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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Morin,
tu travailles pas pour la police. Occupe-
    toi juste des
affaires qui se passent chez vous.
     
    - Vous êtes tous
pareils, les maudits hommes! fit sa femme. Vous vous sentez ben forts quand
vous piochez sur les faibles femmes.
     
    - Aïe! Exagère
pas, cybole! protesta Gérard. D'abord, je l'ai vue, la Rose Beaulieu. Elle
donne pas tout à fait l'impression d'être une faible femme. Elle a de la misère
à passer dans les cadrages de porte. Et pour toi, je me souviens pas d'avoir
jamais levé la main sur toi.
     
    250
    - Ah ben, bout de
viarge! J'aimerais ben voir ça, par exemple, s'emporta Laurette qui venait de
se dresser sur un coude dans le lit pour tenter de voir le visage de son mari
dans l'obscurité.
     
    - Couche-toi donc
au lieu de t'énerver pour rien, lui conseilla Gérard, agacé.
     
    Le silence
retomba dans leur chambre à coucher. Une auto passa devant leur fenêtre.
Laurette tendit l'oreille. Il lui semblait entendre des sanglots en provenance
de la pièce située au-dessus, à l'étage.
     
    Dans la chambre à
coucher des garçons, Gilles demanda à son frère avant de se tourner sur le côté
pour dormir:
     
    - Est-ce que tu
poses des affiches demain soir, après avoir travaillé au garage de mon oncle?
     
    - Oui. J'ai
l'intention de commencer de bonne heure pour finir vers neuf heures. On va
faire la rue Notre-
    Dame.
     
    - Je vais te
rejoindre quand j'aurai fini les livraisons chez Living Room.
     
    - Pour faire
quoi?
     
    - J'ai rien à
faire de la soirée. Je te donnerai un coup de main pour porter les affiches.
     
    - C'est pas
nécessaire.
     
    Gilles n'ajouta
rien et se contenta de tirer un peu sur la mince couverture grise pour se
couvrir l'épaule, malgré la chaleur régnant dans la pièce. Son jeune frère ne
dit rien non plus. Il avait compris que son frère aîné désirait l'accompagner
pour le protéger si quelqu'un voulait encore s'en prendre à lui.
     
    Gilles était plus
costaud que lui, même s'il mesurait deux pouces de moins. Sa présence allait
être rassurante.
     
    251
     
    Le lendemain,
premier jour de juin, le temps fut idéal.
     
    Une petite brise
en provenance du sud avait chassé toute trace d'humidité et le soleil
réchauffait agréablement l'atmosphère.
     
    Richard revint
tôt du garage de Rosaire Nadeau. Sa mère lui servit son souper bien avant les
autres membres de la famille pour lui permettre d'aller travailler.
L'adolescent engloutit le boeuf haché et les pommes de terre rissolées en
quelques minutes.
     
    - Est-ce que
Gilles vous a dit qu'il venait travailler avec moi, à soir? demanda-t-il à sa
mère.
     
    - Oui. Il m'a dit
ça à matin, avant de partir. J'aime ben ça jouer à la serveuse de restaurant et
servir des repas à n'importe quelle heure, ronchonna-t-elle en s'emparant de
son assiette sale et de ses ustensiles demeurés sur la nappe cirée.
     
    - J'aurais pu me
faire des sandwichs, avança Richard.
     
    - Laisse faire.
Vous en avez déjà mangé à midi.
     
    Richard quitta la
maison et salua son père, debout devant la porte d'entrée. Ce dernier discutait
encore de politique avec le voisin. Pendant un bref moment, l'adolescent eut la
tentation de dire au passage à l'éboueur, fervent partisan du parti libéral,
qu'il travaillait pour son candidat, uniquement pour embarrasser son père. Il y
renonça de crainte d'être retardé. Il se dirigea d'un pas rapide vers la rue
Sainte-Catherine.
     
    Il approchait du
local occupé par la permanence quand il reconnut l'imposante carrure de Pierre
Crevier qui marchait quelques pas devant lui. Il s'empressa de s'approcher de
lui par derrière.
     
    - Ouach! Il y a
quelqu'un qui a pris son bain dans du Old Spice, dit-il dans le dos du jeune
homme pour le taquiner.
     
    252
    L'ami de sa soeur
se tourna d'une seule pièce en l'entendant et sourit en le reconnaissant.
     
    - Tu trouves que
je sens trop l'Old Spke? demanda-
    t-il, avec une
lueur d'inquiétude dans le regard.
     
    - Pantoute,
répondit Richard en lui tapant sur l'épaule.
     
    Qu'est-ce que tu
fais? T'en vas-tu rejoindre ma soeur?
     
    - En plein ça!
avoua le jeune débardeur. J'ai envie de lui demander si ça lui tente pas de
venir voir avec moi un nouveau film qu'il y a au Papineau.
     
    - Si c'est pas un
film de cowboy, elle va dire oui, certain, le rassura Richard.
     
    - Non. Ça
s'appelle Le roi et moi. Des gars qui travaillent dans mon équipe au port ont
dit qu'il est pas mal bon.
     
    - Il te reste
juste à avoir la

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