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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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multitudes de crânes troués exciter la
curiosité ou la convoitise des visiteurs.
    Le mythe est évident, et très révélateur. Mais c’est un
autre problème. Sur le plan historique, il y a beaucoup de choses à dire
également. Il s’agit en effet d’une substitution de cultes : l’évêque d’Avranches,
probablement inquiet des résurgences du paganisme celtique – ou gallo-romain – dans
la région du Mont-Tombe, a voulu opérer une récupération. Comme il ne pouvait
extirper la croyance que sur le Mont-Tombe, que frappait régulièrement la
foudre, se trouvait l’un des séjours – et pourquoi pas le principal séjour – d’une
divinité céleste combattant avec les forces des Ténèbres, il prit exemple sur
ce qui s’était passé en Italie, dans les Pouilles, au Monte-Gargano. Saint
Michel était apparu au Monte-Gargano : pourquoi n’apparaîtrait-il pas au
Mont-Tombe ? Il faut noter cependant que c’est à Avranches et non sur le
Mont que saint Aubert aurait eu sa vision. Mais la légende hagiographique
ajoute que, se rendant sur le Mont-Tombe pour y accomplir le vœu de l’Archange,
à savoir la construction d’un sanctuaire, il aurait déterminé l’emplacement de
ce sanctuaire, comme au Monte-Gargano , par la
présence d’un taureau, ce qui évidemment nous renvoie au culte mithraïque
particulièrement florissant dans cette région, si l’on en croit les nombreuses
découvertes archéologiques qui y ont été faites d’autels tauroboliques.
    Historiquement, la fondation d’un oratoire dédié à saint Michel
par saint Aubert sur le Mont-Tombe est l’indice d’une substitution de culte. Le
reste est affaire de foi et de mythologie. Mais cet événement a conditionné, pour
de nombreux siècles, non seulement le comportement religieux des habitants de l’Avranchin
et des riverains de la Baie, mais encore toute la Chrétienté occidentale, avec
des prolongements en Grande-Bretagne et en Irlande.
    Il est fort probable que, sur le Mont-Tombe, des ermites
avaient trouvé un asile discret et isolé pour leurs méditations lorsque l’évêque
d’Avranches décida de mettre en œuvre l’ordre de saint Michel. Aubert dut les
convaincre de la réalité de sa vision et leur conseilla certainement de
participer à l’œuvre qu’il allait entreprendre. Et, avant toutes choses, pour
être sûr d’assurer la continuité, il envoya des hommes de confiance, des moines,
vers le Monte-Gargano, avec mission de rapporter une relique de saint Michel
qui pût emporter l’adhésion et l’enthousiasme des fidèles évidemment sollicités
pour mener à bien le projet. Les messagers rapportèrent ce que demandait Aubert :
un morceau du manteau rouge que Michel portait lors de son apparition en Italie,
et un fragment de l’autel de marbre sur lequel il avait posé le pied. Il n’en fallait
pas plus pour justifier le nouveau sanctuaire, et ces précieuses reliques – que
n’importe qui pouvait se procurer n’importe où – furent déposées pieusement
sous l’autel du nouveau sanctuaire que s’était empressé de faire bâtir l’évêque
d’Avranches. Où se trouvait ce sanctuaire ? Peut-être sur le sommet, à l’emplacement
probable d’un mégalithe, d’un menhir si l’on en croit une légende locale.
    Quoi qu’il en soit, c’est le 16 octobre 708, ou 709, que
l’évêque d’Avranches consacra le lieu à l’Archange saint Michel. Et du même
coup, il organisa la vie religieuse du Mont. Jusqu’alors, il n’y avait que
quelques ermites qui occupaient des cabanes de branchages et qui, semble-t-il, ne
formaient aucune communauté véritable. Saint Aubert les réunit dans une foi et
un culte qu’il tint à entretenir lui-même jusqu’à la fin de sa vie. Mais cette
nouvelle « fraternité » ne devait avoir rien de comparable avec un
monastère : tout au plus s’agissait-il d’une de ces abbayes à la mode
celtique qui regroupait, autour d’un sanctuaire, des ermites qui priaient
ensemble et s’entraidaient quand le besoin s’en faisait sentir. Cependant, saint
Aubert les attacha fortement au sanctuaire de saint Michel et leur donna des
terres prises sur les biens de l’évêché. Ainsi naquit Saint-Michel-en-Tombe. Et,
lorsqu’il mourut, l’évêque d’Avranches se fit enterrer dans une chapelle
Saint-Pierre qu’il avait fait construire. La légende raconte d’ailleurs que
saint Aubert avait pourvu au ravitaillement en eau potable de la communauté en
faisant

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