Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
l’occasion d’admirer au manège de Versailles. Après le dîner, la compagnie se rassembla pour une promenade en calèche et la visite des écuries, chenil de la meute, jardins, potagers et réservoir. Rien ne fut oublié et tout fut présenté avec la plus exquise délicatesse. Une collation fut servie au Hameau suivie d’une comédie où fut joué L’Ami de la maison . Cette première journée s’acheva par une illumination des jardins et de la galerie des cerfs. Au pont Saint-Jean, une décoration, des lacs d’amour au chiffre du comte et de la comtesse du Nord, s’embrasa en artifices et feux volants. Un jeu de bague et un bal champêtre conclurent gaiement la soirée. Nicolas gagna sa chambre où un valet lui prodigua les services les plus exacts.
     
    Le lendemain 11 juin, se promenant au petitmatin sur la terrasse du château, Nicolas fut hélé par un grand homme sec en habit de cavalier. Il reconnut Toudouze, le lieutenant des chasses du prince de Condé, avec lequel il avait courru à l’époque du feu roi.
    — Ah ! Monsieur le marquis, fort aise de vous revoir. Je suis assuré qu’il y aura un vrai veneur dans toute cette foutricaillerie . Qu’attendez-vous là ?
    — Mon ami, on doit tout visiter ce matin, en corps…
    — Je vous plains et, de plus, cela ne vous apprendra rien. Jadis, vous avez accompagné le vieux roi à plusieurs reprises. La tournée est toujours la même : avant le dîner, caravane dans les appartements et la galerie des conquêtes. Que des tableaux !… Puis les salles d’histoire naturelle, celle d’armes, et le jeu de paume, où l’on fait jouer deux godelureaux pour la montre. Et l’après-midi, on cavalcade, enfin le cul dans une calèche, en forêt, aux étangs, à la ménagerie, aux eaux thermales, aux cascades et tutti quanti . Si le cœur vous en dit, je vous emmène relever les traces dans le grand parc en vue des prises de soir.
    — Avec joie, Toudouze. Ma présence auprès des invités est inutile pour le moment.
    Il passa en compagnie des hommes de la vénerie du prince, que dirigeait Toudouze d’une main de maître, quelques heures d’oubli et de pur bonheur. Il rejoignit la compagnie sans que quiconque se fût aperçu de son absence, hormis le prince de Condé, qui lui fit un clin d’œil et lui confia s’être douté, compte tenu de la réputation de veneur de Ranreuil, que son lieutenant des chasses l’avait accaparé. Le soir tombé, à la lueur de dizaines de flambeaux, une chasse dans les toiles fut lancée ettout le parc s’embrasa de lumières courantes. Après quoi, on soupa derechef au Hameau avant de nouvelles et superbes illuminations. Pour finir, les invités embarquèrent dans des pirogues afin de rejoindre la place de l’Orme où dansaient bergers et bergères au son des flageolets, des fifres et des tambourins.
    À deux heures du matin, on frappa à la porte de la chambre de Nicolas. Il enfila sa chemise et courut ouvrir, se cogna le pied au passage, n’ayant eu le temps d’allumer sa chandelle, jura et finit par découvrir Magnier, un exempt de police responsable de la poignée de policiers chargés d’assurer la sécurité du couple impérial pendant ses déplacements. Il éleva une lanterne qui éblouit Nicolas et se mit à parler d’une manière si précipitée que son propos était incompréhensible.
    — Allons, Magnier, reprenez souffle et expliquez-moi distinctement ce qui vous amène à me réveiller à une heure aussi peu chrétienne ?
    Il avait fait entrer le policier dans sa chambre, allumait le flambeau et se rhabillait en hâte.
    — Voilà, monsieur le commissaire. Il y a eu un drame dans le parc du château. Vous savez, quoi qu’on en ait, le public finit par y pénétrer, en particulier des filles. En plus de tous ceux qui avaient participé au ballet champêtre. Ajoutez à cela, qu’il y a en ce moment plus de trois cents personnes au château, maîtres et domestiques.
    — Suggérez-vous qu’ils en usent, de ces filles ? Au fait, Magnier, au fait !
    — Monsieur, on a massacré une pauvre fille dans les taillis, et de vilaine façon, semblablement aux deux du boulevard, il y a peu. À ce que j’ai appris, la foule s’étant retirée après les illuminations de cesoir, la fille en question a sans doute dû rester dans le parc pour marauder et chercher bonne fortune. Elle a fait une rencontre, fatale pour elle. Des gardes de monsieur le prince font des rondes chaque nuit afin de

Weitere Kostenlose Bücher