Le secret d'Eleusis
dû provoquer des secousses comparables à un tremblement de terre, jusqu’en Égypte. Et pendant des dizaines d’années, l’Egée n’a dû être qu’une soupe épaisse de pierres ponces et de cendres. Forcément très affaibli par cette catastrophe naturelle, l’Empire minoen était à la merci des premiers envahisseurs susceptibles de se présenter. Et ce furent les Mycéniens.
— Si vous le dites.
Ils arrivèrent à Timpaki. Iain mit son clignotant et freina. Gaëlle craignit un instant de l’avoir vexé et s’attendit presque à ce qu’il lui demande de descendre de voiture. Mais il s’arrêta dans une station-service.
— Restez là, lui dit-il en ouvrant sa portière. Il faut que je fasse le plein.
III
Les autres congressistes entrèrent tous en même temps dans le pavillon. Apparemment, les cars mis à leur disposition à l’entrée de l’hôtel étaient arrivés. Nico apparut à son tour. Il était en pleine conversation avec un des membres du personnel. Knox les rejoignit et ils montèrent ensemble sur le podium. Lorsque le technicien lui montra le fonctionnement des télécommandes, il éprouva une soudaine nervosité, qui lui laissa un goût métallique dans la bouche. Il n’aimait pas parler en public.
— Quinze minutes, annonça Nico. Ça vous va ?
— Parfait, répondit Knox.
Il s’isola en coulisses et s’efforça de se détendre en relisant une dernière fois le texte d’Augustin. Les lumières de la salle s’éteignirent ; celles du podium redoublèrent d’intensité. Knox alla s’asseoir sur la chaise qui lui était réservée. Enfin, Nico traversa nonchalamment le podium, tapota sur le micro pour s’assurer qu’il était allumé et s’éclaircit la gorge en se délectant de cet instant. L’auditorium était désormais plein à craquer. Certaines personnes étaient debout au fond de la salle. Parmi elles, il y avait même quelques journalistes, à en juger par les blocs-notes et les appareils photo qu’ils tenaient entre leurs mains. Sans doute espéraient-ils obtenir un nouvel éclairage sur l’affaire Petitier.
— Vous avez tous entendu parler des terribles événements d’hier après-midi, commença Nico. Bien sûr, dans un premier temps, j’ai immédiatement envisagé d’annuler la séance d’aujourd’hui. Mais vous êtes venus du monde entier pour assister à ce congrès, et il est si rare que tous les spécialistes d’Éleusis soient réunis, qu’il m’a semblé que nous devions à la recherche de persévérer, malgré ces circonstances tragiques. Et je me réjouis, en vous voyant si nombreux, de constater que vous êtes aussi de cet avis.
Toutes les interventions étaient filmées pour la postérité. Le cadreur fit un travelling sur l’auditoire, ce qui amena Knox à se faire une réflexion intéressante : toutes les personnes présentes la veille avaient un alibi en béton dans l’affaire du meurtre de Petitier, car l’hôtel était au centre d’Athènes, à au moins quarante minutes du pavillon des congrès. Mais les absents étaient tous des suspects potentiels, surtout...
Knox entendit son nom. Il leva les yeux et vit Nico lui faire signe. Les applaudissements débutèrent discrètement et s’intensifièrent lorsqu’il entra sur le podium pour aller serrer la main de Nico. Il se tourna vers la salle et vérifia que le prompteur fonctionnait correctement.
Il connaissait Augustin depuis des années et, pour lui, leur amitié allait de soi. C’était ce qui arrivait avec les personnes qui ne faisaient pas sans cesse remarquer leur présence et ne demandaient jamais rien en retour. Knox revit son ami à l’unité des soins intensifs, le visage enflé, le crâne fracturé, entre la vie et la mort. Mais en même temps, il eut le sentiment qu’il était là, dans le pavillon, et qu’il le regardait, les bras croisés, avec un air sarcastique, comme pour s’assurer qu’il allait lui rendre justice. Alors soudain, ce qui n’était aux yeux de Knox qu’une corvée destinée à remercier Nico de l’avoir sorti de prison prit une autre dimension. Augustin n’avait pas beaucoup parlé de son intervention au congrès, mais elle aurait dû être l’occasion pour lui de faire ses preuves en dehors d’Alexandrie. Et il y avait beaucoup travaillé. Il avait réécrit son texte à plusieurs reprises et s’était longuement préparé. Mais aujourd’hui, il était allongé sur un lit d’hôpital et, même si c’était difficile à
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