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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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verraient par eux-mêmes la miraculeuse transformation de leur souverain. Conscient de l'effet que la nouvelle aurait sur les superstitieux Siamois, Phaulkon ferait en sorte qu'elle se répandît partout. La plupart n'y verraient rien de moins qu'une intervention divine. Manifestement les dieux ne jugeaient pas bon de permettre que l'âme du grand roi s'en allât tant que la question de la succession rrétait pas résolue et qu'une armée farang s'attardait sur le sol siamois.
    Phaulkon sourit. La fermeté et l'inflexibilité avec lesquelles les jésuites abordaient les choses de l'esprit n'excluaient manifestement pas des connaissances vastes et approfondies sur le corps. Il avait récompensé le père de Bèze en contribuant généreusement à son projet favori : une école pour préparer les jeunes Siamois à la profession médicale avec des bourses pour les étudiants les plus méritants.
    Parmi les raisons de l'allégresse de Phaulkon, la moindre n'était pas de savoir que le succès du prêtre ferait beaucoup pour améliorer la réputation des Français dans le pays. Le nom du père de Bèze serait sur toutes les lèvres, et l'on pourrait même en tirer l'interprétation que les dieux avaient en fait amené les Français dans un but précis. La conduite passée de leurs troupes s'effacerait vite des mémoires : les pires éléments étaient de toute façon partis ; avec un peu de chance, ceux qui restaient, sous le comman-dement du prosiamois Desfarges, partageraient leurs tâches avec leurs homologues siamois au fort de Bangkok dans un nouvel esprit de coopération.
    Le général Petraja et ses amis devraient désormais ronger leur frein. Pour l'instant, Petraja se faisait discret et les espions de Phaulkon n'avaient rien signalé de nouveau lors des réunions secrètes de leur conseil. Rien de neuf, à Ayuthia du moins. A Mergui, c'était une autre affaire. Il savait qu'il y avait là quelques renégats qui œuvraient à l'encontre des intérêts du gouvernement, particulièrement un certain Selim Yussuf, fils mécontent d'un des chefs exécutés du soulèvement macassar. Quant à Sam White, qui savait ce que cette fripouille pouvait manigancer ? Phaulkon attendait d'Ivatt qui serait bientôt de retour des nouvelles de ce côté.
    Phaulkon ne pouvait pas encore quitter Louvo, pas avant que Sa Majesté eût repris ses audiences quotidiennes avec les mandarins et que l'on pût constater que le roi tenait de nouveau fermement en main les rênes du gouvernement. En attendant, il avait au moins Sunida pour apaiser son anxiété et remédier à sa nervosité.
    Elle devait l'attendre. Il sentait déjà le contact exquis de ses doigts sur son genou, leur extrémité papillonnante se déplaçant lentement vers le haut. Il fut envahi de désir. Puis il pensa à sa Supinda chérie, pouffant de rire à la vue de son père, et son cœur se remplit de plaisir. Il se levait lorsqu'il entendit la toux discrète de Bashpool sur le seuil de la porte.
    « Pardonnez-moi de vous déranger, Votre Excellence, mais il y a là un prêtre qui désire vous voir. Il refuse de s'en aller avant que vous ne l'ayez reçu. Il dit que l'affaire est des plus urgentes.
    — Qui est-ce ?
    — Il dit qu'il s'appelle le père Coelho, Votre Excellence. Il arrive à l'instant de Songkhla et prétend vous avoir déjà rencontré. C'est un Portugais joufflu avec des cheveux noirs épais. »
    Phaulkon se le représentait déjà. Il n'oubliait jamais un nom, surtout quand il appartenait à quelqu'un qu'il avait aidé par le passé. Il se rappelait très bien l'expression du prêtre au visage rond quand il avait accepté de lui fournir les moyens de reconstruire l'église portugaise de Songkhla après qu'une tempête l'eut pratiquement rasée. « Très bien, Bashpool, faites-le entrer. — A vos ordres, Excellence. »
    Le capitaine Weltden, accompagné seulement d'Andrew Mason, son lieutenant, arriva à la résidence de White, le soir de leur première journée à Mergui. On fit entrer les deux hommes sur une large terrasse. La soirée était belle et le soleil qui se couchait sur le golfe offrait un spectacle à couper le souffle.
    White apparut et les accueillit cordialement en leur offrant un verre d'arak, une puissante eau-de-vie tirée de la fermentation de la coque de noix de coco. Weltden accepta, mais Mason, en dépit d'offres réitérées, refusa.
    « Dites-moi, seigneur White, est-ce que votre secrétaire, M. Davenport, va se joindre à nous

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