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Le kabbaliste de Prague

Le kabbaliste de Prague

Titel: Le kabbaliste de Prague Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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martèlement du sol par Golem qui nous
annonça ? Les vociférations de l’autre côté de la porte diminuèrent.
    Le bourgmestre Maisel se tourna vers le MaHaRaL et lui
demanda de bien vouloir s’immobiliser. Golem en fit autant. Maintenant qu’il
occupait tout l’espace d’une rue, sa taille n’en paraissait que plus géante. Sa
face sans bouche parvenait sans peine à la hauteur des premiers étages.
    Maisel lança d’une voix forte :
    — Les Gentils ignorent la puissance de Golem. Il est
juste que je monte au guichet, afin de les prévenir qu’ils peuvent encore
choisir la paix sans…
    Il n’acheva pas sa phrase. Le cri de Zalman l’interrompit.
    Une hache brandie au-dessus de la tête, le fou se précipita
sur les cordes retenant le madrier de la porte. Avant que quiconque réagisse,
il les frappa de toutes ses forces. Des éclats de chanvre volèrent autour de
lui. Les cordages n’étaient pas tout à fait tranchés quand, de l’autre côté, un
nouveau coup de bélier catapulta le madrier hors de son cloisonnement. Il
rebondit contre la poitrine de Zalman, le projeta au sol, l’écrasant comme une
feuille.
    La lueur des torches des chrétiens apparut dans
l’entrebâillement de l’huis. Une clameur de victoire jaillit. Parmi nous,
certains se jetèrent sur le madrier pour le replacer. Ils furent balayés par
les vantaux, qui cédèrent sous le nouveau choc du bélier et s’ouvrirent aussi
sèchement qu’une paire de volets.
    La stupeur nous pétrifia de part et d’autre.
    La foule des Gentils était impressionnante. Derrière
l’attelage de quatre paires de bœufs harnachés au tronc d’un arbre comme à un
timon se pressait une marée humaine hérissée de lances, de haches, de chevaux
caparaçonnés comme à la guerre. Les épées luisaient du rouge des torches ;
des bâtons cloutés, des casse-tête, même des faux, virevoltaient tels des
oiseaux de malheur.
    La sidération de nos assaillants valait bien la nôtre. Eux
qui, pour la première fois, levaient la tête afin de découvrir la face de
Golem.
    Ils n’eurent pas le loisir de s’y attarder.
     
    Le MaHaRaL à nouveau lança sa main vers cette masse de
glaise qui nous dominait tous. On l’entendit répéter :
    — Va, accomplis ce pour quoi tu vis !
    Et Golem s’avança de ce pas lent qui était le sien.
    Avant qu’il parvienne à la porte, une pluie de flèches
vibrionna dans l’éclat des torches. Avec un bruit de grêle, elles s’enfoncèrent
dans la boue de son torse et de ses hanches. Les unes s’y retenant et se
balançant avec les mouvements de Golem, les autres glissant comme des
brindilles sur le limon humide. Puis ce fut au tour des lances à fer large de
voler. Elles s’enfoncèrent plus profondément dans la masse de Golem, leurs
lourdes hampes entravant à peine sa progression.
    Il inclina la tête, son regard de pierre parut considérer
avec étonnement cette broussaille de hampes qui hérissait son torse. Son bras
et sa main droite se levèrent. Lances et flèches furent balayées telles des
plumes, se brisant avec des bruits de roseaux secs et s’égaillant en tous sens.
    Ce fut ce geste, je crois, qui fit comprendre aux
massacreurs leur échec. On entendit les chevaux hennir sous les brides trop
tendues et les braillements empruntèrent soudain l’accent de la panique.
    Golem se remit en marche, s’avança droit sur les bœufs
abandonnés sous la charge du bélier. Il attrapa le tronc massif qui avait
défoncé la porte et, d’une poussée à peine imaginable, il rejeta violemment
l’attelage dans la foule, semant la terreur et la douleur. Avec un craquement
qui nous fit reculer, le tronc du bélier défonça la façade d’une maison. Les
bœufs, entravés par les licous, beuglèrent autant que si on les égorgeait. De
la masse de son poing et d’un geste qui sembla presque doux, Golem assomma la
bête la plus proche de lui.
    L’épouvante emporta la foule. Golem tourna sur lui-même
comme si le chaos alentour le déconcertait. Des torches lancées des étages des
maisons plurent sur son dos. Elles s’éteignaient dans un chuintement flasque
aussitôt qu’elles l’atteignaient. Des haches rebondirent contre ses cuisses,
détachant de maigres poignées de boue. Aussi indifférent qu’un mur, Golem
stoppa le galop d’un cavalier qui le chargeait. Sa poigne de boue souleva
l’homme et le cheval, et, comme un enfant rejetterait un jouet brisé, il les
projeta loin de lui.
    La nuit de

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