La Prophétie des papes
caisses quâelle se mit à escalader comme Elisabetta lâavait fait.
Mulej la regarda dâun air amusé.
« Que faites-vous donc là -haut ?
â Nâest-ce pas évident, espèce de gros porc ? dit-elle.
â Ce nâest pas gentil, dit-il. Descendez. Soyez donc plus aimable.
â Je vous emmerde.
â Si vous ne descendez pas, je vais devoir aller chercher mon arme et vous descendre. Ha ! ha ! »
Micaela continua à grimper. Une caisse instable bougea sous son poids. Elle sâempressa de monter sur la suivante, celle quâElisabetta avait ouverte. Elle sâassit sur le couvercle et fusilla Mulej du regard.
« OK, fit-il, en vacillant. Je vais revenir et je vais vous descendre.
â Non ! sâécria-t-elle. Ne partez pas !
â Pourquoi ?
â Persuadez-moi de descendre. Soyez plus gentil avec moi. »
Il parut troublé.
« Plus gentil ?
â Oui. Comme un vrai gentleman. Pas comme un salopard de violeur ! »
Micaela colla ses talons contre la caisse instable et poussa de toutes ses forces. La grosse boîte craqua, glissa et se mit à pencher.
Mulej regardait de ses yeux troubles, imbibés, un demi-sourire sur les lèvres, les poings sur les hanches. Soit il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer, soit il pensait quâil pourrait peut-être sâécarter dâun bond en une fraction de seconde.
La force de gravité fut la plus rapide. Et la caisse dégringola plus vite que Mulej ne lâavait anticipé.
Sa bouche sâouvrit, prête à articuler quelque chose, juste avant que la caisse ne lâatteigne, pulvérisant son visage et écrasant son grand corps sous un tas de morceaux de bois, de terre rouge et de squelettes de lémures.
Micaela descendit et essaya de trouver un bras ou une jambe qui appartenait à Mulej sous les décombres. Elle fouilla et trouva un poignet.
« Bien », dit-elle à haute voix lorsquâelle constata que son pouls ne battait plus.
Â
Elisabetta reprit conscience rapidement, mais il lui fallut plusieurs minutes pour retrouver ses repères.
Elle était allongée sur le côté au centre de la grande pièce. Le feu crépitait et craquait férocement. La grande télévision montrait toujours la foule qui avait envahi Saint-Pierre. Sa mâchoire lui faisait terriblement mal.
Où était Krek ?
Il y avait un poids sur elle.
Ensuite, elle sentit quâon la retournait sur le dos.
Une main se glissa sous ses robes et elle sentit le whisky dans lâhaleine de son assaillant.
« Jâai toujours été curieux, dit Krek, la respiration haletante, sa joue contre celle dâElisabetta. Jâai toujours voulu savoir ce que les religieuses portaient sous cet habit. »
Elisabetta ne voulait pas lui donner la satisfaction de sangloter ou de supplier. Elle préféra se tortiller et lancer des ruades tel un étalon en colère pour se débarrasser de lui.
« Bien, bien ! cria-t-il. Jâaime ça ! Battez-vous ! »
Il remonta ses robes jusquâà sa taille et câest alors quâElisabetta sentit quelque chose de dur contre son ventre.
Elle se souvint.
Tout en continuant à lutter contre Krek avec sa main gauche, elle fourra sa main droite dans la poche intérieure de sa tunique. Elle trouva lâobjet et, lorsquâelle lâeut dans la main, elle lâouvrit.
Le cure-pipe de son père. Ce simple petit objet rassurant.
Krek relâcha son emprise pendant deux ou trois secondes, le temps de se redresser pour défaire sa ceinture. Il ne fallut pas plus de temps à Elisabetta. Elle sortit le cure-pipe de sa poche et lâenfonça dans la poitrine de Krek avec toute la force quâelle avait dans le bras.
Il ne dit rien. Elle ne sut pas si elle avait fait quoi que ce soit jusquâà ce quâelle retire sa main et voie lâobjet planté dans son pull, enfoncé jusquâau bout. Il nây avait pas de sang.
Krek baissa les yeux, roula sur le côté et se releva. Il avait lâair amusé.
« Quâest-ce que câest ? Quâavez-vous fait ? »
Il retira le cure-pipe et rit.
« Non, merci ! Je fume le cigare ! »
à la grande horreur dâElisabetta, il paraissait indemne. Alors quâelle était
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