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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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et deux enfants en étaient morts et les Loups avaient laissé leurs
corps dans les collines, mais ils avaient le cœur léger maintenant qu’ils
retrouvaient des terres familières.
    — Tolui ! appela Eeluk, bien que son plan ne fût
qu’en partie élaboré.
    Il tourna la tête, vit son jeune féal accroupi se lever et
le rejoindre. Quand l’homme inclina son buste massif, Eeluk éprouva la même
satisfaction que lorsqu’il regardait leurs bêtes sans cesse plus nombreuses. Les
Loups avaient excellé au dernier grand rassemblement des tribus, remportant
deux des courses courtes et ne perdant la plus longue que de justesse. Ses
archers avaient été honorés et deux des féaux d’Eeluk s’étaient hissés aux
premières places des lutteurs. Tolui, parvenu au cinquième combat, avait reçu
le titre de Faucon avant d’être vaincu par un homme des Naïmans. Eeluk l’avait
récompensé en s’attachant ses services et, avec un an ou deux de plus pour
augmenter sa force, Tolui serait capable de battre tous ses adversaires. Le
puissant jeune Loup lui était en outre tout dévoué et ce n’était pas par hasard
qu’Eeluk faisait appel à un homme qu’il avait lui-même formé.
    — Tu n’étais qu’un gamin la dernière fois que nous
avons chevauché dans le Nord, lui dit-il.
    Tolui acquiesça de la tête, le regard sans expression.
    — Tu étais là le jour où nous nous sommes séparés des
enfants de l’ancien khan et de sa femme, poursuivit Eeluk.
    — Il n’y avait pas de place pour eux, affirma Tolui d’un
ton assuré.
    Eeluk sourit.
    — Exactement. Il n’y avait plus de place pour eux. Nous
sommes devenus riches dans le Sud. Le père ciel nous a comblés de ses bienfaits.
    Tolui ne répondit pas et Eeluk laissa le silence s’installer
tandis qu’il songeait à ce qu’il attendait de lui. Ce n’était qu’une histoire
de fantômes et de vieilles blessures, mais il lui arrivait encore de rêver de Hoelun
et de se réveiller couvert de sueur. Parfois, elle se tordait, nue, sous lui, parfois
il voyait ses os saillir de sa chair amaigrie. Ce n’était rien mais les terres
entourant la vieille montagne faisaient resurgir le passé de ses cendres.
    — Prends deux hommes sûrs, ordonna-t-il. Retourne sur
nos anciens territoires de chasse. Vois si l’un d’eux est encore en vie.
    — Dois-je les tuer ?
    Il n’y avait dans le ton du féal qu’une curiosité neutre et
le khan massa son estomac gonflé en réfléchissant. Il portait au côté le sabre
qui avait appartenu à Yesugei. Il serait tout à fait approprié d’exterminer sa
lignée de quelques coups rapides de cette lame.
    — S’ils ont survécu, ils sont réduits à l’état de bêtes.
Fais d’eux ce que tu veux.
    Eeluk marqua une pause, se souvint de l’expression de défi
de Bekter et de Temüdjin.
    — Si tu trouves les fils aînés, amène-les-moi. Je leur
montrerai ce que les Loups sont devenus sous un khan énergique, avant de les
donner en pâture aux vautours et aux esprits.
    Tolui inclina sa lourde tête et murmura « À tes ordres »
avant d’aller choisir ses compagnons de chevauchée. Eeluk le suivit des yeux et
nota la détermination et la fermeté de son pas. La tribu avait oublié les
enfants de Yesugei. Quelquefois, il se demandait s’il n’était pas le seul à s’en
souvenir.
     
     
    Tolui quitta le camp avec Basan et Unegen. Les deux hommes
avaient près d’une trentaine d’années mais ils n’étaient pas nés comme lui pour
commander. Tolui n’avait vu que dix-huit hivers mais il savait que ses
compagnons craignaient son caractère irascible. Le jeune féal tenait à peine la
bride à son emportement et tirait plaisir des regards inquiets qu’il faisait
naître chez ses aînés. Il remarquait qu’ils se déplaçaient avec précaution
pendant les mois les plus froids et ménageaient leurs genoux. Tolui, lui, se
levait d’un bond dès son réveil, prêt à travailler ou à se battre, fier de sa jeunesse.
    Seul Eeluk n’avait jamais montré la moindre hésitation et
quand Tolui l’avait défié à la lutte le khan l’avait projeté par terre avec une
telle violence qu’il lui avait brisé deux doigts et une côte. Tolui éprouvait
une fierté perverse à suivre le seul homme pouvant l’égaler en force et il n’y
avait pas homme plus loyal parmi les Loups.
    Pendant les trois premiers jours, ils chevauchèrent en
silence. Les guerriers plus âgés gardaient une distance prudente avec

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