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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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fait, avant d’être des messagers ( angeloi en grec), les Anges sont d’abord les messages de Dieu. C’est dans l’évolution de la spéculation religieuse qu’ils deviendront
des entités indépendantes. À travers la notion de message que traduit le mot
grec angelos apparaît alors la notion de « mission
à accomplir » que traduit le mot hébreu mal’akh par lequel la Bible désigne l’Ange.
    Bien sûr, cela n’est pas sans rappeler les éons de la pensée gnostique, et sur lesquels tant de
commentateurs se sont penchés sans pour autant parvenir à les définir. Le
problème posé demeure toujours le même : émanation ou création ? On
sait que, dans la tradition néo-platonicienne, qui est une refonte
hellénistique – avec toutes les influences orientales ou même
extrême-occidentales que cela suppose – des idées émises par Platon (beaucoup
plus que par Socrate qui sert souvent de prête-nom), l’aspect angélique est
constamment abordé, ne serait-ce que par le biais des archétypes ou encore par
le biais des ailes symboliques dont sont gratifiés les personnages divins ou
surnaturels. La question n’est pas de savoir si le néo-platonisme a emprunté à l’hébraïsme,
ou si l’hébraïsme n’a pas été nourri aux mêmes sources que le néo-platonisme :
il s’agit d’un courant de pensée commun à toutes les grandes religions de la Méditerranée
orientale. Il est surtout essentiel de constater qu’on retrouve dans le Christianisme
primitif, dans le judaïsme alexandrin et dans les diverses sectes gnostiques, les
mêmes lignes directrices du néo-platonisme adapté à la révélation évangélique. Et,
plus tard, l’Islam ne se fera pas faute d’y emprunter les éléments fondamentaux
de sa mystique et de sa théosophie, notamment dans la sphère soumise à l’influence
shî’ite.
    C’est dans les ouvrages de Procus que l’angélologie néo-platonicienne
apparaît le plus clairement. « Dès que la méditation du philosophe
rencontre le mystère divin de l’ Absconditum comme inconnaissable, toutes les délibérations de la théologie scolastique sur
les Noms et Attributs qu’on lui confère, lui apparaissent vaines, et la
philosophie se replie en une attitude négative. En revanche, quand la
conscience naïve exalte l’Être Divin comme un Ens
supremum , un Étant suprême, si élevé qu’on le veuille au-dessus des
Étants, cet Ens supremum doit être lui-même le
support des Noms et Attributs qui lui sont conférés. Si éminent que soit le
sens où l’on entend ces Attributs, l’anthropomorphisme sera plus ou moins un
fait accompli. Ou bien alors, on prendra refuge dans l’allégorisme, qui exténue
toute la force du Verbe révélé. » [14] . C’est alors qu’apparaît
la nécessité de placer, entre l’ Ens supremum et les Étants, des puissances intermédiaires qui expliquent l’un et les autres.
« Tant que le monothéisme exotérique pose l’Être Divin comme un Ens supremum , il est menacé de retomber
paradoxalement dans la pire idolâtrie métaphysique. Il ne peut l’éviter que
dans la mesure où il provoquera une métaphysique de l’être qui institue un tout
autre rapport entre l’ être qui n’a jamais pu
ni ne pourra ne pas être , et les étants qu’il met en acte d’être. Ce rapport sera
essentiellement théophanique. » Et à partir des thèmes platoniciens des
essences pures, des archétypes et des relations subtiles entre des mondes qui
ne sont pas du même degré de relation tout en étant de même nature, Procus
établit une hiérarchie spirituelle et symbolique dans laquelle se reflètent à
la fois une théogonie et une cosmogonie.
    Cette hiérarchie néo-platonicienne comprend, selon Procus, trois
ordres principaux. Tout en haut de l’échelle, se trouve l’ordre infiniment
supérieur qui comprend le Un , c’est-à-dire le « premier
dieu », et les hénades , émanations de l’ Un . Cet ordre est évidemment inconnaissable, ineffable
et totalement abscons, représentant la plénitude absolue, ce qui existe en-soi
et pour-soi. Au-dessous, un second ordre est celui des Dieux transcendants, assurant
le va-et-vient entre l’ Un et le Multiple , comprenant les Dieux intelligibles, les
Dieux intelligibles-intellectifs et les Dieux proprement intellectifs. Le
troisième ordre, enfin, est celui des Dieux du Monde, autrement dit des Dieux
manifestés. Il comprend les Dieux hypercosmiques, les Dieux encosmiques

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