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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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soleil pouvait faire. Ils reprirent le chemin de la maison après avoir grignoté leur collation.
    L’étalon et la jument étaient toujours dans le clos. Caleb ne semblait pas avoir mis d’efforts trop soutenus pour les ramener au bâtiment.. Berthe salua ses amis et demanda à Emilie si elle avait l’intention de travailler à la courtepointe. Émilie répondit affirmativement. Berthe promit alors de revenir dès qu’elle en aurait fini avec le bain des enfants.
    Ovila avait rejoint Caleb qui trayait ses vaches.
    «J’ai décidé de faire ça un peu plus à bonne heure. J’espère que les vaches seront pas choquées ou mêlées. Je me suis dit que tant qu’à avoir de la visite, j’avais beau jeu de presser un peu les affaires pour qu’on prenne le temps de se payer une bonne partie de dames. Aimes-tu ça jouer aux dames?»
    Caleb venait de lancer une question bien déguisée quant à la présence d’Ovila auprès d’Émilie et aussi, Ovila crut le comprendre, quant à ses intentions.
    «Ma fille t’a-tu mordu la langue?»
    Deuxième perche. Décidément, ce Caleb n’abandonnait pas facilement. Ovila inspira profondément. Il avait avantage, il le comprit, à jouer franc. Il répondit que depuis l’âge de quatorze ans, il avait toujours aimé Émilie. Il avoua que le but de sa visite était de connaître ses sentiments à elle. Il raconta combien elle avait toujours été indépendante, «à sa place». Il insista enfin sur le fait qu’il avait toujours espéré qu’Émilie devienne sa «blonde», mais que jamais il n’avait su ce qu’elle pensait de lui.
    Caleb avait écouté religieusement. Ce jeune avait du cœur au ventre, décida-t-il. Le père avait compris à quel point sa fille, son indépendante de mule, avait su garder son élève à distance. Mais il avait deviné que cette distance avait fondu, la veille.
    «C’est pas nécessaire de m’en dire plus. Je connais ma fille. À partir d’astheure, j’vas te faire confiance. Elle, j’y fais déjà confiance. rien qu’une affaire, mon jeune. Sa. réputation. J’imagine que  tu as à cœur sa réputation. Que tu viennes ici en soupirant, c’est correct. Mais que tu commences à soupirer près des fenêtres de son école, ça se fait pas. Ça fait que j’espère que tu vas te trouver une jobbe à Shawinigan ou aux Trois-Rivières. Ça serait le mieux.»
    Ovila sourit et ne put s’empêcher de se pencher pour arracher la main de Caleb aux trayons de la vache. Il la serra énergiquement.
    «Je te connais pas, mon gars. Mais j’ai pour mon dire que ma fille a du flair. Emilie sent le monde. J’espère juste que tu me feras jamais regretter ma confiance.»
    Le soleil se languissait tranquillement pendant que quelques-uns de ses rayons s’accrochaient aux perches des clôtures. Les Bordeleau avaient insisté pour qu’Ovila reporte son départ au lendemain. Ovila avait sincèrement hésité avant d’accepter. Emilie s’était abstenue d’intervenir dans la discussion, ses jeunes frères ayant fait le travail à sa place. Ils avaient attaqué les épaules d’Ovila comme si elles avaient été de fortes branches qui ne demandaient qu’à être grimpées. Berthe arriva sur le coup des sept heures. La présence d’Ovila ne la surprit pas.
    Caleb et Ovila attaquèrent vaillamment une partie de dames pendant que les deux filles dépliaient leur ouvrage. Berthe chuchota qu’elles faisaient probablement le premier morceau du trousseau d’Emilie. Emilie haussa les épaules et feignit de trouver la remarque déplacée. Berthe lui fit un sourire moqueur. Célina s’excusa et dit qu’elle allait se mettre au lit immédiatement, ce qu’elle fit dès qu’elle eut installé la couche d’Ovila.
    La pluie chantonnait sur le toit. Émilie ouvrit les yeux et tira la langue en réponse aux grimaces du temps. Elle entendait Caleb presser la famille. Elle regarda l’heure.
    Six heures et, demie! Elle sauta du lit. Ils auraient à se dépêcher s’ils voulaient terminer la traite et se préparer pour la messe de neuf heures. Elle descendit dans la cuisine et chercha Ovila des yeux. Son père lui dit qu’il était à l'étable. Émilie comprit qu’il devait déjà avoir attelé son étalon, que la pluie avait ramené au bercail. Elle remonta à sa chambre, se vêtit à la hâte et sortit à la pluie battante. Elle ouvrit la porte du bâtiment. L’étalon était encore dans sa stalle.
    «Ovila?
    —        Ici!»
    Ovila trayait les

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