos frères. Et si le mal est là , affrontons-le. »
Â
Tigellinus retint le messager jusquâau matin. Il savait que Néron était dans une phase inspirée et quâil nâaurait pas apprécié dâêtre dérangé par des questions concernant lâEmpire. Par ailleurs, Néron avait eu connaissance de lâincendie avant quâil ait lieu, nâest-ce pas ? Malgré tout, le message du préfet de Rome devait être transmis et une fois que lâempereur eut été doucement réveillé par son secrétaire personnel, Ãpaphrodite, un lémure grec attentionné, il fut informé quâun contingent de prétoriens était arrivé de Rome porteur dâune importante nouvelle.
Après avoir été baigné et parfumé pendant une heure, Néron accueillit les soldats dans sa grande pièce de réception, accompagné de Tigellinus, Ãpaphrodite et son dévoué assassin, Anicetus. La lettre quâon lui tendit était succincte. Le Circus Maximus était détruit. Les quartiers sud de la ville étaient en flammes. Lâincendie était incontrôlable.
« Et que dois-je y faire ? » demanda Néron.
Câétait une question de pure rhétorique.
« Dois-je porter des seaux ? Voici certainement une affaire qui relève du préfet Sabinus. Câest son travail ! Le mien est de chanter ce soir au concours. On dit quâil y a un Thrace avec une voix magnifique, qui sera mon rival. Je ne peux pas décevoir mon
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