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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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dans cette pièce.
    Les murs étaient solides ; les portes de chêne fermaient hermétiquement. L’une d’elles conduisait au couloir principal ; l’autre, fermée à clef et barrée, jamais ouverte, menait à une chambre inusitée. Les conversations qui se tenaient dans cette pièce ne risquaient pas d’être entendues.
    Berenguer de Cruilles s’assit près de la fenêtre ; Francesc Monterranes ferma la porte à clef, ôta cette dernière et la tendit à l’évêque. Il fit signe au gros Johan de s’asseoir puis prit place lui-même sur la chaise restante. Le gros Johan se tordit les mains ; l’évêque bâilla ; le vicaire se pencha et l’encouragea :
    — Raconte à Son Excellence ce qui s’est passé. Ce que tu m’as dit.
    Johan se lança dans son récit avec une hâte désespérée.
    — J’étais en retard pour ouvrir les bains ce matin. La première fois en vingt ans, Excellence, ajouta-t-il en risquant un regard timide vers ceux qui l’interrogeaient.
    — Certes, fit Berenguer.
    — J’arrive tard, donc, bien après prime, et j’ouvre la porte comme d’habitude, poursuivit-il.
    La sueur perlait sur son front et lui coulait dans le dos à l’idée de mentir à ces deux grands personnages.
    — Je me mets à balayer et quand je m’approche du bain central, j’y remarque quelque chose de sombre. Je m’approche un peu plus et c’est là que je vois cette pauvre âme. Je la repêche et je la dépose sur le sol aussi proprement que je peux. Et je viens ici vous le signaler. Parce que c’est une nonne.
    — Plutôt que de te rendre au couvent ? demanda le vicaire.
    Le surveillant de l’établissement de bains eut l’air paniqué.
    — Pour le dire à dame Elicsenda ? fit-il. Oh non, je ne voudrais pas déranger dame Elicsenda.
    — Pleutre, dit l’évêque d’un ton léger. Tu as reconnu cette sœur ?
    — Je ne l’avais jamais vue avant aujourd’hui, s’empressa de répondre Johan.
    — Nous devrions commencer par savoir qui elle est – ou plutôt était, dit l’évêque. Viens, allons jeter un coup d’œil à cette malheureuse.
     
    — Vous la connaissez ? demanda Berenguer.
    Le vicaire secoua la tête.
    — Moi non plus, dit l’évêque. C’est étrange. Elles ne sont que douze actuellement. J’aurais cru qu’à nous deux nous avions vu toutes les sœurs à un moment ou à un autre. Dites aux hommes d’entrer. Nous allons faire porter sa dépouille au couvent.
     
    La fraîcheur matinale diminuait. Le soleil de juin se levait dans un ciel sans nuage. La campagne vibrait des chants d’oiseaux et des senteurs de la lavande en fleur. Toujours devant les murs de Gérone, Tomas de Bellmunt était assis sous un arbre et s’efforçait de ne penser à rien. Les chevaux – le sien et celui de Romeu – mangeaient de l’herbe et somnolaient. Quelque part des cloches sonnaient tierce.
    Il se trouvait dans la pire situation possible. C’était un homme téméraire et courageux, mais quelle monumentale stupidité l’avait-elle amené à Gérone au péril de sa vie et de son honneur ? La réponse était simple et avait pour nom Doña Sanxia de Baltier. Ses lourdes tresses rousses et son apparence angélique l’avaient piégé comme un lapin. Elle avait confié à Tomas le plan imaginé par Sa Majesté la reine pour emmener le prince dans un endroit plus sûr et l’avait supplié de lui prêter Romeu afin qu’il l’aide. Puis elle lui avait demandé d’abandonner son poste sans permission et de venir à Gérone. Il devait être fou. Et maintenant, il était assis là, inutile, sous un arbre, à surveiller des chevaux, craignant de s’approcher de la ville au cas où l’on viendrait à le reconnaître.
    Où se trouvait Romeu ? Tomas changeait de position, mal à l’aise, et luttait en vain contre les mouches agressives que les chevaux avaient attirées. À quel point connaissait-il son valet ? Quand Bellmunt était entré au service de la reine, son oncle lui avait recommandé cet homme, expliquant qu’il était vif, rapide et digne de confiance, et qu’il lui éviterait les pièges des intrigues de la cour. Mais qu’adviendrait-il si quelqu’un proposait à Romeu une bourse bien remplie et un meilleur poste pour trahir son maître ainsi que la folle entreprise dans laquelle il s’était embarqué ? La morosité s’abattit sur Tomas.
    Puis il remarqua une silhouette vêtue de chausses azur et d’une tunique noir et azur portée près du

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