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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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vous : six. Panazol : sept. J’en espérais huit. Où est donc Marie ?
    – Partie dans sa famille.
    – Mais… elle m’avait dit qu’elle n’en avait pas.
    – Elle s’est jouée de vous comme de tous les hommes.
    Pour la première fois depuis qu’il la connaissait, Tristan vit Mathilde perdre contenance. Il semblait qu’elle allait périr d’étouffement. Elle saisit un hanap, un cruchon et soupira un bon coup lorsqu’elle eut lampé ce vin de Mâcon auquel il trouvait un goût de mâchefer – pour autant qu’il en eût croqué !
    L’Archiprêtre n’avait pas insisté, mais son étonnement subsistait. « Tout autant que le mien », songea Tristan, tourné derechef vers Mathilde dont le regard fuyant cherchait où se poser.
    – Bien ! Bien !… Que Marie soit heureuse et que cette bichette, que j’aimais bien, se trouve un dix-cors vigoureux !
    Et après avoir vidé un hanap demi-plein servi par Heurteloup, l’Archiprêtre considéra son hôtesse d’un air dépourvu de la moindre décence, mais dont celle-ci parut à peine incommodée.
    Tristan se sentit seul, presque menacé, tandis que Mathilde entraînait son visiteur vers la fontaine. Quand il se fut lavé les mains en hâte, elle lui tendit la serviette et ils rirent après que Cervole lui eut restitué le linge.
    « Une bourde cochonne… Cette gaupe aime ça ! »
    –  Vous repartez demain ? interrogea Mathilde.
    – J’y suis contraint… Vous m’accordez, bien sûr, votre hospitalité ?
    – Bien sûr.
    « C’est peut-être ce soir… cette nuit qu’il me faut m’enfuir. Laissés à leur appétit et à leur soif, les hommes seront ivres, incapables de me pourchasser… Si je réussis dans mon entreprise, elle en fera mettre quelques-uns dans des tonneaux patibulaires… Dois-je me confier à Paindorge et aux autres ?… Non ! J’ai mon épée… Elle m’a toujours porté bonheur. Je réussirai ! »
    Ydoine déposa sur le plateau une miche de pain aussi grosse et oblongue qu’un de ses seins. Heurteloup voulut la saisir et la rompre, mais un poignard lancé par Bernard Donat se planta près de la dextre du coquin, le dissuadant de recommencer.
    Tristan tira la lame enfoncée profondément dans le bois et la tendit à son propriétaire :
    –  Si VOUS aviez voulu le clouer sur ce plateau, je suis sûr que vous y seriez parvenu !… Dommage…
    – Quoi ? Dommage ?
    Le regard de Donat étincelait. Il détestait qu’on le fît languir sur un mot, une phrase. La contrariété le révulsait.
    – Dommage que vous soyez du mauvais côté.
    – Ne préjugez de rien, messire !… Si nous nous retrouvons un jour, peut-être me donnerez-vous l’accolade !
    – Où avez-vous appris à manier le couteau ?
    – Un parent à moi qui se nomme Jean. (444)
    – Si vous poignez l’épée aussi bien que cette lame, je serais inquiet de vous affronter !
    Le compliment glissa sur Bernard Donat. Peut-être le croyait-il insincère ou parti de trop bas pour être relevé. Abandonnant l’orgueilleux, Tristan s’approcha de la cheminée. Le crépitement des bûches, le clapotement de la sauce dans la lèchefrite composaient une petite musique allègre. Rien de tel, pour se rasséréner, que d’assister aux envols des flammes et des étincelles. De loin, Mathilde lui sourit comme elle eût souri à un fils malade et sans doute mortellement atteint. Le feu moqueur serré entre ses paupières semblait plus vif, plus clair à mesure de ses libations. Mais trop près du foyer, ses fards moitissaient, fondaient. Il l’en prévint d’un geste dont elle lui sut bon gré d’un clin d’œil qu’elle voulait peut-être complice et juvénile, mais qui eût convenu à l’une de ces femmes qu’on trouvait apostées dans certaines rues avant que les gens du guet, à la vesprée, n’en vinssent interdire les issues par des chaînes.
    – Vous semblez, mon époux, d’une humeur affligée.
    Elle lui resservait du vous. Tenait-elle à faire accroire à l’Archiprêtre que leur mariage n’était que de convention ?
    – Nenni, je vais fort bien… Je te laisse à ton hôte.
    – Adonques asseyons-nous et mangeons, dit-elle en claquant dans ses mains. Ah ! Te voilà enfin, Panazol… Assieds-toi là, près de celui qui fut ton capitaine.
    Ydoine versa de grandes louchées de brouet dans les écuelles. Tristan prêta l’oreille aux gargouillis des bouches et tintements des cuillers. Mathilde s’était placée à la

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