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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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accompagné de Bembo.
    « Eh bien, s’écria celui-ci quand ils furent hors du palais, que dis-tu de l’aventure ?
    – Je dis qu’un pareil secret vaut plus de cinq mille écus !
    – Patience, patience ! Tu n’es qu’au commencement.
    – J’y compte bien, par la mitre de saint Pierre, mon patron ! »
    Bembo rentra dans son palais. Il ne prêta aucune attention à deux hommes mal vêtus qui l’avaient suivi jusqu’au palais ducal et qui l’accompagnèrent alors jusqu’à sa porte. Un homme vêtu en barcarol les rejoignit et causa un instant avec eux.
    « Eh bien ? demanda-t-il.
    – Il est sorti pour aller au palais ducal, accompagné du faiseur de contes. Il vient de rentrer seul.
    – Ne le perdez pas de vue, et ce soir à onze heures, n’oubliez pas le signal. La barque ?
    – Est amarrée devant le palais de la courtisane. »
    Le barcarol fit un geste de satisfaction et s’éloigna.
    La journée se passa pour Bembo sans incident. Son esprit se tendait vers une pensée unique : Bianca. Le soir vint. A huit heures, Bembo s’habilla d’un costume à demi militaire, à demi civil. Il passa un pistolet à sa ceinture. Il plaça une dague à forte lame dans sa manche, et ainsi pourvu, sortit du palais en s’enveloppant d’un manteau. Lorsqu’il arriva devant le palais d’Imperia, il n’était encore que huit heures et demie. Bembo sauta dans une gondole et dit au barcarol :
    « Conduis-moi où tu voudras, et sois ici vers neuf heures. »
    Il se coucha au fond de la tente, se laissant bercer par les mouvements moelleux de la barque. Il avait la tête en feu. Il frémissait d’impatience. Enfin, n’y tenant plus, au bout de vingt minutes, il jeta cet ordre :
    « Ramène-moi où tu m’as pris. »
    Lorsque la gondole accosta, neuf heures venaient de sonner.
    Bembo paya le gondolier et sauta à terre.
    « Pourquoi, songeait-il, cet homme a-t-il désiré que je sois là dès neuf heures ? Comment vais-je passer les deux heures qui me séparent du moment… »

    *
    * *

    Vers neuf heures et demi, la courtisane Imperia causait avec le secrétaire de l’Arétin. Celui-ci l’avait entraînée vers une fenêtre donnant sur le canal.
    « Voyez ! dit-il en lui désignant une ombre qui allait et venait sur le quai.
    – C’est lui ! murmura la courtisane en frissonnant.
    – Oui, lui ! Lui qui rôde autour de votre fille, tous les soirs, et qui guette le moment propice…
    – Oh ! vous m’avez promis de sauver ma fille !…
    – Dès demain, j’agirai.
    – Sauvez ma fille, murmura Imperia.
    – Je vous le répète, madame ; dès demain, votre fille sera
sauvée. »
    Il appuya étrangement sur ce mot, puis ajouta :
    « J’espère qu’il n’est pas trop tard ! Avec un pareil homme, il faut toujours s’attendre aux coups les plus imprévus… »
    Dix heures sonnèrent.
    Le secrétaire d’Arétin prit congé d’Imperia. Dix minutes plus tard, sous la tente d’une gondole, Roland reprenait le costume de barcarol qu’il avait endossé pour promener Bembo.
    Après le départ de celui qu’on appelait maître Paolo, Imperia était revenue à cette fenêtre qui donnait sur le quai.
    « Il est toujours là ! » murmura-t-elle.
    Elle prit un flambeau et se dirigea vers cette partie du palais qu’habitait Bianca. La jeune fille n’était pas couchée.
    En apercevant sa mère, elle courut à elle.
    « J’attendais votre visite comme tous les soirs, ma mère.
    – Tu ne m’en veux donc plus ? Tu n’es donc plus triste ?
    – Est-ce que je puis vous en vouloir longtemps, mère ?… Ah ! si vous vouliez m’écouter, comme vite nous nous en irions d’ici !…
    – Oui, oui… bientôt, mon enfant ! »
    A ce moment, la fenêtre craqua, les vitraux volèrent en éclats, deux hommes sautèrent dans la chambre, puis deux autres, et d’autres encore. Imperia, avec un cri d’épouvante, avait saisi sa fille dans ses bras et bondi vers la porte en hurlant les noms de ses serviteurs qu’elle appelait au secours ; mais elle s’arrêta, saisie d’horreur : la porte était fermée en dehors !
    Alors elle se retourna furieuse, un poignard à la main. Mais au même instant, elle fut saisie par des bras vigoureux, ligotée et bâillonnée.
    « A moi, mère, à moi ! » cria Bianca.
    Alors, une épouvantable vision passa devant les yeux de la courtisane. Des hommes masqués s’emparaient de sa fille. Ils jetaient sur sa tête une écharpe qu’ils

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