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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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amour.
    – Viens-tu au chenil ?… Oui, je tremble d’aise et de froid, dit-elle.
    Des lèvres jusqu’aux extrémités de ses doigts aux ongles pointus, les frissons d’une frénésie macabre la secouaient. Elle n’était ni Messaline ni la funeste fée Morgane, en cet instant, mais une Circé en quête d’un pourceau.
    – Eh bien, dit-elle avec une espèce de résignation enjouée, montons. Les chiens attendront demain, et dès après-demain, je serai ta levrette.
    Comme ils venaient de passer devant Ydoine, Tristan fut ébahi qu’elle lui eût lancé une œillade aimable, sinon complice. Il n’avait pourtant rien fait pour l’apprivoiser !
    Il continua de marcher en s’interrogeant sur cet accès de débonnaireté.
    « Pourrait-elle un jour devenir mon alliée ? »
    Cette conjecture lui parut énorme. Aussi énorme que la servante. Bien qu’aucun fait précis ne l’y encourageât, il se surprit soudain à espérer son aide.

V
     
     
     
    Avril passa, verdoyant, pluvieux et morne. L’humeur de Mathilde suivit le cours du temps. Flairant la maussaderie de son conjoint à travers ses sourires aussi trompeurs que ceux de ses faux-visages, emmaladie, surtout, par la mélancolie du temps, elle devint sombre et chatouilleuse – dans le mauvais sens du terme. Tandis que Tristan parvenait à se purifier l’esprit en réveillant de leur léthargie les meilleures images de son passé, elle s’accrochait aux événements récents, voire quotidiens, sans trouver de remède à sa mésavenance, d’émoi dans ses appétitions et de plaisir dans leur aboutissement.
    Ce qui, songeait Tristan, consternait son épouse, c’était son impuissance à extirper de son esprit d’homme soumis à une vassalité singulière tout ce qui ne ressortissait pas à son règne, soit sur lui-même, soit sur Montaigny. Le souvenir d’Oriabel, qu’elle savait magnifié en sa mémoire, insultait son adoration. Quant à lui, qu’eût-il pu se reprocher ? Il ne cessait de se montrer d’une intégrité scrupuleuse envers sa bienfaitrice : il forniquait de son mieux, avec une bienveillance dont elle ne soupçonnait pas la fausseté.
    – Tu t’es… dépensé, lui dit-elle un matin avec ce sourire un peu tremblant dont il ignorait toujours s’il présageait un orage ou quelque nouvelle convoitise Comment te sens-tu ?
    – Prisonnier.
    À un bref et léger froncement des sourcils, il comprit qu’elle ne voudrait rien savoir de ses doléances. Tout fois, il insista, la voussoyant – ce qu’elle détestait :
    – Quelle est ma liberté en ces murs ?… Si je sors maintenant dans la cour, je trouverai deux ou trois de vos satellites sur mon chemin et d’autres aux fenêtres. Si je veux aller galoper une lieue, vous me direz que la contrée recèle tous les pièges qui se puissent imaginer, de sorte que si vous ne voulez me compagner, je serai entouré par Panazol et quelques autres gens d’armes, ce dont je me verrai grandement offensé.
    – Ils ne sont pas méchants avec vous, que sache !
    Insensible à cette interruption qui, pourtant, prêtait à commentaire, Tristan poursuivit :
    – Veux-je aller seul à l’armerie ? J’entrevois çà là des ombres immobiles comme autant d’armures noires. Me plaît-il de revenir dans cette chambre pour y faire ce que les Espagnols de Brignais appelaient sexta hora et les Aragonais la siesta, vous y apparaissez pour vous jeter sur moi et m’empêcher le repos.
    – N’es-tu point heureux que tu me plaises tant ?
    Il soupira pour s’interdire une réponse offensante. Un jour, il le savait, dans l’âme sombre de Mathilde, la méchanceté balaierait cette appétition déraisonnable ! Elle n’était pas ce qu’il avait cru tout d’abord : une émule de Perrette Darnichot ; elle était pire. La dernière savait espacer ses ardeurs et même, sans doute, les maîtriser ; Mathilde s’en montrait incapable.
    – Tu me dois amour et respect. Tu me dois ta jeune existence. Elle me régénère.
    Elle ignorait ce qui avait composé cette « jeune existence » hormis ses liens avec Oriabel. Elle exécrait pourtant cette vie d’avant leur mariage dans la mesure où elle y discernait – faussement d’ailleurs – quelques amourettes.
    – Tu te ferais occire pour protéger cette pute ! Tu verserais ton sang pour elle… sans barguigner !
    Décidément, déjà, c’était la haine. Tout au moins le ressentiment. La certitude de partager inéquitablement et à

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