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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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dernière Cène, mais la coupe qui avait recueilli le
sang qui gouttait de la croix du Christ mourant.
    « Longin, avait dit le chapelain d’une voix chargée
d’émotion, était le centurion qui était posté sous la croix. Lorsque la lance a
percé le flanc du Seigneur en lui portant le coup fatal, il a soulevé la coupe
pour recueillir le sang ! »
    Mais Thomas se demandait par quel truchement la coupe était
passée de la pièce où le Christ avait pris son dernier repas aux mains d’un
centurion romain. Et, plus étrange encore, comment avait-elle été remise à
Ralph Vexille ?
    Il ferma les yeux, honteux de son doute. Le père Hobbe avait
coutume de l’appeler Thomas l’Incrédule.
    « Il ne faut pas chercher les explications, lui
répétait sans cesse le bon père, parce que le Graal est un prodige. Il
transcende les explications.
    — C’est une coupe magique », avait ajouté
Eléonore, ajoutant par là son reproche implicite à celui du père Hobbe.
    Thomas avait donc envie de croire que c’était une coupe
magique. Il avait envie de croire que le Graal existait au-delà de la vue
humaine, derrière un voile d’incrédulité, comme une chose à demi-visible,
miroitante, merveilleuse, en suspens dans la lumière et rougeoyante comme du feu.
Il avait envie de croire qu’un jour, il prendrait de la substance et que, de
cette coupe qui avait contenu le vin et le sang du Christ, couleraient la paix
et la guérison. Cependant, si Dieu voulait que le monde fut en paix et s’il
voulait que la maladie fut vaincue, pourquoi cachait-Il le Graal ?
    La réponse du père Hobbe avait été d’affirmer que l’humanité
n’était pas digne de détenir la coupe. Thomas se demandait si c’était vrai.
Existait-il un être qui en fut digne ? Peut-être, songeait-il, que si le
Graal possédait une magie quelconque, c’était celle d’amplifier les fautes et
les vertus de ceux qui étaient à sa quête. La sainteté du père Hobbe s’était
accrue dans sa quête, et la malfaisance de l’étrange prêtre et de son sombre
valet aussi. Pareil à ces lentilles de cristal qu’utilisaient les joailliers
pour grossir leur travail, le Graal était un cristal qui grossissait les traits
de caractère.
    Et que révélait-il de son caractère à lui ? Thomas se
souvint de son malaise à la pensée d’épouser Eléonore, et soudain, se mit à
pleurer. Il pleura à gros sanglots, comme il n’avait jamais pleuré depuis
l’assassinat de sa bien-aimée, en se tordant de douleur, submergé par un
chagrin profond comme la mer qui s’abattait sur les galets, augmenté encore par
la certitude d’être un pécheur non absous, à l’âme promise à la damnation
éternelle.
    Sa compagne n’était plus là, il se détestait, il était vide,
seul et condamné. Dans le village sans vie de son père, il pleura toutes les
larmes de son corps.
     
    Plus tard, il se mit à pleuvoir, une pluie régulière qui
s’infiltrait dans la cape neuve de Thomas et glaçait les deux jeunes gens
jusqu’aux os. Ils avaient allumé un feu qui brûlait faiblement dans la vieille
église, vacillant et sifflant sous la pluie en leur donnant une illusion de
chaleur.
    — Y a-t-il des loups par ici ? s’enquit Robbie.
    — On le dit, mais je n’en ai jamais vu, répondit
Thomas.
    — Nous, nous avons des loups à Ekdale, et la nuit, on
voit briller leurs yeux. Rouges. Comme du feu.
    — Nous, nous avons des monstres dans la mer, affirma
Thomas, qui ne voulait pas être en reste. Leurs corps se déposent parfois sur
le rivage, et on retrouve leurs os dans les falaises. Parfois, même par temps
calme, il y a des hommes qui ne rentrent pas de la pêche, et on sait que ce
sont les monstres qui les ont pris.
    Il frissonna et fit le signe de la croix.
    — Quand mon grand-père est mort, reprit Robbie, les
loups ont encerclé la maison en hurlant.
    — C’est une grande maison ?
    Robbie parut surpris de la question. Il y réfléchit pendant
quelques instants, puis hocha la tête.
    — Oui-da, dit-il. Mon père est un laird.
    — Un lord ?
    — Oui, c’est comme un lord.
    — Il n’était pas à la bataille ?
    — Il a perdu une jambe et un bras à Berwick. Donc,
nous, les garçons, nous devons nous battre pour lui.
    Il dit qu’il était le plus jeune des quatre fils.
    — Trois maintenant, dit-il en se signant, car il
pensait à Jamie.
    Ils dormirent d’un œil, en se réveillant régulièrement, pris
de frissons. À

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