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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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jamais de sort.
    —
    Ne soyez pas malicieuse, rétorqua Kathryn.
    Mathilda, je vais vous faire parvenir une robe propre et de la nourriture enveloppée dans des torchons.
    —
    Et moi, je ferai en sorte que vous soyez mieux installée, ajouta Luberon.
    — Voulez-vous autre chose? demanda Kathryn.
    —
    Oui, dit Mathilda en se penchant de nouveau.
    Dites à cette garce de Maîtresse Talbot qu'il y a plusieurs sortes de sorcières.
    — Qu'entendez-vous par là?
    — Contentez-vous de lui répéter cela !
    Kathryn fit ses adieux à la vieille femme et quitta la geôle pour regagner l'entrée du Guildhall.
    —
    Elle va être pendue pour de bon ! déclara Luberon.
    — Je sais, rétorqua Kathryn, mais je vais aller voir Maîtresse Talbot. Lille aura peut-être pitié d'une vieille et retirera son accusation.
    Luberon secoua la tête, mais Kathryn se précipitait déjà en bas des marches. Elle savait où demeuraient les Talbot, et répéta avec soin ce qu'elle dirait tout en cheminant dans les rues encombrées. Elle était insensible aux cris des apprentis et à leur habitude de sortir en courant de derrière leurs éventaires pour la tirer par la manche ou la saisir par le devant de sa robe. Le soleil était chaud, maintenant, et dans la Grand-Rue se pressaient des marchands et des hordes de pèlerins qui montaient à la cathédrale.
    Kathryn n'eut à s'arrêter qu'une seule fois à cause d'un petit convoi funèbre qu'ouvrait un frère en robe terne, et qui descendait à l'un des cimetières.
    Le religieux psalmodiait ses prières, et, de temps en temps, le gamin qui lui montrait le chemin s'arrêtait et faisait tinter sa clochette. Alors le frère élevait la voix pour déclamer :
    — Souviens-toi que tu es poussière et que tu redeviendras poussière.
    Derrière lui, les gens du cortège titubaient, et la plupart n'étaient plus présentables, après avoir bu la bière des funérailles.
    Kathryn arriva enfin à la maison des Talbot, une grosse bâtisse individuelle à deux étages, peinte en rouge brillant, avec des fenêtres à losanges. Devant et sur le côté s'alignaient des éventaires où s'entassaient des monceaux d'articles de cuir, dont s'occupaient deux journaliers et une nuée d'aides.
    — Le commerce continue, même quand la mort est là, murmura Kathryn.
    Elle s'approcha de l'énorme porte d'entrée surmontée d'une guirlande formant une croix, que l'on avait disposée là en signe de deuil. Elle frappa fort, et une servante lui ouvrit avant de la conduire dans un couloir où les manifestations de la mort étaient plus visibles : les murs et les meubles en bois cirés étaient drapés d'étoffes noires. Dans le petit salon où Kathryn fut introduite, on avait enlevé tous les tableaux et les tapisseries, et la pièce avait été transformée en chambre mortuaire, son plancher de pierre nue débarrassé de joncs, ses murs cachés derrière des tentures noires et violettes, et sur une petite table, près du foyer, brûlaient deux chandelles de cire pourpres, devant un triptyque ouvert représentant un Christ agonisant.
    — Vous désiriez me voir.
    Kathryn tressaillit quand Isabella Talbot, suivie de son beau-frère Robert, entra. Les présentations furent rapides, et tout de suite Kathryn se sentit mal à l'aise. Robert semblait veule et larmoyant, mais Isabella, avec sa coiffe noire, son voile et son élégante robe rouge frangée de noir, était impressionnante. Elle avait un beau visage à l'air déluré et arrogant, avec une bouche pincée, méprisante, comme si elle considérait que le monde et tout ce qu'il contenait ne méritait pas qu'elle y abaisse les yeux.
    — Que voulez-vous? demanda-t-elle d'un ton sec.
    Le cœur de Kathryn se serra : elle ne tirerait pas grande pitié d'Isabella Talbot.
    — Je m'appelle Kathryn Swinbrooke. Je suis médecin.
    — Nous le savons, s'interposa Robert d'un ton traînant.

    — Je viens vous solliciter, reprit Kathryn dont le visage commençait à s'échauffer. J'arrive du Guildhall où j'ai vu Mathilda Sempler. C'est une vieille folle, et pourtant vous irez devant les juges pour l'accuser de sorcellerie et de meurtre.
    — C'est la vérité, rétorqua Isabelle, cassante. Elle ne payait pas son loyer, aussi mon mari l'a-t-il expulsée de sa maison. Elle l'a maudit devant des témoins à l'église paroissiale. Ensuite, elle a eu l'impudence de glisser sous notre porte une malédiction écrite. Mon mari...
    Isabella s'interrompit pour cligner furieusement des

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