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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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nos hommes il y a plus d’une heure.
    — Super, il s’est perdu en route. Je fais quoi, maintenant ?
    — Ne bougez pas, on vient vous chercher.
    — Vous rigolez, le temps que vous arriviez ils vont me retrouver.
    Un silence s’installa puis l’homme répondit :
    — On va alerter la police. Ils ont un poste important à King’s Cross.
    Le serveur avait déposé une flûte effilée sur la table de Marcas et une petite soucoupe occupée par deux toasts carrés minuscules recouverts de jambon.
    — Non, coupa Marcas. Je ne veux pas mêler les flics anglais. Ce sera la dernière extrémité. Il vous faut combien de temps pour m’envoyer une autre équipe ?
    — Dix minutes. Mon commandant accompagne des officiels au British Museum, c’est juste à côté. Je l’appelle tout de suite et je lui transmets votre numéro.
    — Dites à votre chef que je suis au bar à champagne, au premier étage.
    — Tenez bon. Au fait, le commandant est…
    Antoine avait raccroché. Andrew venait d’apparaître à son tour de l’autre côté de l’étage et se dirigeait vers le restaurant. S’il entrait dans l’établissement, c’était foutu. Antoine se leva, sans toucher à sa flûte, et laissa un billet sur la table.
    Il fallait trouver une autre sortie.
    Les cuisines. Le restaurant était situé à l’étage supérieur, les livraisons devaient se faire au rez-de-chaussée. Antoine suivit l’un des serveurs et descendit un escalier qui menait aussi aux toilettes. Il repéra tout de suite l’entrée des cuisines quasiment vides. Il était trop tôt pour le service et il n’y avait qu’un serveur et un plongeur. Antoine attendit que le serveur remonte, puis il fonça à travers la grande salle de cuisine, d’un blanc immaculé. À pas rapides, sans faire de bruit – le plongeur était affairé dans une chambre froide –, Antoine fila en direction d’un monte-charge situé de l’autre côté des cuisines. Au moment où il s’y réfugiait et appuyait sur le bouton du sous-sol, son portable vibra. Le monte-charge gronda et amorça sa descente. Antoine sortit son téléphone et vit s’inscrire l’alerte SMS avec le nom de Gabrielle.
    Je vais te rejoindre à Londres.
    Et merde, songea-t-il. C’était bien le moment.
    Il n’avait pas le temps de répondre. Le monte-charge s’arrêta et la grille s’ouvrit sur un grand parking, envahi de camionnettes de livraisons et de scooters. Un immense brouhaha régnait dans le sous-sol. Partout, des livreurs allaient et venaient, s’interpellaient sous la surveillance blasée de deux gardiens, assis derrière une paroi vitrée. Antoine se faufila entre deux vans et aperçut la clarté du jour en haut d’une rampe. Personne ne faisait attention à lui, il contourna la barrière de sécurité et grimpa le long d’un escalier étroit qui longeait la voie d’accès au parking. Deux minutes plus tard, il était dans une artère encombrée de voitures, noyée dans un concert de klaxons. Il ne comprenait pas comment les complices de la Louve étaient au courant de son arrivée à Londres. Il devait être sur écoute. Ou suivi depuis son passage dans le Sacré-Cœur.
    Son téléphone sonna. Numéro privé. Il décrocha. Une voix féminine jaillit :
    — Alors, on a passé l’âge pour jouer à cache-cache, Antoine ?
    Il avait reconnu la voix, sans hésitation. Et ce n’était pas celle de Gabrielle.

33
    Jérusalem
Avril 1232

Le Puits
    La torche virevolta le long de la paroi et chuta en grésillant sur le sol. Des flaques d’eau croupie brillèrent un instant parmi les pierres descellées. La vidange était quasi totale. Tout le fond du puits n’était qu’un chaos de vase purulente et de cailloux noircis. L’enfer doit ressembler à ça, pensa le Provençal avant de lever les yeux. En haut, le tablier venait de bouger. Un bruit de poulie commença de résonner. Lentement la plateforme descendait, pareille à un radeau de mort. Adossé au mur, le rabbin serra ses doigts noueux sur sa poitrine et commença d’égrener un psaume. La voix, minuscule et chevrotante, vacillait comme une bougie au cœur d’une nuit infinie. Si faible soit-elle, Roncelin avait pourtant l’impression d’en ressentir la chaleur. Lui, le pillard sans vergogne, éprouvait comme de l’humanité à entendre ces mots qu’il ne comprenait pas, mais dont il pressentait la valeur cachée et l’espoir profond. À un moment, il faillit tendre la main et la poser sur l’épaule

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