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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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maison.
    «C’est à nous autres cette pouliche-là, Émilie?» demanda Napoléon.
    Émilie acquiesça. Les enfants se groupèrent autour de leurs parents. La pouliche freina sa course et changea brusquement de direction. L’étalon en fit autant. Leur galop était impressionnant.
    «Avez-vous vu ça? cria Caleb. On dirait des ch’vaux sauvages. »
    La pouliche se retourna et se leva sur ses pattes postérieures. Elle commença à marteler l’étalon de ses sabots. L’étalon se défendit. Elle se calma enfin et l’étalon, renâclant, se plaça derrière elle. La pouliche trépignait. Enfin, l’étalon lui monta ses pattes sur le dos et la mordit au cou. Émilie frémit quand elle sentit la main d’Ovila exercer une toute petite pression sur sa nuque. Elle tourna la tête, le temps de se rendre compte qu’il la regardait intensément.
    Elle concentra ensuite son attention sur les bêtes. Ovila en fit autant. Emilie sentit le regard de Berthe.
    L’accouplement dura une heure. Caleb resta assis tout ce temps, sans bouger. Les animaux, fatigués, avaient choisi un coin ombragé pour refaire leurs forces. L’impressionnante érection de l’étalon s’était résorbée.
    Ils se retirèrent tous. Ovila pénétra dans le clos pour tenter de récupérer son cheval. C’était sous-estimer la bête. Il n’y parvint pas, malgré le secours de Caleb. Ovila dut se résigner à prendre le repas du midi. Emilie feignit une grande déception à l’idée qu’il serait en retard à Shawinigan, mais elle avait depuis longtemps deviné qu’il n’avait aucun rendez-vous et qu’il espérait probablement arriver à Shawinigan dans la journée du lundi, ce qui lui laissait encore une journée et demie de jeu.
    Les ébats amoureux reprirent de plus belle après le repas. Ovila n’osa pas essayer de séparer les bêtes. Caleb lui en aurait voulu, il en était certain. Berthe, qui n’était restée que quelques minutes durant l’avant-midi, revint au milieu de l’après-midi, sa mère lui ayant «donné congé». Émilie et Ovila s’en réjouirent. Ils préféraient le chaperonnage de Berthe à celui des parents ou des jeunes frères et sœurs. Tous les trois, ils décidèrent de marcher en direction de nulle part. Ils partirent donc, apportant des biscuits pour collationner. Ils se dirigèrent finalement vers le bois de Caleb. Ils avaient atteint la distance désirée, celle qui les cachait de la maison, lorsque Berthe se foula malencontreusement une cheville. Ovila la souleva et l’assit sur une grosse roche. Émilie demanda à voir la cheville blessée mais Berthe refusa.
    «Continuez vous autres, dit-elle en grimaçant. Moi, j’vas rester ici. Vous me reprendrez en passant.»
    Émilie et Ovila s’enfoncèrent dans le bois, elle derrière lui qui prenait un soin méticuleux à empêcher les branches de la fouetter au visage. Emilie souria.il, de la facilite avec laquelle il se frayait un passage à travers les sentiers encombrés de branches et de feuillages. Ovila est vraiment un homme des bois, pensa-t-elle. Elle avait l’impression qu’il était un arbre mobile tant il s’amalgamait avec cette nature échevelée. Elle trouva irrésistible cet homme aux épaules droites comme des piquets de clôtures, aux mains puissantes, aux pommettes saillantes et au nez aquilin qui, malgré le bleu des yeux, trahissait un mystérieux apport de sang indien.
    Ils marchèrent ainsi pendant une heure, presque en silence. Emilie se taisait, savourant chacun des instants de ce plaisir que, la veille encore, elle avait décidé de s’interdire. Ovila, lui, était absorbé dans ses pensées. Il entendait l’essoufflement d’Emilie et ralentissait le pas, imperceptiblement. Il ne voulait surtout pas accroître la distance qui les séparait. Il voulait continuer de l’entendre respirer, sachant qu’il rêvait une douce folie. Sachant que son émoi était certainement impossible. Il feignit de se gratter un mollet et se pinça violemment. Non, il ne rêvait pas. Emilie, la belle Emilie, l’Emilie de ses rêves, était bien derrière lui. Seuls, sous la voûte du feuillage.
    Ils revinrent sur leurs pas et trouvèrent Berthe, endormie comme une couleuvre sur la pierre chaude. Emilie lui secoua une épaule. Berthe bondit sur ses pieds.
    «Ta cheville a l’air guérie», constata Emilie l’air moqueur.
    Berthe, feignant d’être prise en flagrant délit, s’étonna rieusement des miracles qu’une prière bien enrobée de

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