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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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maintenant la force, celle des généraux et de leurs
troupes, celle des ouvriers armés qui va régler l’avenir de l’Espagne. La
« légalité » s’évanouit en fumée devant le choc des forces sociales.
Le « movimiento » : succès et échecs
    Les chefs rebelles n’avaient pas prévu une résistance de
longue durée à leur action. Sans doute leur plan tenait-il compte des
difficultés particulières à surmonter dans certaines régions, mais la carte de
l’Espagne telle qu’elle se dessinera après quelques jours de combat offre des
aspects très inattendus. La Navarre, fief traditionnel des carlistes, accueille
le mouvement dans l’enthousiasme. Les rues de Burgos et de Pampelune sont
remplies de volontaires des unités paramilitaires carlistes, les requetes au
béret ronge et au brassard vert marqué d’une croix. Ils sont descendus de leur
montagne, avec leur couverture roulée sur l’épaule, pour assurer la victoire du
« Christ Roi », comme le proclament les inscriptions. Delaprée les a vus
« crachant avec dégoût quand on prononce devant eux les mots de
« république » ou de « syndicat ». Il ajoute: « Je ne serais
nullement étonné de voir se dresser sur une place de Burgos un autodafé » [71] . Ici les masses
populaires sont avec les généraux, et les volontaires affluent pour renforcer l’armée
de Mola en marche vers la capitale. Seule, peut-être, l’hostilité à peine
voilée que se marquent « bérets rouges » et « chemises bleues » de la
Phalange rompt l’unanimité enthousiaste de ce début de croisade.

    juillet 1936
    Mais ailleurs, succès et échec dépendent de nombreux
facteurs souvent imprévisibles : attitude des corps de police, gardes civils et
gardes d’assaut, dont le ralliement à l’un ou l’autre camp décide souvent de la
victoire, esprit de décision ou atermoiements des gouverneurs, hésitations ou
audace des chefs militaires, vigilance ou naïveté des dirigeants ouvriers. Le Movimiento l’emporte en effet très vite chaque fois que les insurgés prennent de vitesse
l’organisation de leurs adversaires ; il l’emporte aussi, avec un peu de
retard, chaque fois que les dirigeants ouvriers se laissent abuser par les
déclarations de loyalisme des officiers. Dans cette mesure, il n’est pas
imprudent d’affirmer que c’est moins dans l’action des rebelles que dans la
réaction des ouvriers, des partis et des syndicats et leur capacité à s’organiser
militairement, en un mot dans leur perspective politique même que réside la
clef de l’issue des premiers combats. Chaque fois, en effet, que les
organisations ouvrières se laissent paralyser par le souci de respecter la
légalité républicaine, chaque fois que leurs dirigeants se contentent de la
parole donnée par les officiers, ces derniers l’emportent... Par contre, le Movimiento est mis en échec chaque fois que les travailleurs ont eu le temps de s’armer,
chaque fois qu’ils se sont immédiatement attaqués à la destruction de l’armée
en tant que telle, indépendamment des prises de position de ses chefs, ou de l’attitude
des pouvoirs publics « légitimes ».

Victoires du
« movimiento  » : l’Andalousie
    Les insurgés l’emportent rapidement à Algésiras où le
gouverneur se refuse à armer les travailleurs tant que les militaires se
déclarent loyaux. Quand il se décide, devant l’évidence, à faire arrêter le
chef de la garnison, il est lui-même fait prisonnier... A Cadix, la grève est
générale dès le 19 et les gardes d’assaut ont distribué des armes aux
syndicats, mais le gouverneur se porte garant du loyalisme des officiers. Le
20, à la nouvelle de la chute d’Algésiras et avec l’arrivée d’un bateau de
guerre insurgé, la garnison se soulève : le lendemain, toute résistance a
été écrasée et le commandant militaire interdit grève et réunions syndicales. A
Cordoue, le gouverneur refuse de donner des armes aux ouvriers en grève. La
garde civile et la garnison, aux ordres d’un officier réputé républicain, le
colonel Cascajo, se soulèvent en même temps et écrasent toute résistance. A
Grenade, les gardes d’assaut se soulèvent avec la garde civile et la garnison :
ils viennent rapidement à bout de la résistance armée organisée dans les
faubourgs. A Huelva, le gouverneur a concentré la garde civile : les mineurs de
Rio Tinto, mobilisés par leurs syndicats, marchent sur Seville insurgée. Les
gardes civils qui

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