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Le talisman de la Villette

Le talisman de la Villette

Titel: Le talisman de la Villette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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agressé au cours de sa répétition, il est blessé, mort peut-être. J’ai pisté son assaillant, c’est le bancal. J’ai dû abandonner la partie, une crevaison et… Ne quittez pas.
    Joseph entendit son beau-frère parlementer avec une personne dont il percevait la voix aiguë et volubile. Victor reprit, très excité :
    — Un gosse l’a talonné jusqu’à la rue Burnouf, à côté de la rue Monjol ! J’y fonce, rejoignez-moi illico.
    — La rue Monjol ? C’est pas là qu’habite…
    À brûle-pourpoint, le banc de brume se déchira et la formule surgit en pleine lumière.
    — Victor ! Je crois que j’ai trouv…
    Trop tard, son beau-frère avait coupé la communication.
    — Bigre de bourrique ! s’écria-t-il. Y m’écoute jamais ! Si je ne rapplique pas avec une pétoire, il va être dans de beaux draps, ce guignol… Où l’a-t-il planquée ?
    Il se rappelait qu’après leur dernière enquête il avait surpris Kenji dissimulant son pistolet au fond d’un des tiroirs de son bureau. Il les ouvrit l’un après l’autre et refréna son désir d’en bouleverser le contenu. Enfoui sous le registre des comptes de l’année 1890, il le dénicha enfin et s’en empara avec l’émotion d’un bleu sur le point de subir sa première escarmouche. Un problème le tarabustait, il ignorait le maniement de ce joujou. Que ne pouvait-il se transformer en l’ignoble Zandini, bien plus au fait du maniement d’une arme de poing que son créateur !
    — Va y avoir du grabuge, murmura-t-il comme si ces simples mots suffiraient à lui insuffler la science du tir et le courage.
    Il fit coulisser les verrous de la porte, espérant qu’aucun chapardeur n’en profiterait pour voler des livres, et, aplati au maximum, parvint à se glisser dehors sans que la sonnette le trahît.
    Iris vivait un cauchemar. Pétrifiée au sommet de l’escalier, elle avait entendu une partie de la conversation. Incapable de se ressaisir, elle avait assisté à la fouille en règle de Joseph suivie de son départ furtif. Une chape de culpabilité s’abattit sur elle. C’était sa faute, elle pressentait depuis un certain temps que Joseph et Victor menaient une enquête, mais elle avait refusé d’intervenir. Comment réparer son erreur ? Un nom lui vint à l’esprit. Pieds nus, en camisole et jupon, elle courut au téléphone et demanda un numéro. Tasha répondit presque aussitôt, et quand Iris lui eut relaté la situation, elle poussa une exclamation de colère.
    — Je m’en doutais ! Le jour du vernissage, la maîtresse de Laumier a tenu à Victor des propos énigmatiques. Et Joseph s’est coupé en me fournissant l’adresse d’un couturier assassiné. Ils sont rue Moniol ? Où est-ce ?
    — Tasha, j’ai peur, Joseph a emprunté le pistolet de papa…
    — Qui veut emprunter mon pistolet ? interrogea Kenji, penché vers Iris.
    Elle sursauta, lâcha l’écouteur.
    — Joseph. C’est déjà fait… Mon Dieu ! Et s’ils allaient être blessés tous les deux ?
    — À qui parles-tu ?
    — À Tasha.
    Il s’empara du téléphone.
    — Tasha, c’est Kenji. Je vais alerter la police. Au revoir.
    « La rue Monjol, tu en es certaine ?
    Iris opina. Il composa quatre chiffres.
    — Mademoiselle, passez-moi le bureau de l’inspecteur Lecacheur, 7, boulevard du Palais, question de vie ou de mort.
    Il patienta, tapotant nerveusement le rebord du bureau.
    — Toi, ma fille, tu retournes au lit, pense à l’enfant, enjoignit-il à Iris. Allô, inspecteur Lecacheur ? M. Mori a l’appareil.
     
    Une cavalcade effrénée avait suffi à Victor pour rallier « la Monjol ». Lui qui espérait ne plus arpenter ce quartier interlope devenait coutumier de ses ruelles sordides. Il sprintait vers la rue Burnouf quand il aperçut deux garnements viser un pigeon avec des lance-pierres. Indigné, il pila.
    — Vous n’avez pas honte ?
    — Ben quoi, on s’entraîne ! L’père Boniface nous a raconté l’histoire de David et Goliath ! C’est dans la Bible ! Ah, il est fort !
    Victor repartit de plus belle, jusqu’à ce que, comme il le pressentait, la carriole Déménagement Lambert lui apprît qu’il avait atteint le dispensaire. Il tambourina. Rien. Il secoua la poignée et entra sans difficulté. La salle d’attente était déserte, à l’exception de la jolie fillette aux yeux pervenche et à la poupée unijambiste rencontrée lors de sa première visite.
    — Tu as vu le père

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