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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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mettait en valeur ses tresses blondes. Le voyage avait été long – un jour et demi à cheval –, mais elle courut vers la chaumière et enlaça son frère :
    — Tu m’as tellement manqué !
    Elle lut aussitôt l’angoisse dans ses yeux :
    — César, que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui t’inquiète ?
    Il s’assit dans un grand fauteuil et fit signe à sa sœur de l’imiter. Elle prit sa main, tentant de le réconforter.
    — Lucrèce, tout cela est pure folie ! Père a ordonné à Juan de revenir commander ses troupes ! J’en suis si furieux que je le tuerais !
    Se levant, elle vint lui caresser le front :
    — César, dit-elle, il te faut accepter ton destin. Juan n’est pas le seul responsable ; tu es toi aussi à blâmer. Vous êtes comme deux enfants vous disputant les gâteaux de Vanozza ! Je comprends ce que tu ressens, mais cela ne pourra te faire que du tort. Comme d’habitude, père n’en fera qu’à sa tête.
    — Mais je suis bien meilleur soldat que Juan, bien meilleur capitaine, et j’assurerais la victoire ! Pourquoi père devrait-il nommer commandant en chef un niais arrogant, qui fera simplement semblant de mener ses troupes ?
    Elle le regarda droit dans les yeux :
    — Et pourquoi père a-t-il une fille qui fait semblant d’être l’heureuse épouse d’un sot qui est duc de Pesaro ?
    Il sourit :
    — Viens, dit-il en l’attirant près de lui. J’ai besoin de toi. Au moins tu es réelle. Je fais semblant d’être un homme de Dieu, mais je te jure que, sans ce chapeau de cardinal et l’amour que j’ai pour notre père, j’aurais vendu mon âme au diable ! Je ne suis pas ce que je parais être, cela m’est insupportable.
    Il l’embrassa en s’efforçant de se montrer tendre, mais il avait attendu si longtemps qu’il ne put y parvenir. Elle se mit à trembler, puis fondit en larmes.
    — Pardonne-moi, dit-il en la serrant contre lui. Je suis brutal.
    — Je pleure parce que j’ai tant envie de toi. À Pesaro, je rêve de la grandeur de Rome, et tu en fais partie.
    Ils firent l’amour, puis restèrent longtemps immobiles, dans les bras l’un de l’autre. César semblait s’être détendu, Lucrèce pouvait de nouveau sourire. Posant la tête sur son épaule, elle demanda :
    — Crois-tu, comme père, que c’est la volonté de Dieu que ses enfants vivent sans aimer vraiment ?
    — C’est ce qu’il pense ? On ne s’en douterait pas à voir son attitude !
    — Je suis mariée à un homme que je n’aime pas – et Juan n’a certainement pas épousé sa Maria par amour ! Aussi bizarre que cela puisse paraître, c’est sans doute Geoffroi le plus heureux : il aime facilement. Seul ton chapeau de cardinal t’a sauvé d’un destin comme le mien.
    — Il est lourd à porter !
    Ils se rhabillèrent et s’assirent pour se restaurer un peu. César versa du vin, puis leva son gobelet :
    — À ton bonheur, ma chère sœur, dit-il avec un sourire attendri.
    Il se sentait toujours heureux en sa présence, tant il se savait aimé, et n’aurait pu imaginer de vivre sans elle.
    La collation fut très simple : il avait apporté de Rome du pain et du fromage. Tout en servant sa sœur, il dit :
    — J’espère que je parviendrai à contrôler mes sentiments demain, quand Juan arrivera à Rome ! Il faut vraiment que je me force à le traiter en frère !
    Elle sourit :
    — Il a peut-être ce que tu veux, mais pas ce que tu as.
    Je le sais, ma douce, répondit-il en l’embrassant sur le nez. C’est bien ce qui me sauve.
    L’arrivée de Juan à Rome donna lieu à de grandes célébrations. Il parcourut les rues monté sur une jument drapée d’un tissu d’or, tenant en main des rênes ornés de joyaux. Il était vêtu de velours brun, avec une cape brodée d’émeraudes ; ses yeux bruns brillaient, ses lèvres avaient le sourire insolent du héros conquérant.
    Au Vatican, son père le serra dans ses bras :
    — Mon fils, mon fils ! répétait-il.
    Il le conduisit dans la salle des Papes, où il avait convoqué une réunion pour définir la stratégie de l’armée pontificale.
    Alexandre, Juan, César, Guido Feltra et Duarte Brandao passèrent donc de longues heures à discuter de la question. Cela leur prit trois jours entiers. César nota que Brandao évitait de parler à Juan, et préférait s’adresser au pape. C’était la première fois que Duarte témoignait de son déplaisir, mais si subtilement que César fut certain d’être le seul à

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