La Prophétie des papes
queues. »
De Stefano hocha vigoureusement la tête.
« Oui, câest dâune importance capitale. Nous devons résoudre ce mystère rapidement. Qui étaient ces gens ? Comment se sont-ils trouvés là  ? Comment sont-ils morts ? Par le feu ? Ont-ils été assassinés ? Si câest le cas, par qui ? Sâagissait-il dâun suicide collectif ? Dans lâaffirmative, pourquoi lâont-ils commis ? Quâest-ce que leur queue et leur symbolique nous disent dâeux ? Ãtaient-ce des Romains ? Des païens ? Y a-t-il la moindre probabilité quâils aient été chrétiens ? Il va être impossible de tenir éternellement le public éloigné de tout ça. Il y a toujours des fuites, dans ces cas-là . Jâespère seulement que nous aurons des explications crédibles à offrir si elles se produisent avant le début ou la fin du conclave. Je vous confie cette mission. Mais informez-moi dès que vous avez progressé. »
Sa voix sâétait faite suppliante.
Elle ouvrit le petit volume à une page marquée par un signet. Marcus Manilius était un astrologue romain dont la vie sâétait déroulée sous les règnes dâAuguste et de Tibère, un personnage qui aurait sombré dans les limbes de lâoubli sâil nây avait pas eu son poème épique Astronomica , dont le but était dâenseigner le zodiaque à ses contemporains.
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La raison de lâhomme nâimposa de borne ni de limite à ses activités avant dâavoir évalué les cieux, saisi les secrets les plus intimes du monde par la compréhension de leurs causes et contemplé tout ce qui existe. Elle a perçu pourquoi les nuages étaient ébranlés et dispersés par un coup de tonnerre ; pourquoi les flocons de lâhiver étaient plus doux que la grêle de lâété ; pourquoi les volcans sâembrasaient et la terre tremblait ; pourquoi la pluie tombait et ce qui faisait souffler les vents. Une fois que la raison eut relié ces événements à leurs véritables causes, elle sâaventura au-delà de lâatmosphère pour explorer les immensités voisines du firmament et comprendre les cieux comme un tout. Elle a déterminé les formes et les noms des signes et découvert les cycles qui les gouvernaient selon des lois ; elle a découvert aussi que toutes choses bougeaient selon la volonté et la disposition du firmament, parce que les constellations, par la variété de leurs dispositions, définissent des destinées différentes.
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Elisabetta savait encore certaines choses : les Romains avaient été fous dâastrologie, totalement convaincus que les cieux décidaient de leur sort. Certains empereurs, ceux qui étaient aussi sûrs dâeux que Tibère, encouragèrent ces pratiques. Dâautres, comme Auguste, persuadés que la populace tentait par tous les moyens de prédire leur fin, interdirent tout simplement les consultations astrologiques.
Mais, malgré lâomniprésence du zodiaque dans la vie quotidienne des Romains, elle savait que les symboles astrologiques apparaissaient rarement sur les fresques des maisons ou des tombeaux. La symbolique étalée dans ce columbarium était unique et, étant donné le contexte, déroutante.
Elisabetta compara ses anciennes notes concernant le mur original, aujourdâhui désintégré, avec ses nouvelles annotations. Le schéma des symboles était identique, les douze signes astrologiques étaient rendus avec simplicité et élégance dans un grand cercle, dans leur ordre longitudinal traditionnel, du Bélier aux Poissons, suivis des sept signes planétaires dans un ordre particulier : la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter, Saturne. Et dans chaque cercle, le signe des Poissons était toujours vertical, comme un homme en position debout.
Et que penser des restes momifiés et des squelettes ? Il lui faudrait étudier de près les photos de De Stefano, mais surtout, il faudrait quâelle retourne dans les catacombes avec une truelle et un pinceau, et quâelle passe du temps sur le site. Elle se mit à écrire un pense-bête : demander au professeur dâorganiser une autre visite. Mais son attention fut attirée par un Post-it
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