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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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était condamnée également, comme
Hitler et Bormann l’apprirent le 30 avril à midi, à la dernière conférence.
Les Russes avaient atteint l’extrémité est du Tiergarten et
fait irruption sur la Potsdamerplatz. Ils se trouvaient à
un pâté de maisons de la Chancellerie. L’heure était venue pour Adolf Hitler de mettre son projet à exécution.
    Sa femme n’ayant sans doute pas d’appétit, ce jour-là, Hitler
prit son déjeuner avec ses deux secrétaires et sa cuisinière végétarienne. Celle-ci
ne se doutait probablement pas qu’elle venait de lui préparer son dernier repas.
Tandis qu’ils terminaient ce déjeuner, vers quatorze heures trente, Erich Kempka, le chauffeur d’Hitler, responsable du garage de la
Chancellerie, reçut l’ordre de porter sur-le-champ 200 litres d’essence dans le
jardin de la Chancellerie. Non sans mal, Kempka réussit à en rassembler 180
litres. Avec l’aide de trois hommes, il porta les bidons devant la sortie de
secours du bunker (24).
    Hitler se leva de table pour aller chercher Eva
Braun et faire des adieux définitifs aux plus intimes de ses
collaborateurs :
    Le docteur Gœbbels, les généraux Krebs et Burgdorf, les secrétaires, et la cuisinière, Fräulein Manzialy. Frau Gœbbels ne se montra pas. Cette
belle femme, blonde et altière, avait – comme Eva Braun – trouvé
facile de choisir la mort avec son mari, mais elle reculait devant l’idée de
tuer ses six enfants, qui jouaient gaiement dans l’abri souterrain depuis
plusieurs jours, sans se douter du sort qui les attendait.
    Ma chère Hanna, avait-elle dit à Fräulein Reitsch, deux ou
trois jours plus tôt, lorsque la fin viendra, vous m’aiderez si je faiblis au
sujet des enfants… Ils appartiennent au Troisième Reich et au Führer et, si
tous deux disparaissent, il n’y a plus de place pour eux au monde. Ma plus
grande crainte est de faiblir au dernier moment.
    Seule dans sa petite chambre, elle essayait maintenant de
dominer cette grande crainte [294] .
    Hitler et Eva n’avaient pas d’angoisses semblables. Ils ne
disposaient que de leur propre existence. Les adieux terminés, ils se
retirèrent dans leur chambre. Dans le couloir, le docteur Gœbbels, Bormann et
quelques autres attendaient. Le premier coup de revolver ne tarda pas à
retentir, mais le second ne se fit pas entendre. Après une attente respectueuse,
ils entrèrent. Ils trouvèrent sur le divan le corps ensanglanté d’Adolf Hitler.
Il s’était tiré un coup de revolver dans la bouche. A ses côtés, gisait Eva Braun. Deux revolvers étaient tombés à terre, mais Eva n’avait
pas utilisé le sien. Elle avait préféré le poison.
    C’était le lundi 30 avril 1945, à quinze heures trente, dix
jours après le cinquante-sixième anniversaire d’Hitler et douze ans et trois
mois, jour pour jour, après son accession au rang de chancelier et l’avènement
du Troisième Reich. Ce dernier ne devait lui survivre que
d’une semaine.
    Alors se déroulèrent les funérailles du Viking. Pas une parole
ne fut prononcée. On n’entendait que le grondement de l’artillerie russe et les
explosions des obus dans le jardin de la Chancellerie. Le valet d’Hitler, le S. S. Sturmbannführer Heinz Linge, et une ordonnance
portèrent dehors la dépouille du Führer enveloppée dans
une couverture feldgrau de l’armée, rabattue sur le visage
fracassé. Krempka le reconnut au pantalon noir et aux chaussures qui
dépassaient de la couverture et que le Seigneur de la Guerre portait toujours
avec sa tunique feldgrau. La mort d’Eva Braun avait été plus propre et Bormann remit le corps à Kempka sans le
dissimuler.
    Frau Hitler (raconta plus tard le chauffeur) portait une
robe sombre… Je ne remarquai aucune blessure.
    Les cadavres furent transportés au jardin et – pendant une
accalmie des bombardements – déposés dans un cratère d’obus et arrosés d’essence.
Le cortège funèbre, dirigé par Gœbbels et Bormann, se dirigea vers la sortie de
secours et – quand les flammes montèrent – se mit au garde-à-vous, puis fit le
salut nazi en guise d’adieu. Ce fut une cérémonie brève, car les projectiles de
l’Armée Rouge tombaient de plus belle sur le jardin. Les survivants se
retirèrent à l’abri du bunker, laissant les flammes détruire les restes mortels
d’ Adolf Hitler et de son épouse [295] .
    Pour Bormann et Gœbbels, il restait encore des tâches à
accomplir dans le Troisième Reich, désormais privé

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