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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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qu’il l’aurait voulu. Dosithée lui offrit d’habiter avec eux dans la maison actuelle en attendant que la nouvelle maison soit prête. Ovila avait refusé. Il voulait porter Emilie dans «leur maison». Dosithée ne comprenait rien à l’obstination de son fils mais promit qu’il ferait tout son possible pour que son vœu se réalise.
    Afin d’éviter des problèmes à Emilie, Ovila mentionna la possibilité de reporter le mariage de quelques semaines. Emilie lui avait répondu que s’ils ne pouvaient faire autrement, elle se plierait à ce désagrément. Elle avait espoir que les travaux soient terminés à temps. A la mi-mai, elle dit à Antoinette qu’elle commencerait la confection de sa robe de nuit. Antoinette avait rougi en la voyant déplier une fine toile de lin translucide.
    «Tu vas pas faire ta robe de nuit de noces dans ça!
    —        Pourquoi pas? C’est pas mal plus de circonstance qu’un gros coton épais. Je me marie en été, Antoinette, pas en hiver.
    —        Oui, mais quand même, c’est presque transparent!
    —        Presque... De toute façon, as-tu l’impression que j’vas la garder sur moi longtemps?»
    Antoinette n’avait plus parlé. Elle avait regardé Émilie tailler sa robe. A sa grande surprise, Émilie l’avait taillée de façon à ce qu’elle ouvre à l’avant. Antoinette n’avait jamais vu ça. Emilie lui avoua s’être inspirée d’une illustration qu’elle avait vue dans une publicité. Antoinette fut encore plus surprise quand elle comprit qu’Émilie n’avait pas l’intention de poser de boutons.
    «Je pense que des p’tits rubans, six p’tits rubans qui font des belles boucles, ça va être pas mal plus beau.»
    Encore une fois, Antoinette s’était abstenue de commentaires. Elle commençait à se demander si Émilie se rendait compte de ce qu’elle faisait. Elle devint encore plus perplexe en constatant que la robe de nuit n’aurait pas de manches. Le tissu était simplement froncé à l’épaule.
    «Tu exagères pas un peu, Émilie? Pas de manches, pas de collet, pas de boutons, pas de doublure. Juste du tissu transparent avec des p’tits rubans pis de la dentelle. Tu pourras jamais remettre ça deux fois. Ça va tomber en lambeaux. »
    Émilie lui avait répondu en souriant qu’elle l’espérait bien. Antoinette avait été scandalisée de cette réponse. Au début de juin, il devint évident que la maison ne serait pas prête. Émilie écrivit à ses parents pour les aviser qu’elle rentrait pour l’été. Elle les rassura en leur disant que ce n’était pas «parce que les fiançailles avaient été annulées». Elle offrit à Antoinette de passer l’été à Saint- Stanislas. Antoinette refusa, disant qu’elle irait à Trois- Rivières chez sa mère, qu’elle n’avait pas revue depuis au moins cinq ans. Les deux amies étaient chagrines. Cette année scolaire avait été, grâce à Antoinette, la plus agréable qu’Émilie eût connue. Antoinette, pour sa part, n’avait jamais été aussi heureuse.
    Ovila les visita tous les jours. Maintenant que les fiançailles étaient connues de tous, le village se montrait tolérant.
    Émilie et Antoinette préparaient les élèves à la visite de l’inspecteur. Antoinette n’avait jamais rencontré Henri. Émilie le lui avait décrit aussi fidèlement que possible. Antoinette avait fait la moue.
    «Le pauvre a pas l’air bien emmanché.
    —        Détrompe-toi. Il est pas joli, mais c’est un homme bien spécial.
    —        Comment ça se fait que tu sais ça, toi?
    —        Voyons, Antoinette, je le connais depuis 96.»
    Elle avait clos le sujet beaucoup trop glissant à son goût et souhaita plus que jamais la discrétion d’Henri.
    Il arriva un peu plus tôt que d’habitude, ce qui permit à Émilie de présenter Antoinette et de lui offrir un verre d’eau. Ils montèrent à l’étage et Antoinette, au grand étonnement d’Émilie, s’était subitement animée. Henri, pour sa part, sembla la trouver intéressante. Émilie lui demanda donc s’il lui plairait de rester après la classe et souper avec elles. Henri accepta. Antoinette passa l’après-midi à nettoyer l’étage et à faire disparaître toute trace des travaux de couture : bouts de fil, petits morceaux de tissu, surtout les retailles de la robe de nuit. Elle commença très tôt à faire mijoter le souper, espérant ainsi mettre Henri en appétit. Sa mère, avant

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