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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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autre circonstance, il s’en accommodait, cependant que l’Archiprêtre cherchait une repartie et croyait la trouver dans le regard éberlué de Panazol :
    – Je ne suis pas venu pour parler de la guerre.
    En s’inclinant juste ce qu’il fallait, Tristan se souvint tout à coup qu’il n’était pas seul à exécrer Cervole. Lors de la veillée qui avait précédé la mêlée de Poitiers, un chevalier de petit estoch 100 avait médit outrecuidant. Il l’avait, disait-il, connu en ses débuts. Ce confident s’appelait Thierry… Champartel. Né à Savignac, en Pierregord, il était devenu Normand par le mariage. «  Il n’est de pire vipère  », disait-il, cet homme-là. Il regarde un peu trop du côté Anglais pour ne pas chercher à y voir apparaître quel qu’un de connaissance. Si mon beau-frère était présent, il vous confirmerait mes soupçons et ma haine. » Qui était ce beau-frère ? Où se trouvait-il ? Lors de la bataille, une volée de sagettes les avait séparés. Il se pouvait que Champartel fût mort.
    – Ah ! Les traîtres, ricana Cervole. Comment le devient-on ? Je ne saurais vous répondre étant, moi, franc comme l’or !
    Les compagnons du présomptueux s’ébaudir. Et Panazol. Ils savaient, eux. Ce mensonge énorme dont ils croyaient peut-être que tous, à l’entour, le prenait pour… argent comptant, les égayait sans qu’aucun d’eux ne s’aperçût que Paindorge, Callœt et Beltrame y avaient découvert malice. Floridas, qui suait son vieux jaque jazequéné 101 coupé au-dessus des genoux, se tapotait la poitrine comme pour y apaiser les sursauts d’un cœur endolori par tant de gaieté.
    – Au fait, dit l’Archiprêtre, il convient que je vous présente mes compagnons… Celui-ci, c’est Floridas. On ne sait, ni même lui, d’où il tient ce soubriquet… Son nom véritable est le petit Darby 102 , qu’il ne surtout confondre avec l’Anglais Derby… C’est mon cousin, aussi vrai que je suis archiprêtre de Vélines, en Pierregord… L’autre, c’est Bernard Donat… Il m’a quitté, il y a quelques années, pour une histoire de femme qu’il prétendait aimer… Mais je vous le demande : peut-on aimer une Juive ? Mon compère brûlait de passion pour elle ; elle s’est consumée sur des fagots ardents… Pas la passion, la fille !
    Une lueur étrange passa sous les sourcils de ce compère au visage presque invisible dans l’orbe du bassinet : le reflet d’une haine sourde, péniblement contenue. C’était un routier. Sa mauvaiseté latente s’exprimait par le jeu incessant de ses mains, sous leurs mailles vernies de noir. À qui en voulait-il sinon à l’Archiprêtre (442) .
    – Et lui c’est Heurteloup, mon fidèle Heurteloup.
    Le bidau riait aux anges – s’il pouvait en voir ! – quand le regard de Tristan tomba sur son épée. Le sursaut qu’il en eut divertit l’Archiprêtre.
    – Hé quoi, l’ami ?… Que vous prend-il ?
    Tristan considéra, dans son fourreau de cuir déchiré en son milieu, la prise d’une arme dont les quillons hendés 103 lui rappelaient sa Floberge. Il l’avait maniée solidement, sur la pente du Mont-Rond, avant d’être assommé.
    – Où a-t-il trouvé cette arme ?… Ce ne peut-être qu’à Brignais. C’est là que je l’ai perdue.
    – C’est la tienne ? demanda Mathilde.
    Tristan ne lui répondit pas. « Pour que ce Heurteloup la possède, c’est que Cervole et ces trois-là étaient présents lors du partage du butin de guerre ! » L’Archiprêtre cessa tout à coup de sourire :
    – Veux-tu, Castelreng, que mon serviteur te la restitue ?
    – Non ! hurla Heurteloup courroucé. Je la tiens de Bagerant et non de vous, messire !
    Il serrait la prise de la Floberge avec une vigueur qui lui blanchissait toute la main.
    – Rends-la-lui. Je suis sûr qu’il dit la vérité. Je te donnerai un de mes jaserans de mailles en échange… Tu vois que tu n’y perdras pas.
    Et tourné vers Tristan, l’Archiprêtre ajouta :
    – Dieu a mis son doigt… ou sa main sur cette épée. Les routiers en ont glané des milliers… Il a fallu que ce soit la tienne !
    – Ce n’est pas Dieu, dit Tristan tout en ceignant avec plaisir son arme. C’est messire saint Michel qui fit en sorte qu’elle me fut restituée.
    Mathilde ne put s’empêcher de sourire. Panazol, lui, s’ébaudit bruyamment. Comme il était le seul, sa gaieté se résorba aussitôt. D’ailleurs, ils venaient

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