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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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que son père ne meure et qu’elle ne soit forcée de la quitter, lui avait appris qu’un homme bien nourri allait rarement chercher ailleurs une autre sorte de nourriture. Antoinette pensait à ce qu’Émilie lui avait dit d’Henri. Elle trouvait que son amie avait un peu exagéré l’importance de son strabisme et l’ampleur de son maniérisme.
    Les enfants quittèrent l’école très tôt, comme il était coutume. Henri et Émilie montèrent à l’étage.
    «Mademoiselle Antoinette, Émilie me disait à l’instant que vous l’aviez beaucoup aidée avec le groupe des petits.
    —        Beaucoup... beaucoup, faudrait pas exagérer. Disons que j’ai fait mon possible pour aider Émilie à faire tout le travail. Je sais pas si vous avez remarqué, monsieur Douville, mais Émilie a la plus grosse classe de tout le canton. Mais la construction du nouveau couvent avance pas mal vite. Avec un peu de chance, les sœurs vont être capables de recommencer leurs classes cette année.
    Tout en parlant, elle brassait le contenu du chaudron, ramassait une traînerie qui n’en n’était pas une pour la remettre à la place exacte où elle l’avait prise, revenait au poêle et demandait sans cesse à monsieur Douville s’il avait besoin de quelque chose. Elle remplissait son verre d’eau dès qu’il y trempait ses lèvres.
    Émilie s’amusait. Jamais elle n’avait vu Antoinette s’épivarder de la sorte. Enfin, le couvert fut dressé et ils passèrent à table.
    «C’est délicieux, mademoiselle Antoinette.
    Oh! mon Dieu, c’est rien de compliqué. Juste une vieille recette de bouilli de volaille de ma grand-mère.
    —        Oui, peut-être, mais il a un petit quelque chose de spécial.
    —        Ça pourrait être le fait que j’ai mis des os à moelle. Ça change pas mal le goût d’un bouilli.
    —        Ou c’est cela, ou c’est votre touche personnelle», renchérit Henri.
    Émilie ne voulait pas priver Antoinette de son plaisir évident d’être avec Douville. Elle se cherchait une raison de sortir mais n’en trouva aucune. Elle offrit donc à Antoinette d’aller montrer à monsieur Douville combien la vue était belle du haut de la montée des Pointes.
    «Montre-lui la place où on a eu notre première chicane, Antoinette. »
    Heureusement, se dit-elle, elle n’avait jamais parlé à Douville de l’histoire de la robe bleu pâle. Antoinette demanda à Douville s’il était intéressé d’aller admirer le site. Henri répondit qu’il n’attendait que cela depuis des années. Émilie rit sous cape.
    «Prends tout ton temps, Antoinette, j’vas faire la vaisselle.»
    Ovila arriva à l’improviste. Émilie était encore seule et rangeait les derniers chaudrons.
    «Qu’est-ce qui se passe? Antoinette est pas là?
    —        Imagine-toi donc qu’est partie faire une promenade avec Henri Douville.
    —        L’inspecteur? Je me suis toujours demandé quel genre de femme attirait un homme de même. J’ai ma réponse. »Emilie ne releva pas cette phrase. Elle demanda plutôt à Ovila où en étaient rendus les travaux, question qu’elle lui posait chaque jour.
    «On est toujours en dedans. C’est le plus long. La p’tite finition ça prend un temps de fou, pis je serais mal à l'aise de dire à mes parents de rentrer dans la maison si la maison était pas finie à la perfection. »
    Émilie répondit qu’il avait bien raison, même si, en son for intérieur, elle n’en pouvait plus d’attendre que soit fixée la nouvelle date du mariage. Elle se rapprocha et lui chuchota à l’oreille qu’elle avait hâte. Ovila lui flatta la nuque, du bas vers le haut. Il le savait, elle aimait toujours ce geste.
    Henri et Antoinette rentrèrent. Henri était d’une affabilité exemplaire. Antoinette était rouge de plaisir et d’essoufflement. Henri avait accepté de «veiller un peu» comme il lui avait été offert. Antoinette lui présenta Ovila sans attendre.
    «Henri, j’imagine que vous reconnaissez Ovila Pronovost. C’est un des anciens élèves d’Émilie. C’est aussi son fiancé. »
    À ces mots, la main d’Henri serra un peu plus fort celle qu’Ovila lui avait tendue.
    «Comme c’est romantique. Vous allez vous marier avec votre ancienne institutrice.
    —        Je sais pas si c’est romantique, mais nous autres ça fait longtemps qu’on sait qu’on est faits pour aller ensemble.
    —        Ah! vraiment, comme c’est

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