Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
notre
voyage.
Le
soir tombait quand ils mirent pied à terre devant le bâtiment trapu dont la
façade lézardée se dissimulait sous une profusion de plantes grimpantes.
Effrayé à leur approche, un butor s’éleva dans les airs avec un cri aigu.
Surplombant la porte de la maison, une enseigne rouillée figurant un dragon se
balançait en grinçant. Juste au-dessous, une plaque portait une bénédiction en
gallois et sa traduction en anglais :
Daioni’r mor i chi,
Daioni’r ddaer i ch,
A daioni’ r nefoedd i chi.
Que
vous soit donné tout ce qu’il y a de bon dans la mer, sur la terre et au ciel.
– L’auberge
du Dragon Rouge, indiqua Jeremy. Elle n’est plus habitée depuis des siècles,
mais j’ai bon espoir d’y trouver des indices.
Lorsqu’il
avait compris que la clé du mystère résidait dans la vallée de Glamorgan,
Jeremy avait demandé à l’un de ses amis, correspondant du Times au Pays de Galles, d’y chercher un lieu précis en lien avec le Dragon Rouge ou
les Ellylldan et celui-ci lui avait appris l’existence d’une vieille auberge
dont l’origine remontait au début du Moyen Âge. D’anciennes légendes relataient
la présence d’Ellylldan dans les alentours du bâtiment, cerclé la nuit de
lumières rouges et de flammeroles visibles à des lieues à la ronde. Au vu de
ces informations, Jeremy avait décidé de commencer son enquête par là. Il ne
croyait pas une seconde à l’existence des Ellylldan, mais il lui semblait qu’un
lieu aussi désert constituait le quartier général idéal pour des individus aux
activités douteuses.
Jeremy
et Gabriel allumèrent les lanternes qu’ils avaient amenées avec eux, puis
poussèrent la porte de l’auberge qui s’ouvrit en crissant. Ils pénétrèrent dans
une grande salle plongée dans la pénombre.
– Que
cherchons-nous ? murmura Gabriel en faisant lentement le tour de la pièce,
sur ses gardes.
– N’importe
quoi de suspect, ou ayant un lien avec l’Astrum ou les meurtres
de la Dame Noire.
– L’Astrum ? Qu’est-ce que
c’est ?
– Je
n’en sais fichtre rien, pesta Jeremy qui s’était empêtré dans une monstrueuse
toile d’araignée. Cessez de poser des questions et ouvrez plutôt l’œil.
Mais
il y avait peu à voir en vérité, hormis des chaises et des tables bancales, des
étagères vides et des volets vermoulus, le tout recouvert d’une épaisse couche
de poussière. Et à l’exception de quelques souris que l’on entendait couiner
derrière les plinthes, le silence régnait.
Ils
n’eurent pas plus de succès à l’étage. L’auberge, minuscule, ne comportait que
quatre pièces au premier, toutes vides. Jeremy commença alors à douter.
– Cette
masure tombe en ruines, personne n’y est venu depuis une éternité…
Ils
regagnèrent le rez-de-chaussée. Derrière le comptoir, une trappe s’ouvrait dans
le sol. Jeremy la souleva, et tenta de percer l’obscurité de sa lampe.
– Je
suppose que nous devons aller voir en bas, déclara-t-il sans enthousiasme.
Passez devant.
Une échelle était posée
contre l’un des rebords de la trappe.
Gabriel
saisit le premier barreau et se mit à descendre. Jeremy attendit qu’il ait
atteint le sol avant de le suivre.
Un
dédale de couloirs étroits s’étendait sous l’auberge. Ils le parcoururent en
silence, la lueur blême de leurs lampes découpant sur les murs de pierre leurs
ombres folles et démesurées.
– Cette
cave me paraît bien grande, marmonna Jeremy, et on n’y voit goutte.
Il
avait à peine achevé sa phrase que son pied heurta violemment une grosse
pierre. Il poussa des cris d’orfraie puis lança quelques bordées de jurons qui
faisaient honneur à la richesse de son vocabulaire.
– Taisez-vous,
souffla Gabriel avec inquiétude, vous allez nous faire repérer.
– Repérer
par qui ? grommela Jeremy. Vous voyez bien qu’il n’y a personne.
– Mais vous avez dit…
– Peu
importe ce que j’ai dit, les responsables des meurtres de la Dame Noire ne sont
manifestement pas ici.
Enfin,
leur progression fut stoppée par une porte sur laquelle était représenté à la
mine de plomb un dragon semblable à celui de l’enseigne. Jeremy s’attendait à
ce qu’elle fût fermée, mais à sa surprise elle s’ouvrit sans difficulté sur un
escalier en colimaçon qui s’enfonçait encore plus avant dans les profondeurs de
la terre. Les marches débouchaient dans une longue galerie
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