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Le jeu de dupes

Le jeu de dupes

Titel: Le jeu de dupes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne-Laure Morata
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certains sont si précieux… et il peut y en avoir tant d'autres…
    Constatant qu'il la serrait trop vigoureusement, il se maîtrisa, relâcha son étreinte et se rassit, se contentant de se tenir épaule contre épaule pour continuer :
    – Mon attitude passée vous a blessée et je m'en excuse. Donnez-nous une chance d'être heureux. Je crois qu'au fond de votre cœur vous savez qu'à deux nous pouvons l'être et que nous saurons ensemble franchir tous les obstacles. Vous êtes la compagne que j'ai toujours rêvé d'avoir à mes côtés, la mère de mon enfant…
    Nolwenn constata que François était extrêmement ému et réalisa qu'il venait de lui ouvrir son cœur avec sincérité, se livrant sans réserves. D'un coup son ressentiment et ses doutes furent balayés :elle avait envie de suivre cet homme. Elle prit ses mains et les posa sur son ventre.
    – Notre bambin réagit à votre voix, déclara-t-elle en riant devant l'air stupéfait de son mari sentant sous ses doigts les coups de pied vigoureux de l'enfant à naître.
    – Quelle force, ce doit être un garçon !
    – Ou peut-être une fille dotée du caractère bien trempé de sa maman !
    – Ce ne serait pas pour me déplaire…
    Les deux époux éclatèrent de rire de concert.
    – Vous n'avez pas mal quand il cogne de cette façon ?
    – Non, ne vous tourmentez pas. Madame Pintard, ma sage-femme, m'a donné un remède souverain à tous désagréments : un jaune d'œuf dilué dans un bon verre de vin !
    Ils sourirent, complices, à l'affût des mouvements du bébé. Subitement Nolwenn se contracta.
    – Qu'y a-t-il ? s'inquiéta François.
    – Je ne sais pas si c'est l'émotion… je viens de ressentir une douleur intense. Je ferais mieux d'aller m'allonger un peu.
    Ils n'avaient pas regagné la demeure qu'un élancement violent survint de nouveau figeant la jeune femme sur place tandis qu'un liquide chaud lui mouillait les jambes.
    – François, il vaut mieux aller chercher la sage-femme. Elle habite dans la petite maison à la sortie du bourg, demandez, on vous renseignera… Nous allons vite savoir si votre enfant est une fille ou un garçon.
    Son mari mit une longue minute à comprendre ce qu'elle venait de dire et appela les domestiques àpleins poumons avant de filer à bride abattue chercher l'accoucheuse. Madame Pintard, à son arrivée en trombe devant chez elle, devina immédiatement la raison.
    – Calmez-vous mon seigneur, votre épouse, c'est son premier on a tout le temps. Vous allez voir, y va pas sortir à la minute votre poupard !
    Cela n'empêcha pas l'impatient de jucher la matrone sur son cheval et de retourner auprès de Nolwenn aussi vite que possible. Il fut un peu décontenancé quand la sage-femme le chassa de la chambre où l'on avait installé Nolwenn, lui enjoignant de ne remontrer le bout de son nez qu'uniquement au moment où elle l'appellerait. Molière, averti par un valet, se mit donc à faire la conversation pour tenir compagnie au gentilhomme angoissé qui, du salon, captait avec inquiétude les hurlements sporadiques de son épouse.
    – Allez, madame, lançait la matrone en encourageant sa patiente, c'est le premier, c'est dur mais il va sortir, ne vous en faites pas.
    Assise sur une chaise, jambes écartées, maintenues par deux solides servantes, Nolwenn commençait à douter d'y arriver sans y laisser la vie tellement elle avait la sensation qu'on déchirait ses entrailles de l'intérieur. La douleur insoutenable montait crescendo avant de disparaître subitement, la laissant hagarde et parfois somnolente entre deux pics avant de reprendre de plus belle, lui donnant l'impression qu'à chaque contraction on enfonçait dans son ventre un poignard chauffé à blanc.
    Au rez-de-chaussée, François n'en pouvait plus. S'il continuait d'écouter sa femme hurler de la sorte, il allait devenir fou. Un cri inhumain retentitsoudain et Molière dut l'empêcher de se précipiter à l'étage.
    – Mon ami, vous ne serez d'aucune utilité là-haut. Laissez les femmes faire leur travail. S'il y avait un souci on viendrait vous voir.
    François se laissa convaincre, néanmoins il continuait de tressaillir au rythme des plaintes de son épouse. Dans la chambre, les femmes s'activaient telles des abeilles autour de leur reine. Elles empêchaient Nolwenn de ruer pour que la sage-femme puisse délicatement dégager une épaule du nouveau-né en tirant doucement la tête qui apparaissait enfin. La parturiente en sueur

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