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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Elle avait encore une fois confié la clé de l’école aux Pronovost. Profitant de sa visite, elle leur avait demandé des nouvelles d’Ovila. Ils lui avaient dit qu’il était toujours à Shawinigan. Dosithée avait cru comprendre qu’il avait été dans un camp de bûcherons durant l’hiver, puis qu’il avait travaillé comme aide-cuisinier dans un camp de draveurs. Finalement, il avait été embauché sur le chantier de construction d’une centrale électrique.
    «Vous savez, Ovila est pas écriveux, pis ce qu’il dit, c’est pas détaillé.»
    Émilie les avait remerciés. Il était clair qu’ils n’approuvaient pas le départ de leur fils, encore moins maintenant qu’ils avaient besoin de lui sur la ferme. Ovila lui avait d’abord terriblement manqué, puis, peu à peu, sa peine s’était faite moins aiguë. Une amourette. Elle avait eu une amourette. Elle aurait bien souhaité autre chose, mais elle comprenait maintenant qu’Ovila n’avait pas eu pour elle des sentiments aussi profonds que les siens.
    A Saint-Stanislas, elle avait rarement fait allusion à Ovila. Caleb lui avait demandé de ses nouvelles et Émilie l’avait vaguement renseigné. Caleb jugea qu’il n’avait pas intérêt à tourner le fer dans la plaie. Par contre, Émilie parla d’Henri Douville à maintes reprises. Caleb et Célina comprirent qu’il y avait un gendre à l’horizon. Caleb l’avait déjà rencontré à une réunion dont il avait oublié l’objet. Douville lui était apparu comme un homme cultivé. C’était peut-être ce genre d’homme qui plaisait à Émilie. Après tout, elle avait besoin d’un homme savant à ses côtés. Un cultivateur n’aurait probablement pas réussi à la satisfaire pleinement.
    Douville, comme promis, était venu voir Émilie. Elle l’avait présenté à sa famille. Personne n’avait passé de commentaire sur son strabisme. Émilie, elle, ne le remarquait même plus. Ils firent de longues promenades dans le bois. Émilie ne put s’interdire de comparer son empêtre- ment à l’aisance d’Ovila.
    Douville lui apportait toujours une petite surprise. Des mouchoirs brodés à ses initiales. Une boîte de fruits confits. Une bouteille de vrai parfum. Émilie trouvait qu’il lui faisait la cour avec beaucoup de dignité. Elle commença à se plaire en sa présence. Il lui apprenait tant de nouvelles choses. Elle châtia de plus en plus son langage. Ils passèrent de nombreuses soirées à veiller à la lueur d’un fanal, parlant de l’Europe et de Paris, que Douville avait hâte de visiter. Paris et son métropolitain. Paris et ses musées. Paris et son Histoire. Émilie s’imaginait à ses côtés, d’abord sur un pont de bateau, puis dans une cabine — petit détail auquel elle songeait comme à une fatalité — puis à Paris, dans des cathédrales et des musées. Elle ne réussissait pas très bien à imaginer le métropolitain. Un train sous terre...
    L’été tirait à sa fin. Émilie regardait la nouvelle pouliche qui tétait sa mère. Elle avait, comme l’étalon, une belle crinière blonde. Caleb l’avait baptisée «La-Tite» en souvenir de ses origines. Émilie revivait la journée qu’elle et Ovila avaient eue, il y avait tout au plus un an de cela. Et Berthe était là. Qu’est-ce que Berthe penserait de son prochain mariage avec Henri? Ah! si seulement elle avait pu parler à Berthe. Lui dire combien elle appréciait la compagnie d’Henri, même s’il ne faisait rien naître en elle comme l’avait fait Ovila. Lui dire combien il était érudit, qu’il avait de bonnes manières. Lui dire qu’il n’avait jamais connu l’atmosphère d’une maison et qu’elle s’acharnerait à lui faire rattraper le temps perdu. Lui dire qu’il voulait beaucoup d’enfants même s’il commençait sa famille un peu tard. Lui décrire comment il parlait avec aisance d’une foule de sujets. Si seulement elle avait pu parler à Berthe. Berthe aurait compris.
    L’arrivée de Douville interrompit ses pensées. Elle lui sourit et vint à sa rencontre. Il lui apportait un pot à fleurs en cristal taillé. Emilie n’avait jamais rien vu d’aussi beau. Douville mangea le repas du soir avec toute la famille, puis demanda à Caleb s’il pouvait lui parler. Emilie comprit. Caleb aussi. Les deux hommes allèrent dehors et revinrent quelques minutes plus tard. Caleb demanda à Émilie et à Célina de se joindre à eux, au salon. Il les informa que monsieur Douville

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