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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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Peut-être même Sarah Ellison est-elle morte à l’heure où je vous
parle.
    Son
visage fripé se contracta douloureusement alors qu’il prononçait ces derniers
mots, et Cassandra commença à soupçonner que le bon docteur avait éprouvé pour
sa patiente un intérêt qui dépassait le strict cadre médical. Elle attendit
qu’il ait mis de l’ordre dans ses pensées et surmonté son embarras.
    –  Sarah Ellison a été
admise dans cet asile en 1838, commença Barrett d’une voix raffermie. C’était
une femme de qualité, certainement une aristocrate, internée par ses proches
sous un faux nom pour dissimuler la honte de sa dégradation mentale à la bonne
société. Jamais je n’ai réussi à découvrir son identité réelle.
    Le
regard du médecin se voila de nouveau, et il secoua doucement la tête.
    –  Lorsqu’elle
est arrivée ici, elle avait déjà tenté à deux reprises de mettre fin à ses
jours. Pour sa propre sécurité, l’enfermement était indispensable. Outre ses
tendances suicidaires, Sarah souffrait d’aphasie ; durant tout le temps
qu’a duré son internement, je n’ai jamais entendu le son de sa voix. Elle
passait ses journées prostrée dans sa chambre, indifférente à tout ce qui
l’entourait, ou bien était la proie de terribles crises de nerfs qui la
laissaient en larmes et épuisée…
    Sa voix se mit à
trembler.
    –  C’est
moi qui la traitais, et il m’est d’emblée apparu évident qu’elle avait subi une
expérience particulièrement traumatisante qui avait ébranlé sa raison. Mais
comme elle refusait de parler et que son entourage se murait dans le silence,
je n’ai jamais pu déterminer la nature exacte de la tragédie qui l’avait
frappée. En dépit de mon ignorance qui m’empêchait de la soigner
convenablement, j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour la soulager. À
force de patience, j’ai peu à peu gagné sa confiance. Si l’on m’en avait laissé
le temps, je suis convaincu qu’elle aurait fini par se confier à moi…
    Il parlait avec
amertume, les mains crispées sur ses genoux.
    –  Par
malheur, tous mes efforts ont été réduits à néant par l’intervention de son époux.
Au bout d’à peine deux mois, il est venu la chercher. En vérité, il l’a
pratiquement enlevée de force, car le personnel médical désapprouvait sa
sortie. Si j’avais été présent ce jour-là, je me serais opposé à ses exigences
avec la plus grande fermeté !
    Le
petit homme s’était enflammé à ces mots, et la haine déformait son visage tout
à l’heure bienveillant.
    –  Pourquoi ?
s’enquit Cassandra, déconcertée par son brusque changement d’expression.
    –  Parce
que cet homme était manifestement l’une des causes, si ce n’est la cause
principale, de la maladie de sa femme, jeta-t-il d’un ton plein de rancune en
serrant rageusement ses poings noueux. Elle le craignait comme le diable. C’est
pour cette raison que j’avais interdit à Mr. Ellison, ou quel que fût son vrai
nom, de rendre visite à son épouse.
    Cassandra
demeura silencieuse, méditant les révélations d’Henry Barrett. À première vue,
cette vieille histoire ne la concernait en rien, et la fuite d’Angelia la
confrontait à des préoccupations autrement plus urgentes. Pourtant, sa
curiosité était aiguisée, et elle brûlait d’en apprendre davantage sur le
couple Ellison.
    Le
docteur Barrett se pencha vers elle et la contempla avec émotion.
    –  Vous
lui ressemblez tant… murmura-t-il. Seul son regard était différent du vôtre. Je
ne l’oublierai jamais… On y lisait une telle tristesse que c’en était
insoutenable…
    Un
spasme de chagrin contracta sa figure, et il détourna la tête.
    –  Pardonnez-moi,
reprit-il d’une voix altérée, mais il m’est pénible de me souvenir.
    Mal
à l’aise, Cassandra orienta de nouveau la conversation vers l’inquiétant Mr.
Ellison.
    –  Cet homme, l’époux de
Sarah, à quoi ressemblait-il ?
    –  Le
peu de fois où je l’ai rencontré, il m’a fait une impression exécrable, se
renfrogna le vieillard. Certes, c’était un véritable homme du monde en
apparence : très séduisant, doté d’une grande intelligence et de beaucoup
de distinction, mais je n’ai jamais été dupe de ce brillant vernis. On sentait
en lui un fond de dureté… non, le mot n’est pas assez fort… Plutôt de la cruauté,
oui, c’est cela.
    Il
s’interrompit subitement et observa Cassandra avec

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