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Le Manuscrit de Grenade

Le Manuscrit de Grenade

Titel: Le Manuscrit de Grenade Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marianne Leconte
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contemplait des timbales en or brandies par des sirènes.
    — Bonne intuition acquiesça le sage. S’adressant alors à Yasmin d’un ton grave : tu es le Cœur de Feu. Dans cette histoire, ton rôle sera primordial et ta récompense cosmique.
    À ce moment, un serviteur sortit d’une pièce située à l’arrière de la boutique et chuchota quelques mots à l’oreille de son maître.
    — Il semblerait que vous soyez surveillés. Il vaut mieux que vous évitiez la porte d’entrée. Suivez Ali, il vous conduira à l’Alhambra par un ancien souterrain que plus personne aujourd’hui ne connaît.
     
    À l’extérieur de la boutique, plusieurs personnes attendaient la sortie du petit groupe. Les gamins des rues, qui espéraient toujours leur soutirer des sous, jouaient aux dés à l’ombre d’un figuier. Caché dans le ventre sombre d’une taverne où il sirotait une boisson foncée à base d’orge moulu accompagnée d’un verre d’eau, don Manuel s’impatientait. Les chercheurs de trésor étaient dans la boutique depuis plus d’une heure. Inquiet, il leva les yeux vers la chauve-souris qui virevoltait au-dessus de la place. Ses figures étaient de plus en plus erratiques. Comme si l’animal s’affolait de ne pas revoir les quatre fugitifs.
    À la fin, l’hidalgo n’y tint plus et décida d’aller explorer Les Trésors d’Osiris . Après en avoir fouillé tous les recoins, il dut se rendre à l’évidence, les visiteurs avaient disparu. Il hésita à réveiller le vieillard endormi dans son fauteuil puis décida sagement de n’en rien faire.

13
    Bab al-Sana
    D ANS LA CHAMBRE HAUTE DE LA TOUR DE C OMARÈS , Mahmoud accueillit le retour de sa chauve-souris avec satisfaction. Elle se posa sur le plateau de la grande table et lui offrit son œil bleu où il put lire le parcours des fugitifs. Quand le petit groupe s’enfourna dans la boutique de Khider le Sage, l’une des seules personnes qu’il craignait en ce monde, Mahmoud grimaça. Mais ce qui le fit sortir de ses gonds fut la vision de don Manuel entrant dans le magasin du savant. Ainsi, non seulement l’émissaire des Rois Catholiques était resté à Grenade, mais il espionnait les chercheurs de trésor. Mécontent, le sorcier envoya l’une de ses créatures quérir la sultane mère. Le chat noir revint bientôt en compagnie d’Aïcha. Un simple regard sur le visage consterné de son amant la convainquit de la gravité de la situation.
    — Que se passe-t-il ?
    — L’ambassadeur est toujours dans nos murs. Il a retrouvé la trace des fuyards. S’il s’empare du manuscrit, nous sommes perdus. Nous serons obligés d’abandonner cette cité le 2 janvier 1492. Les chrétiens auront gagné.
    Les yeux noirs de la sultane se rétrécirent, signes d’une grande contrariété. Sa peau nacrée, qui avait la finesse d’une perle, rosit à peine, mais quand elle parla, son timbre était métallique :
    — Que pouvons-nous faire ?
    — Contraindre Pedro Gomenez à nous livrer le manuscrit s’il le découvre avant nous.
    — Où sont ces jeunes gens actuellement ?
    Le silence du sorcier lui donna la réponse. Elle s’exclama :
    — Xana a perdu leur trace ? Comment est-ce possible ?
    — Khider les a aidés.
    — Et don Manuel ?
    — Il est ressorti dépité de la boutique de curiosités. Grâce à Xana, nous les retrouverons avant lui.
     
    Les quatre compagnons marchaient depuis plus d’une heure dans le souterrain quand ils aperçurent enfin la lumière du jour. Ils débouchèrent dans le jardin sauvage d’une maison délabrée. Ali leur montra du doigt l’aqueduc qui entrait dans les soubassements de la muraille de l’Alhambra, puis il rebroussa chemin, les laissant seuls dans la nature. Pedro s’engagea d’un pas décidé sur le sentier qui longeait l’aqueduc, les autres le suivirent. Ils arrivèrent bientôt près des remparts de la forteresse qu’ils contournèrent pour parvenir à leur objectif. Ils n’étaient pas seuls. De nombreux Grenadins se rendaient au même endroit qu’eux pour demander audience ou déposer une plainte. Une fois par semaine, le cadi recevait ses administrés et écoutait leurs doléances.
    Arrivé devant la Porte de Justice, une majestueuse double porte polychrome, Pedro s’arrêta et leur montra du doigt le haut du premier arc en fer à cheval :
    — Regardez le centre de la clé de voûte ! Voici la main dont nous a parlé le vieil homme.
    Comme ses compagnons se

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