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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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J’aime mieux mourir ! D’avance, j’accepte tout ce que tu voudras mais non cette infamie (43)  ! »
    C’est alors que surgit sur le champ du combat, à grande allure sur un palefroi noir, une jeune fille aux cheveux couleur d’ébène. Elle s’arrêta devant Lancelot, le salua et sauta à terre. « Noble chevalier, dit-elle, je suis venue à toi le plus vite possible parce que j’ai besoin de ton aide. Je te conjure, au nom de l’être qui t’est le plus cher au monde, de m’accorder le don que je vais te demander. Il te vaudra plus d’honneur et de profit que tu n’en as jamais eus pour un service rendu ! » Surpris de cette irruption soudaine, Lancelot accorda le don. De joie, la jeune fille se jeta à ses pieds. « Noble chevalier, dit-elle, tu m’as donné la tête de ce chevalier que tu as vaincu. » Lancelot, comprenant que la jeune fille venait d’implorer la vie sauve de son adversaire, confirma sa parole : « Jeune fille, dit-il, je ne saurais rien te refuser. Sur ta prière, je ne mettrai donc pas à mort ce chevalier, mais je dois avouer qu’il m’a pourtant gravement offensé. Sois sûre, néanmoins, que je ne le tuerai pas. – Tu ne m’as pas comprise ! s’écria la jeune fille. Tu m’as donné la tête de cet homme, et c’est réellement sa tête que je veux et que je réclame, puisque tu me l’as promise. Remets-moi sa tête dans les mains, car c’est l’homme le plus vil, le plus fourbe, le plus déloyal que je connaisse. »
    Lancelot paraissant éberlué par ces paroles, le vaincu se jeta à ses pieds, implorant sa pitié. « Seigneur ! dit-il, ne la crois pas ! Elle me hait, moi qui pensais qu’elle m’aimait ! » Voyant Lancelot indécis, la jeune fille se jeta de nouveau à ses genoux, le pressant de tenir la promesse qu’il lui avait faite au nom de l’être qu’il aimait le plus au monde, tandis que l’autre implorait de nouveau miséricorde au nom de Dieu et de la pitié. Lancelot avait pour principe de ne jamais tuer un ennemi qui demandait grâce, mais comment refuser ce que la jeune fille avait demandé de façon si ambiguë et si habile ? Comment faire pour concilier les droits de l’un et de l’autre ? Alors, il s’adressa au vaincu : « Chevalier, dit-il, si je te rendais ton heaume et ton bouclier, recommencerais-tu à te battre contre moi ? Vainqueur, je ferais de toi ce que bon me semblera, vaincu je serais à ta merci. – Seigneur, répondit son adversaire, je dirais alors que tu es la fleur de tous les chevaliers. – Il est bien entendu, insista Lancelot, que si je te conquiers, tu ne pourras sauver ta tête. – Je n’en demande pas plus », acquiesça-t-il, les yeux pleins d’espoir.
    Lancelot lui fit donc apporter un bouclier intact, lui redonna son heaume, et le combat reprit. Mais comme Lancelot avait encore plus d’ardeur et de hargne, il ne mit pas longtemps à lui arracher son heaume. L’autre lui cria encore merci, mais la jeune fille, de son côté, répéta qu’elle voulait sa tête, au nom de l’être qu’il aimait le plus au monde. « Sache, noble chevalier, que ce service sera largement récompensé, et que tu en retireras encore plus que de l’honneur : cet homme est le plus déloyal de tous les chrétiens qui vivent sur cette terre ! » Lancelot leva alors son épée et l’abattit sur le cou du vaincu, lui tranchant net la tête. Il la saisit par les cheveux et la tendit à la jeune fille. Celle-ci eut un rire sauvage. Elle se saisit de la tête, l’emporta avec elle et la jeta dans un vieux puits. Puis, après avoir remercié Lancelot, elle prit congé de lui en l’assurant qu’ils se reverraient bientôt pour son plus grand bien à lui, et, sautant sur son cheval, elle s’éloigna à vive allure.
    Quant à Lancelot, il revint chez ses hôtes où chacun s’empressa de lui enlever ses armes et de soigner ses blessures. Ce soir-là, on le combla de tout ce qui était nécessaire à ses aises, et après le souper, on alla se coucher. Mais Lancelot dormit peu et fut tôt levé. Il s’arma rapidement, et en compagnie des deux fils du vavasseur et d’un certain nombre d’exilés qui voulaient le suivre, il se mit en route, bien décidé à pénétrer là où se trouvait retenue la reine Guenièvre.
    Ils atteignirent alors le Pont de l’Épée et aucun d’eux ne fut assez hardi pour ne pas s’émouvoir. Ils avaient mis pied à terre et regardaient avec stupeur ce pont effrayant. On voyait

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