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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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fut la partie de loin la plus périlleuse de notre
voyage, Mayenne, comme bien nous savions, cherchant à se revancher sur le roi
avec une armée nombreuse, tant est qu’à voir des cavaliers surgir à l’horizon,
nous ne pouvions savoir s’ils étaient des ennemis, ou des nôtres, qu’en nous rapprochant
assez pour distinguer si leurs casaques étaient parsemées de croix de Lorraine.
Auquel cas nous nous ensauvions ventre à terre, souvent poursuivis, mais grâce
à Dieu et à la célérité de nos chevaux, jamais rattrapés.
    Cependant,
ayant aperçu trois cavaliers isolés qui fourrageaient, nous les capturâmes,
mais par la male heure, nous n’en pûmes rien tirer, sauf qu’ils étaient
flamands et appartenaient au comte d’Egmont, troupe que Philippe II avait
envoyée des Flandres en renfort à Mayenne. Les pauvrets se tenaient déjà pour
morts, mais mon père ayant ordonné qu’on leur prît poudre et balles, les
relâcha, et nous poursuivîmes notre hasardeuse errance jusqu’aux environs
d’Évreux où un laboureur nous dit que le roi avait quitté la ville dix jours
auparavant, fort pressé par Mayenne, et qu’il s’apensait qu’il devait être à
Nonancourt où, dans l’effet, nous le trouvâmes le 12 mars, à notre immense
liesse et soulagement, occupé à dresser le plan et ordre de bataille. Mais de
M. de Rosny point de trace, encore qu’on nous dît qu’on l’attendait, avec sa
compagnie, d’une heure à l’autre. Le roi qui déploya ce jour-là une immense
activité, à telle enseigne qu’on ne pouvait aller nulle part sans l’encontrer,
ayant réuni ses capitaines à la fin du jour, dit à sa façon simple et de prime
saut, qu’il allait prier selon son culte huguenot et qu’il avisait ceux des
siens qui étaient d’un autre culte d’aller prier en leurs églises. J’eusse
volontiers joint mes pater noster aux siens, mais étant papiste, fût-ce
du bout du bec, je ne pouvais que je n’allasse en église, et ce qui me frappa
fort, c’est que je les trouvai toutes pleines de princes, de noblesse et de
soldats, si bien que je fus de toutes repoussé par la cohue, sauf d’une qui
était quelque peu dans le faubourg, et où je pus entrer. Combien que je ne sois
pas de mon naturel très porté aux oraisons, je priai là avec quelque
recueillement pour mon père, pour la curation d’Angelina, pour mes enfants,
pour le salut de mon âme.
     
     
    Henri ayant
disposé son armée entre Boussey et Lente, du diable si je sais pourquoi le
chamaillis qui suivit fut nommé bataille d’Ivry, sinon pour ce que Mayenne
passa la rivière d’Eure en ce bourg le 14 mars au matin, et la repassa,
vaincu, quelques heures plus tard. Quant à cette grande victoire du roi sur la
Ligue, ayant été quant à moi en plein en son milieu, baillant et recevant des
coups, et n’ayant rien entendu alors à ce qui se passait, j’ai voulu lire plus
tard les contes qu’en ont faits les chroniqueurs, et j’ai trouvé ces récits si
confus et si contradictoires que je ne suis pas à ce jour plus avancé dans la
connaissance que j’y cherchais. Je m’y résigne donc, et le lecteur devra avec
moi s’y résigner aussi : cette grande victoire d’Ivry demeure un livre
clos, à commencer par son nom. Tout ce que je sais (et je l’ai su de la bouche
du roi), c’est qu’après plusieurs charges furieuses – qui nous mirent fort
en péril – la cavalerie de Mayenne tout soudain se paniqua et s’enfuit,
plantant là son infanterie qui partie se rendit, et partie fut taillée en
pièces.
    Une chose, à
tout le moins, est tout à plein sûre : au rebours de tous les mots qu’on
prêta à Henri – dont plus tard le fameux Paris vaut bien une messe qu’oncques
ne prononça – il est bien vrai que le 14 mars à dix heures du matin,
avant que de se lancer à l’assaut, il dit à sa noblesse qui l’entourait : Mes compagnons, si vos cornettes vous manquent, ralliez-vous à mon panache
blanc, vous le trouverez au chemin de la victoire et de l’honneur !
    Ces paroles,
je les ai ouïes de ces oreilles que voilà, et ce panache blanc – la seule
somptuaire coquetterie d’un roi fort simple en sa vêture – je le lui ai vu
plus d’une fois sur le chef, et ayant, comme bien sait le lecteur, quelque
amour pour les bijoux, j’observai qu’il était orné à sa base d’une améthyste
blanche, ceinturée d’une douzaine de perles : luxe qui m’étonna tant chez
un prince dont le pourpoint

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