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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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d’évolution,
on voit apparaître l’ intellect . Certes, la
clairvoyance qui provenait originellement de l’animalité est anéantie, mais un
nouvel état de conscience entre dans le courant de l’évolution. » L’acte d’amour
absolu transforme les êtres, cela a été dit et répété. Mais comment atteindre
cet amour absolu ? Écoutons toujours Rudolf Steiner : « Ce qui
se trouve dans le sang d’un individu vit donc dans son Moi. Comme le corps physique
est l’expression d’un principe physique, le corps éthérique, l’expression des
sèves vivantes et de leur système circulatoire, le corps astral, l’expression
du système nerveux, ainsi le sang est l’expression du Moi. Le principe physique,
le corps éthérique, le corps astral, tout cela, c’est « l’En-Haut » ;
le corps physique, le système vital, le système nerveux, tout cela, c’est « l’En-Bas ».
Le Moi, c’est « l’En-Haut » ; le sang, c’est « l’En-Bas ».
Par conséquent, quiconque veut se rendre maître d’un être humain doit se rendre
maître de son sang [99] … » Et l’Amour n’est
pas autre chose que le don réciproque du Moi.
    À la découverte de nos peaux, de
nos corps, de nos sexes, nous avons ajouté celle de nos sangs , c’est-à-dire
de nos deux « Moi » fusionnés dans l’acte d’abandon réciproque. Alors,
est-ce qu’il s’agit d’amour ou de vampirisme ? La question est loin d’être
superflue. Car cette phrase résume admirablement l’une des plus connues et des
plus belles histoires d’amour de tout l’Occident, la légende de Tristan et
Yseult.
    On a tellement commenté cette légende qu’on pensait sans
doute avoir tout dit sur elle [100]  : l’Amour plus
fort que la Mort, l’Amour contre la Société, l’Amour contre la Morale, la
Femme-Soleil initiatrice de l’Homme-Lune, sans oublier l’incontestable beauté
poétique de cette évocation des deux amants à la fois maudits et rédimés. Mais
le propre des mythes est de provoquer toujours de nouvelles interrogations sur
des niveaux sans cesse différents. C’est ce qui fait leur richesse et qui
explique leur pérennité : ils rendent compte fidèlement, sous une forme
symbolique qu’il n’est pas toujours facile de décrypter, d’un savoir de l’humanité, ce savoir n’ayant pas d’origine
datable mais remontant à l’aube des temps. La célèbre « Mort d’Isolde »
de Richard Wagner, morceau de bravoure des cantatrices, où se mêlent les
sentiments amoureux de l’auteur et les spéculations les plus ambiguës sur la non-existence , telle que la concevait Schopenhauer, porte
en elle un message ; ce sont les grandes lignes d’une tragédie primordiale
et universelle où l’être se demande avec angoisse comment, avant le « grand
saut », il va pouvoir opérer sa totale fusion avec l’ autre , cette « âme sœur » (ou son « jumeau
cosmique ») entrevue parfois dans l’espace d’un instant, toujours fuyante,
évanescente, mais néanmoins réelle et qui attend, au détour du chemin, le
moment où la foudre anéantira les apparences.
    Le monde est ce qu’il est, il est imparfait ,
c’est-à-dire qu’il n’est pas encore achevé. Tristan et Yseult, amants mythiques
intégrés dans un récit légendaire, sont à l’image du monde : ils sont
imparfaits eux aussi, mais ils tendent de toutes leurs forces vers cet
achèvement qu’ils sentent proche. La première image symbolique qui vient à l’esprit
à propos de cette « histoire », que l’on ne connaît d’ailleurs que
par divers textes incomplets et qu’il faut restituer conjecturalement dans un
ensemble supposé primitif, c’est l’image double du Soleil et de la Lune. Une
chanson des années 50 affirmait : « Le soleil a rendez-vous avec la
lune, mais la lune n’est pas là, et le soleil l’attend [101] … »
L’aventure de Tristan et Yseult est en effet un jeu cruel au cours duquel deux
êtres, chacun se sentant la moitié de l’autre, se poursuivent mutuellement, se
croisent, se heurtent parfois, mais sans jamais pouvoir se rejoindre vraiment. Yseult
(son prototype irlandais Grainné le prouve, puisque ce nom provient du gaélique grian , « soleil ») est bel et bien l’image
du soleil, une femme-soleil qui répand ses rayons chaleureux dont se nourrit
Tristan, l’obscur, le « lunaire », celui qui meurt chaque mois lorsqu’il
est privé de son irradiante source vive, et qui renaît ensuite, dès

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