La Révolution et la Guerre d’Espagne
doivent
cependant « souscrire la formule d’adhésion et de serment » établie
par la Jefatura nationale et payer une cotisation. La qualité de
militant est donnée aux adhérents qui ont cinq ans d’activité, aux anciens
membres de la Phalange et des requetes et aux généraux, officiers des
armées d’active ou en service de guerre, ainsi qu’à « ceux qui obtiennent
ce titre par décision personnelle du Caudillo ou sur proposition des Jefaturas provinciales ». Chaque section a une hiérarchie semblable avec un chef
local, un secrétaire, un trésorier, un chef local des milices ; dans les
grandes villes, la Jefatura municipale a sous ses ordres « les
chefs de quartiers, de sous-quartiers, d’îlots et de maisons ». Ainsi est
créé un quadrillage auquel nul ne peut échapper et qui est plus efficace que n’importe
quelle police.
La Phalange est, dans tous les domaines, l’instrument du
pouvoir totalitaire ; elle est présente sous toutes les formes :
mouvements féminins, mouvements de jeunesse (Flechas) ; elle a
encadré la jeunesse universitaire en créant le Sindicato español
unversitario, organisation étudiante unique et obligatoire, destinée à
« exalter la profession intellectuelle dans un sentiment profondément
catholique et espagnol ». Comme la Phalange, il est organisé
hiérarchiquement avec, à sa tête, un chef national nommé par le Caudillo et
investi de l’autorité suprême. En dehors des étudiants qui font normalement
partie du S. E. U., paient leur cotisation, souscrivent à la formule d’adhésion
– qui suppose une obéissance inconditionnelle – et portent les cinq flèches et
le joug, insignes de la Phalange, il existe deux catégories exceptionnelles d’affiliés,
les « honoraires », qui, sans être étudiants, ont contribué, par un
travail intellectuel, à la grandeur de l’Espagne, les « protecteurs »
qui ont favorisé le développement du S. E. U. par des dons ou une aide
financière.
A partir de 1938, l’État phalangiste devient l’État
national-syndicaliste. Le groupe Suñer, qui comprend, dans le gouvernement,
Fernandez Cuesta, Amado et le ministre de l’Action syndicale, Gonzalez Bueno,
estime qu’il n’est pas possible d’abandonner le côté positif du programme
phalangiste. Ils veulent d’abord obtenir une affirmation de principe : l’État
Nouveau doit montrer à tous sa vocation sociale. La Charte du Travail commence
en effet par une double déclaration : « le travail sera exigé de
tous », mais « tous ont droit au travail. » Elle contient en
outre un certain nombre de promesses : la durée de la journée de travail
ne doit pas être excessive, la femme mariée sera « affranchie de l’atelier
et de l’usine » ; on instituera une fête du travail, qui, par
opposition au 1 er mai des « Rouges », sera fixée au 18
juillet, anniversaire du « glorieux » soulèvement et s’appellera
« la Fête de l’exaltation du travail ». On va même jusqu’à prévoir des
congés payés et des institutions pour les loisirs des travailleurs. Il convient
pourtant de noter le caractère extrêmement vague de ces dispositions. A partir
de quel moment, par exemple, la journée de travail peut-elle être considérée
comme « excessive » ? Le texte parle de congés payés, mais ne
fixe pas pour le moment leur durée. Plus tard on parlera d’une semaine, mais
elle n’est pas encore accordée en 1938. La guerre fournit un prétexte pour
remettre à plus tard les réalisations « sociales ». En attendant, on
revient sur les avantages acquis. La semaine de travail dans la métallurgie, la
sidérurgie, les fabrications de matériel électrique et scientifique, passe de
44 à 48 heures ; dans les mines de Huelva, au premier semestre de 1938, la
semaine de travail est augmentée d’une heure.
Aussi, sans s’attarder sur les hypothétiques avantages
accordés aux travailleurs par le Fuero dei Trabajo, convient-il de
mettre en relief les principes profonds qui ont guidé les législateurs du
Conseil national de la Phalange. Courmont rappelle que « l’organisation
nationale-syndicaliste de l’État s’inspire des principes d’Unité, de Totalité
et de Hiérarchie ». Nous nous contenterons de suivre son analyse de la
Charte et de la formation de syndicats verticaux.
Le principe d’Unité
Le principe d’Unité signifie qu’« en dehors du
syndicat, il n’y a rien ». L’entrée dans le syndicat
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