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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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ses
dispositions pour qu’aucun Américain ne débarque en Europe, assure le Führer à Matsuoka. Ses sous-marins, ses navires et sa Luftwaffe combattront vigoureusement l’Amérique et, grâce à sa
plus grande expérience de la guerre… seront pour elle des adversaires
redoutables… sans parler de la supériorité indiscutable des guerriers allemands.
Cette rodomontade conduira le dictateur nazi à la fatale promesse consignée
dans le procès-verbal de Schmidt. «  Au cas où le
Japon entrerait en conflit armé avec les États-Unis, l’Allemagne prendra
immédiatement les mesures nécessaires » , déclare Hitler.
    Matsuoka ne saisit pas tout de suite le sens des paroles d’Hitler.
Celui-ci met alors les points sur les i : « En cas de conflit armé entre
l’Amérique et le Japon, l’Allemagne y prendra part immédiatement. » Le
dictateur nazi paiera cher cet engagement téméraire ; plus cher encore sa
tricherie envers le Japon, c’est-à-dire son silence sur l’Opération
Barberousse , qu’il se préparait à lancer aussitôt que l’opération préalable
des Balkans serait accomplie. Au cours de leur entretien du 28 mars, Matsuoka,
quelque peu perplexe, avait demandé à Ribbentrop s’il n’était pas souhaitable
qu’il fît halte à Moscou, sur le chemin du retour, « afin de négocier avec
l’U. R. S. S. un pacte de non-agression ou de neutralité ». Le ministre
avait répondu :
    « Mieux vaut, si possible, ne pas soulever la question, elle
ne cadre pas avec la situation actuelle. » Peut-être lui-même ne
saisissait-il pas encore pleinement la portée de ce qui se tramait. Le
lendemain, pourtant, ce fut lui qui remit sur le tapis la question
russo-nippone. Tout d’abord, il tint à réitérer en langage clair l’assurance
imprudente du Führer (« Si la Russie attaque le Japon, l’Allemagne ripostera
sur-le-champ ») afin, expliqua-t-il, de permettre au Japon d’attaquer
Singapour sans risquer de complications avec l’Union Soviétique. Lorsque, à la
longue, Matsuoka avoua qu’à son passage à Moscou il avait proposé à Staline un
pacte russo-nippon de non-agression et que la réaction avait été favorable, le
brouillard obscurcit à nouveau l’esprit de Ribbentrop qui répliqua :
« Voyez à traiter ce problème de façon superficielle. »
    Dès que le ministre nippon se retrouva à Moscou, en route pour
Tokyo, il n’eut rien de plus pressé que de signer le 13 avril, avec
Staline, un traité de neutralité réciproque en cas d’agression de l’un ou l’autre
pays. A ce traité, en dépit des invitations ultérieures de l’Allemagne à le
trahir, le Japon resta « honorablement » fidèle jusqu’au bout. Le
Kremlin dut s’en féliciter, puisque, quatre mois plus tard – trop tard – Hitler
suppliait le Japon d’attaquer non pas Singapour mais Vladivostok [140]  !
    Le dictateur nazi ne parut pas saisir à première vue la portée
du pacte russo-nippon. En effet, répondant à une question de l’amiral Raeder, il
dit l’approuver et même s’en réjouir. Pourquoi ? Parce que le Japon, désormais
empêché de combattre la Russie, se laisserait peut-être persuader d’attaquer
Singapour (7).
    A ce stade, Hitler croyait fermement pouvoir vaincre la Russie
avant l’automne, et pas plus qu’il n’avait accepté de partager la conquête de
la France avec l’Italie, il ne voulait faire participer le Japon à la
triomphale aventure qui se préparait. Par ailleurs, il était persuadé de l’inutilité
de l’aide japonaise en la matière.
    Ribbentrop n’avait-il pas déclaré en son nom à Matsuoka, le 28 mars,
que si la Russie contraignait l’Allemagne à l’attaquer, il jugeait
souhaitable que l’armée japonaise s’abstînt d’en faire autant. A peine trois
mois plus tard, les opinions d’Hitler et de son ministre opéraient un brusque
et dramatique revirement. Le 28 juin 1941, six jours après la première
ruée allemande en Russie, un radiogramme de Ribbentrop pressait l’ambassadeur d’Allemagne
à Tokyo, le général Eugène Ott, de faire l’impossible pour décider le Japon à
attaquer sans délai l’Union Soviétique dans le dos.
    « Il est à prévoir, expliqua-t-il, que la défaite
russe, accélérée par l’intervention japonaise, constituera le meilleur argument
pour convaincre l’Amérique de l’absurdité de son entrée en guerre aux côtés d’une
Angleterre désormais seule, face à la plus puissante coalition du

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