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La Prophétie des papes

La Prophétie des papes

Titel: La Prophétie des papes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Glenn Cooper
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exécuté exactement selon les instructions précises de Marlowe. Sa voix retentit :
    Â 
    Ã€ ce moment où l’ombre noire de la Terre,
    Voulant voir Orion à l’humide influence,
    De l’espace antarctique a jailli dans le ciel
    Et de sa sombre haleine en a terni la voûte,
    Tu vas, Faust, commencer tes incantations,
    Ã‰prouver des démons l’entière obéissance,
    Toi qui leur as donné sacrifice et prière,
    En ce cercle est inscrit le nom de Jéhovah,
    Anagrammatisé dans un sens puis dans l’autre,
    Avec en abrégé les noms sacrés des saints,
    La figuration des attributs célestes,
    Les signes du zodiaque et des astres errants,
    Grâce à quoi les esprits sont forcés d’apparaître.
    Donc, plus de crainte, ô Faust, montre-toi résolu
    Et pousse la Magie à son haut exploit.
    Â 
    Le public eut le souffle coupé lorsque Méphistophélès apparut dans une explosion de phosphore, vêtu de vert, avec tous les attributs du diable, les cornes et les ailes.
    Kyd chuchota à l’oreille de Marlowe.
    Â«Â Magnifique ! »
    Et Marlowe lui sourit, satisfait.
    La mise en scène se fit encore plus impressionnante à mesure que Faust, après avoir signé son pacte avec Lucifer pour échanger son âme contre vingt-quatre années sur Terre avec Méphistophélès pour serviteur, partit pour son voyage exploratoire.
    L’élocution puissante d’Alleyn, associée aux feux d’artifice et aux flammes, captivait le public. Lorsqu’arriva le moment pour Lucifer de réclamer sa prime, un dragon terrible, crachant le feu, émergea d’un nuage de fumée. Au-dessus, des diables échevelés se balançaient, attachés par des filins, avec des cierges magiques dans la bouche. Des tambours produisirent le grondement du tonnerre tandis que des accessoiristes lançaient des éclairs.
    Et vers la fin, avant d’être emporté en enfer, Faust se vit accorder son dernier vœu – voir de ses propres yeux la belle Hélène de Troie. Alleyn, de sa voix puissante, émut les spectateurs jusqu’aux larmes.
    Â 
    Ce visage ! C’est lui qui lança mille nefs
    Et qui brûla les tours sublimes d’Ilion !
    Hélène qu’un baiser me joigne aux Immortels !
    Â 
    Une fois que les applaudissements se furent calmés et que la foule se fut dispersée, la nuit était tombée et, avec elle, une brume rafraîchissante. Dans une ruelle derrière le théâtre, Kyd et Marlowe restèrent ensemble un moment.
    Â«Â Pourquoi dois-tu partir ? dit Kyd d’un ton boudeur. Viens avec moi au Mermaid. C’est un triomphe, Kit. Viens le fêter avec des amis.
    âˆ’ Il faut que j’aille voir des gens, dit Marlowe. Je te rejoindrai plus tard. Attends-moi là-bas, d’accord ?
    âˆ’ D’accord, si tu viens plus près. »
    Kyd l’embrassa, glissa une main dans son dos et caressa sa queue d’un geste sensuel.
    Â 
    Dans l’ombre, un homme seul les observa pendant un moment puis disparut sans un bruit dans la brume.
    Au palais de Whitehall, dans son bureau privé, Francis Walsingham versa à Marlowe et à Robert Cecil des verres de bon cognac français. Robert Poley était présent aussi, assis à côté du feu, une chope à la main, sombre et taciturne.
    On entendit frapper à la porte et le secrétaire privé de Walsingham annonça :
    Â«Â Il est là. »
    Marlowe ne s’attendait pas à rencontrer qui que ce soit d’autre. Curieux, il observa le petit homme, guère plus grand qu’un adolescent, qui franchissait le seuil. Il portait une longue toge noire d’académicien, qui traînait par terre. Son visage était flétri par les années et il possédait la barbe la plus remarquable que Marlowe ait jamais vue, blanche comme une oie des neiges, assez touffue pour pouvoir abriter un nid d’oiseaux et aussi longue que son visage. L’homme tenait contre lui une boîte marquetée et vernie de la taille d’une bible.
    Walsingham s’avança et, obséquieux, baisa sa main décharnée avant de demander : « Est-ce l’objet ?
    âˆ’ Oui », répondit l’homme en lui tendant la boîte.
    Walsingham la posa avec précaution sur son bureau, désigna Marlowe et

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