Le secret d'Eleusis
message, puis une femme qui criait des insultes, un homme exigeant d’être payé, et enfin la voix anxieuse de Nico, qui demandait à Antonius de le rappeler. La bande arriva au bout et se rembobina. Le fort pressentiment de Knox se transforma en fatalisme. Arrivé au bout du couloir, il tourna en direction de l’escalier et découvrit ce qu’il s’attendait presque à trouver.
II
Mikhaïl, de retour chez lui, était de plus en plus en colère. D’une part, Olympia n’était pas encore arrivée, malgré les instructions claires qu’il lui avait données la veille, et, d’autre part, ses hommes n’avaient toujours pas retrouvé le propriétaire de la Volvo. Les bras croisés en haut de l’escalier, il les regardait passer des coups de fil et consulter Internet en se demandant sur qui il allait passer ses nerfs. Après tout, il avait proféré des menaces. Il était temps de montrer que ce n’étaient pas des paroles en l’air.
À cet instant, on sonna à la porte. C’était sans doute Olympia. Mikhaïl savait qu’elle finirait par venir. Les putains de son espèce ne pouvaient pas s’en empêcher. Il alla lui ouvrir, mais ne trouva qu’un adolescent aux cheveux raides, assis à califourchon sur un vélomoteur.
— Mikhaïl Nergadze ? demanda le gamin, qui tenait un sac en papier kraft. J’ai quelque chose pour vous.
— De la part de qui ?
— D’un type, répondit le porteur en faisant un geste vague pardessus son épaule. Il ne m’a pas donné son nom. Juste ce paquet et vingt euros.
— Je suis Nergadze.
— Si vous le dites.
Le sac était fermé à l’aide d’agrafes. Mikhaïl le déchira et constata qu’il contenait un téléphone portable.
— Vous pouvez y aller, dit-il au porteur.
— Et mon pourboire ? réclama le gamin.
— J’ai dit : vous pouvez y aller.
Mikhaïl attendit qu’il soit hors de vue et alluma le portable, qui se connecta au réseau et émit un bip indiquant la réception d’un message. Il s’agissait d’un numéro de téléphone. Mikhaïl le composa aussitôt.
— Vous ne me connaissez pas, déclara le correspondant, qui avait décroché presque instantanément. J’étais au volant de la Volvo tout à l’heure.
Mikhaïl entendit dans sa voix une peur qu’il trouva gratifiante.
— Vous m’avez suivi, affirma-t-il.
— C’est la femme ! Je ne savais pas ce qu’elle avait derrière la tête. Je le jure ! Elle m’a dit que vous étiez son mari.
— Qui est-ce ?
— Je ne connais que son prénom : Nadia. Elle m’a contacté par le biais de mon site Web hier. Elle m’a demandé de vous suivre depuis l’aéroport lorsque je vous verrais arriver et c’est ce que j’ai fait. C’est mon boulot. Dans les affaires de divorce, pas dans ce genre d’embrouilles ! Et puis ce matin, je suis allé la chercher à l’aéroport, mais c’est tout.
— Décrivez-la-moi.
— Je ne peux pas, je vous le jure ! Elle portait un foulard et des lunettes de soleil qu’elle n’a pas quittés. Tout ce que je sais, c’est qu’elle a une quarantaine d’années et qu’elle est petite et mince. Elle boite légèrement quand elle marche.
— De quel côté ?
L’homme réfléchit un instant.
— Droit, je crois, je ne suis pas sûr. Les deux jambes paraissent bizarres chez les gens qui boitent. Mais je sais à quel hôtel elle est descendue.
— Je vous écoute.
— Vous ne vous en prendrez pas à moi si je vous le dis ? Promettez-le-moi.
— Je ne m’en prendrai pas à vous. Pas si vos informations sont exactes.
— Elle est à l’Acropolis View, dans la Plaka. Elle a essayé de me baiser, la salope !
— Et l’homme que vous avez emmené ?
— Je l’ai déposé au métro Sepolia. Je crois qu’elle a prévu de le revoir, mais je ne peux pas l’affirmer avec certitude. Ils parlaient en français.
— Merci. Ne dites pas un mot de cette histoire et quittez la ville immédiatement.
— Je suis sur le départ.
— Si jamais je vous revois...
— Vous n’entendrez plus jamais parler de moi. Je le jure !
Mikhaïl raccrocha et réfléchit un instant. Il se demanda qui était cette femme qui agissait pour son propre compte. Elle seule pouvait le remettre sur la piste de Knox. Mais elle connaissait la Mercedes noire et la Ferrari couleur or n’était pas très discrète. Il retourna à l’intérieur de la maison et fit signe à Zaal d’approcher.
— Trouvez-moi une fourgonnette, ordonna-t-il.
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