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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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fatiguer, pis dis-moi ...
    —        Est-ce que les enfants sont à la cabane?
    —        Bien oui, tu le sais.
    —        Ils viendront pas dîner comme ça?
    —        Tu le sais!
    —        Penses-tu que la fille de la voisine pourrait garder Jeanne pis Alice jusqu’à deux, trois heures?
    —        Où est-ce que tu veux m’amener?
    —        C’est un secret! Va conduire les p’tites. Tu vas le savoir quand tu vas revenir.»
    Emilie voyait luire dans ses yeux son air amusé des grandes surprises. Elle ne posa plus de questions, lui demanda de jeter un coup d’oeil aux fillettes pendant qu’elle allait chez la voisine, fut de retour après huit minutes d’absence, mit le manteau à ses filles et repartit. Elle revint, essoufflée. Ovila n’était plus dans la cuisine.
    «Ovila?»
    Il ne répondit pas. Elle se dirigea vers le salon.
    «Ovila?»
    Toujours pas de réponse. Elle fronça les sourcils puis se dirigea vers la chambre à coucher. Ovila était au lit, bien appuyé sur les oreillers, les deux mains derrière la tête, la figure illuminée d’un sourire blanc qui sentait le dentifrice. La minceur du drap ne réussissait à voiler ni sa nudité, ni son désir.
    «J’ai une journée de congé!»
    Emilie éclata de rire, regarda l’heure, calcula mentalement qu’ils avaient sept heures de solitude devant eux, défit son chignon et commença à déboutonner sa robe.
    «Nananana, madame, pas comme ça. Approchez un peu. J’vas vous montrer comment une grande personne est supposée déboutonner une robe...»
    Ils eurent six heures collantes de solitude. Ils rirent aux éclats des grincements du sommier. Ils inventèrent une nuit harassante qui expliquerait à la fille de la voisine qu’Ovila avait eu besoin d’une journée d’un sommeil profond, non perturbé par les cris des petites. Émilie sa hâta de s’habiller pour les prendre à deux heures, mais la fille de la voisine lui apprit qu’elles venaient toutes les deux de s’endormir. Émilie feignit une légère contrariété.
    «Vous m’excuserez, madame Pronovost, mais je les ai amenées dans les magasins. Est-ce que vous voulez que je les réveille?
    -— Non! non. J’vas repasser dans une heure et demie. C’est mieux de les laisser dormir. »
    Elle retourna chez elle à la hâte et empêcha Ovila de s’endormir pendant une autre heure à goût de Saint-Tite.
     
    35.
    Emilie et Ovila furent renversés d’apprendre qu’elle avait conçu un neuvième enfant, malgré ses trente-sept ans. Au grand soulagement d’Ovila, Émilie s’en était réjouie.
    « Au moins celui-là se fera jamais reprocher de pas être né en ville.
    —        Tu es vraiment contente, Émilie?
    —        Oui. Quand Alice est née, j’avais juré que j’aurais pus jamais d’enfants. Mais celui-là, ça sera pas pareil. Celui- là, Ovila, ça va être le vrai p’tit dernier. Celui-là, j’vas avoir le temps de le chouchouter. Ça me tente. C’est tout.»
    Ovila ne fit aucun commentaire. Émilie avait à peu près l’âge de sa mère à la naissance de Marie-Anne. Il priait en silence de ne jamais avoir à regretter sa journée de congé du mois de mars.
    À la Belgo, il continuait de travailler d’arrache-pied. Il était dur avec ses hommes, lui disait-on, mais les hommes ne semblaient pas s’en plaindre. Le travail avançait rondement. Il eut la chance incroyable d’avoir une autre promotion. Il s’occuperait de l’entretien, de jour. Cette nouvelle fit encore plus plaisir à Emilie et aux enfants, qui pouvaient voir leur père un peu plus longuement le soir. Mais la Belgo apporta aussi une autre nouveauté à Ovila: la camaraderie.
    Pendant les premières semaines de travail de jour, il se hâtait d’entrer à la maison. Puis un jour, il accepta de s’arrêter en route. Il savait qu’il était toujours fragile à l’alcool. Aussi refusa-t-il les verres qui lui étaient offerts. Pour occuper les minutes puis les heures qu’il passait avec ses compagnons de travail, pour la plupart des hommes de son équipe, il commença à jouer aux cartes. Heureusement, la chance lui souriait. Seule Emilie se plaignit de ces absences toujours plus longues. Il essaya de lui faire comprendre que ces quelques parties de cartes étaient importantes pour le moral de ses hommes. Emilie, croyant à une passade, cessa ses commentaires, se préoccupant davantage de l’enfant qui grandissait en elle que de

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