Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le prix du sang

Le prix du sang

Titel: Le prix du sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
réalise certainement aujourd’hui. Je vous ai toujours considéré comme un bon parti.
    Le marchand marqua une pause afin de rompre avec son ton pompeux, puis reprit avec une mine narquoise :
    â€” Au fond, votre seul défaut est de voter conservateur. Mais dans les circonstances présentes, cela peut même présenter un avantage.
    Le futur marié répondit d’un sourire entendu. Rien ne lui permettait de douter de la sincérité de ces paroles : habituellement, les pères se montraient plus enclins que leur fille à le considérer comme un prétendant convenable. Thomas demanda après un nouveau silence :
    â€” Avez-vous songé à une date?
    â€” Le 17 octobre.
    L’homme émit un petit sifflement, puis convint après une pause :
    â€” Une échéance bien courte, mais les obstacles seront faciles à lever. Je nous verse chacun un verre, puis nous irons rejoindre la promise.
    Un instant plus tard, Thomas posait son cognac sur un guéridon et embrassait sa fille en lui murmurant « félicitations » à l’oreille. En réalité, il se congratulait lui-même : la catastrophe de 1908 se terminait finalement plutôt bien.
    â€” Je monte, afin de demander à Élisabeth de se joindre à nous.
    La grimace d’Eugénie lui échappa. Quelques minutes plus tard, la jeune femme, raidie, toléra mal l’étreinte de sa belle-mère, recevant ses bons mots avec un « merci » à peine audible. Fernand accueillit quant à lui la bise sur chacune de ses joues en rosissant un peu.
    â€” Je vous félicite. Le chemin fut long.
    â€” Plutôt, oui.
    â€” Je vous souhaite tout le bonheur que vous méritez.
    Après quelques minutes de gaieté un peu affectée, les parents montèrent à l’étage afin de laisser les tourtereaux à leur bonheur…
    * * *
    La nouvelle silhouette du pont de Québec, toujours en reconstruction, se révélait beaucoup moins gracile comparée à celle de l’ouvrage effondré en 1907. Chacun voulait croire en une promesse de plus grande robustesse. Si Édouard avait convaincu Clémentine de pousser la promenade en voiture jusque-là, depuis quelques minutes, une architecture plus intime retenait toute son attention.
    La banquette arrière procurait tout le confort possible. La jeune femme, la tête inclinée vers l’arrière, acceptait la bouche goulue sur la sienne. La langue du garçon contre ses lèvres entraîna d’abord un mouvement de recul et une acceptation passive de l’intrusion ensuite. Après quelques instants, elle acceptait d’entamer un agile petit ballet.
    La blonde demoiselle alternait les tentatives de raidissement et de résistance aux privautés, puis les instants de langueur, d’abandon au plaisir qui lui nouait le ventre. Dans l’un et l’autre cas, elle crispait ses doigts sur les épaules de son compagnon. Quand la bouche descendit sur son menton, atteignant la peau très douce du cou, une plainte énamourée lui échappa. Le gémissement agit comme un déclencheur sur Édouard. Sa main quitta le ventre chaud et souple pour remonter sur la poitrine. Il commença à détacher les petits boutons du corsage.
    Clémentine saisit les doigts trop audacieux dans les siens, les immobilisa, le temps que la bouche du garçon revienne contre la sienne et la pénètre de la langue en un simulacre d’un contact plus intime encore. La main put bientôt reprendre le lent déboutonnage. Les doigts féminins esquissèrent sur elle une petite caresse. Le labeur reçut sa récompense : Édouard posa bientôt sa paume directement contre la peau du ventre, la laissa remonter sous le tissu lâche de la brassière, jusqu’à saisir un petit sein à l’arrondi parfait, couronné d’une fraise turgide.
    â€” Non, c’est mal, réussit-elle à articuler malgré le bâillon du baiser.
    Le nouveau sursaut de pudeur amena le garçon à abandonner la bouche entrouverte pour susurrer de sa voix la plus caressante, suave même :
    â€” Tu es si belle… Je ne peux résister. S’il te plaît, ne m’arrête pas.
    Ã€ nouveau, les langues reprirent une petite danse agile. Les lèvres mouillées de salive, frottées les unes contre les autres, enlevèrent

Weitere Kostenlose Bücher