La Prophétie des papes
précédente et quelques années auparavant aussi.
« Câest lui, chuchota-t-elle à lâintention de sa sÅur. Je suis sûre que câest lâhomme qui mâa poignardée. »
Le docteur Fiore, le pathologiste, demanda si Elisabetta était prête. Elle hocha la tête et deux assistants aux bras musclés retournèrent le corps sur le ventre. Dans son dos les blessures causées par les balles sortantes étaient horribles.
La serviette fut retirée et ses fesses musclées furent dénudées.
« Tu vois, chuchota Micaela. Pareil. »
Le docteur Fiore, visiblement troublé par ce quâil voyait, entendit sa remarque. « Pareil à â¦Â ?
â Juste pareil à ce que je lui avais décrit », répondit Micaela évasivement.
Câétait comme si le vieil homme dâUlm quâelles avaient vu en photo sâétait matérialisé, en chair et en os.
La queue boudinée pendait jusquâau bas de ses fesses comme un serpent mort.
Les nombres tatoués en trois anneaux à la base de la colonne.
Elisabetta contempla le dessin dâun air hébété.
« Jâen ai vu assez », dit-elle au bout dâun moment.
Elle aurait préféré rester seule quelques minutes â peut-être un bref temps de répit dans la chapelle de lâhôpital â, mais ce nâétait pas possible. Il y avait maintenant de plus en plus de monde dans le hall et une vive altercation avait éclaté. Zazo était arrivé avec Lorenzo et il sâen était immédiatement pris à lâinspecteur Leone. Zazo avait déclaré bille en tête que lâintrus du couvent et lâhomme sur la table dâautopsie étaient une seule et même personne. Leone répondit dâun ton sarcastique que son enquête exigeait manifestement une preuve plus convaincante que celle dont semblait se satisfaire la gendarmerie du Vatican.
Ils se querellèrent et Micaela disparut pour répondre à un appel urgent venant de lâhôpital. Elisabetta fut abandonnée à ses pensées jusquâà ce quâelle sente une présence derrière elle.
« Est-ce que ça va ? »
Câétait Lorenzo, les bras croisés, deux doigts serrant son képi de commandant.
« Oui, ça va, répondit-elle.
â La nuit a dû être éprouvante pour vous », dit-il, le regard timidement rivé sur ses chaussures.
Cette situation avait quelque chose de familier. Elle voyait Lorenzo, mais elle sentait Marco. Les ressemblances physiques nâétaient pas tellement importantes. Marco était plus grand, le teint plus mat, il était plus beau, tout du moins, dans son souvenir. Mais câétait encore un ami de Zazo, en uniforme, qui lui apportait un sentiment de sécurité rien que par sa présence. Et il y avait une autre ressemblance, remarqua-t-elle. Les yeux. Tous les deux avaient le même regard bienveillant.
Il lança un coup dâÅil à Zazo et secoua la tête.
« Il en a jusque-là , de la police. Ils lâont traité comme si câétait lui le criminel, hier soir. Six heures dâinterrogatoire et ce nâest pas fini, apparemment. Câest compliqué quand on tue quelquâun.
â Est-ce que vous avez jamaisâ¦Â ? »
Lorenzo répondit rapidement.
« Jamais. Je nâai jamais tiré dans la colère. Zazo non plus â jusquâà maintenant â, mais vous le savez.
â Câest affreux, dit Elisabetta avec tristesse. Si seulement ça nâavait pas été nécessaire. Si seulement le professeur De Stefano nâavait pas été tué. Si seulement le mal nâexistait pas.
â Votre église, dit Lorenzo, câest Sainte-Marie-du-Trastevere, câest bien cela ?
â Vous la connaissez ?
â Pas vraiment. Zazo en a parlé. Peut-être quâune fois le conclave terminé, lâeffervescence retombée, je pourrais y aller et prier avec vous.
â Jâen serais heureuse. » Elisabetta se reprit aussitôt. « Nous avons tous besoin de prier pour le pardon du Christ. »
Lorsque ce fut enfin le tour de la police dâentrer dans la morgue, Zazo vint rejoindre Lorenzo et Elisabetta.
« Ces crétins nâont rien. Mis à part un nom, Aldo Vani, et
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