La Traque des Bannis
mécontent. Il ne se sentait pas directement concerné. Horace se pencha et retira les liens autour des chevilles de Bacari, puis obligea ce dernier à se redresser.
— Il est hors de question que tu restes assis à ne rien faire. On va faire une petite promenade, toi et moi, histoire d’aider ce poison à se répandre dans tes veines, espèce d’assassin !
Il poussa le Génovésien devant lui et le força à avancer à petites foulées maladroites. Ils traversèrent ainsi le bosquet et s’arrêtèrent à la lisière.
Le chevalier tendit le doigt vers la crête située au sud.
— Nous allons admirer la vue de là-haut, qu’en dis-tu ? En route !
Horace et son prisonnier, qu’il retenait fermement par le coude, se mirent à gravir la pente. Bientôt, il le força à accélérer. Bacari trébucha et tomba à plusieurs reprises, mais chaque fois, le guerrier le soulevait sans ménagement, l’obligeant à reprendre sa course. Will et Malcolm entendaient les exclamations sarcastiques d’Horace qui enjoignait Bacari à redoubler d’efforts.
— Bouge-toi un peu ! Quel athlète, ce Génovésien !
— Debout, sale empoisonneur !
— Un peu de nerf ! Il faut que ce poison se propage dans tout ton corps !
La voix du chevalier se perdit dans le lointain, à mesure qu’ils montaient vers le sommet. Les yeux de Malcolm croisèrent ceux de Will.
— Tu ne peux pas l’empêcher d’agir ainsi ? s’enquit le guérisseur d’un ton désapprobateur.
Le jeune Rôdeur le dévisagea avec froideur.
— Je le pourrais peut-être. Mais pourquoi le ferais-je ?
Malcolm secoua la tête et se détourna. Will s’approcha alors de lui et posa la main sur son épaule.
— Je comprends tes réticences, Malcolm, et je sais qu’il t’est difficile d’excuser l’initiative d’Horace. Pourtant, il le fallait.
Le petit homme secoua de nouveau la tête d’un air triste.
— Cela s’oppose à toutes mes convictions, Will. L’idée d’infecter volontairement une victime en bonne santé, de lui injecter du poison… je ne peux l’accepter… c’est mal !
— Tu dois avoir raison, reconnut le jeune Rôdeur, mais c’est la seule chance que nous ayons de sauver Halt. Nous avons eu beau le menacer, cet individu a refusé de nous dire quel poison il a employé. Il a certainement compris que j’aurais été incapable de lui trancher la gorge.
— Ce qu’Horace est en train de lui faire subir est-il si différent ?
— Non. Cette fois, le Génovésien a le choix entre vivre ou mourir : s’il avoue avec quel poison il a enduit ses carreaux, tu pourras lui administrer l’antidote adéquat. Tu m’as dit que son efficacité était presque instantanée. De cette façon, nous pourrons le sauver. En revanche, s’il meurt, il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.
Plongé dans ses pensées, Malcolm baissa les yeux.
— Tu n’as pas tort, finit-il par reconnaître. Cette méthode me déplaît, je l’admets, mais il est vrai qu’on ne peut la comparer à un meurtre. Et il est nécessaire d’en passer par là.
Ils entendirent un bruit de pas tout proche. Horace pénétra dans le bosquet en poussant Bacari devant lui. Le prisonnier était blême.
— Vous savez quoi ? annonça le chevalier d’une voix satisfaite. Notre ami a soudain retrouvé la mémoire.
****
Le poison avait été préparé avec de l’aconit à fleurs jaunes. Une information que Bacari, les yeux agrandis par la peur, révéla à Malcolm en bredouillant. Le guérisseur acquiesça et s’empressa d’aller fouiller dans sa sacoche. Il en sortit une demi-douzaine de fioles et des petites bourses remplies de poudres diverses. À la hâte, il se mit à mesurer et à mélanger différents produits dans un bol ; en quelques minutes, il obtint un liquide jaune, plutôt fluide. Il s’approcha de Halt.
— Non, l’arrêta Will. Soigne d’abord Bacari.
Malcolm fut pris de court. Puis il comprit ce que le jeune Rôdeur avait en tête. Le Génovésien avait peut-être cherché à les tromper. Et s’il s’apercevait que le guérisseur s’apprêtait à lui administrer l’antidote qu’il ne fallait pas, il serait obligé d’avouer son subterfuge. Cependant, Bacari, après avoir jeté un bref coup d’œil à Will, s’avança vers Malcolm en se tournant à moitié pour lui montrer son bras blessé, toujours coincé dans son dos.
— Oui ! Moi d’abord !
Horace ne s’était pas trompé. Le fait que le poison ait été injecté directement
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